Encore des mots...
Les mots étaient là, sur la table de travail, rangés en rang serrés comme pour la parade. Ils regardaiant Jacques atterrés. "Utilisez nous !" dit le plus malin d'entre eux, un mot d'esprit. " Nous sommes là depuis quelques jours sans utilité. Vous nous avez habitué à sortir, à nous présenter, à être utiles. Et nous souffrons de ce silence."
Jacques leur répondit. "Désolé, j'aime à vous montrer, à vous organiser, à vous mettre en forme, à vous structurer. Mais il faut pour cela qu'il y ait un sens, une envie, un besoin. Le monde aujourd'hui m'attriste au point que je n'ai pas envie d'en parler. Dans mon pays le hommes s'agitent autour de sombres histoires où c'est la bassesse qui domine. La bassesse des actes qu'on analyse à l'infini, la bassesse des "amis" qui viennent dire pendant des heures et des heures que "surtout, ils ne veulent pas en parler", la veulerie des "faux amis" qui déjà abandonnent l'homme à son sort, la joie méprisable des ennemis ou des concurrents qui ne voient dans l'homme à terre que l'occasion de se pousser en avant. Et la tristesse aussi. La tristesse des êtres blessés par la violence des autres, de ceux qui n'ont pas choisis. Non désolé, j'ai trop de mal"
Alors sortirent du rang les "grandes gueules" , les bravâches, ceux qui sont les premiers dans ce genre de moments. "Alors utilise-nous !; nous sommes faits pour ça. Pour les moments où l'homme est ce qu'il y a de pire." Jacques les chassa d'une grosse claque et les cacha sous un gros dictionnaire, un recueil solide des mots qui donnent un sens à la vie.
Puis vinrent les mots doux. Ils osaient à peine avancer. Tous timides, tous rouges de confusion. "Nous tu peux te servir de nous, c'est le bonheur que nous apportons. Parfois au moment où on s'y attend le moins. Tu nous utiises pour des êtres que tu aimes et que tu veux aimer encore davantage."
"Ce n'est pas votre tour non plus, répondit-il, vous êtes de ma sphére privée. Il y a autour de vous comme un voile de pudeur que je ne peux lever sans vous faire de tort.".
Beaucoup d'autres mots se manifestèrent et il serait trop long de les énumérer. Chacun y allait de son couplet. Tous étaient rejetés. La communauté des mots était dans la tristesse.
Alors, dans une chambre de la petite maison, on entendit le pleur d'un enfant. Ce n'était même pas un mot. C'était juste un cri, une manifestation. Ca voulait dire : "Je suis reveillée. Je sais que ce n'est pas encore l'heure. Mais je tenais à vous le dire...des fois que vous auriez envie d'avancer mon repas". Ca venait d'un petit être tout neuf,une petite Tiphaine, qui découvre le monde de ses grands yeux encore tous bleus et surtout tous neufs.
Cet appel réveilla Jacques. Il lui rappella que si l'homme pouvait être si veule, il savait être grand...quand il se souvient qu'il a été un enfant, un de ces bébés qui savent que leur salut et leur bonheur réside dans les autres. Il n'avait plus trop le temps d'écrire une histoire, une vraie. Alors il allait partager ses doutes...avec ses mots.
Bonne journée.
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