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et pourquoi ne pas le dire ?
19 juin 2011

"Père"

Ce jour là Jacques vivait un bien curieux mystère : il était devenu père. L'origine était confondue dans des gestes d'amours répetés et partagés. La suite avait été pour lui plus mystèrieuse. Cette vie qui lui appartenait aussi et qui grandissait dans un corps qu'il aimait. Cette vie qui lui échappait, dont il ne pouvait recueillir que quelques coups impatients au travers d'un autre corps. Des coups qui semblaient dire : "Vite ! que je sorte ! Je suis très bien au sein de ce corps, mais j'ai très envie de vous connaître." Il lui fallait partager l'attente sans la ressentir vraiment.

Puis ce fut le moment. Une dernière nuit d'attente et même d'angoisse. Un appel dans la nuit. Une préparation rapide. Le travail, la souffrance d'un être qu'on aime pour un autre être qu'on aimera et qu'on aime déjà sans le connaître. Des bras qu'on serre. Un souffle qui s'accélère. Une tête qui pointe, puis un corps tout entier qui dans l'instant a déjà pris sa place dans le monde. Un grand soulagement. Une grande émotion. Une envie que chacun connaisse le bonheur que l'on ressent en cet instant.

Enfin l'égalité. Le partage de cette belle tâche d'éduquer et d'aider à grandir. Bien sûr le contact est privilégié pour cette maman qui, après sa chaleur et son corps, va lui donner sa nourriture et la plupart des soins. Elle va partager bien plus d'instants, de sourires, de larmes et d'émotions. Le temps est compté pour les pères qui les relie à leurs enfants. Chaque année son rôle s'affirmera, le lien du corps s'estompera et celui de l'esprit grandira. Elle et lui vivront alors ensemble cette complicité de l'éducation. Ils partageront tentatives, échecs et réussites.

Il fallut attendre ce moment pour que Jacques comprenne ce qu'il avait reçu de son propre père et la chance qu'il avait eu de recevoir tant d'un père qui, lui même, avait du réinventer et retrouver seul les trésors à transmettre aux siens. Il mesura alors tout ce qu'il lui devait.

Le mot lui vint alors tout de suite à l'esprit. Ce mot était "Re-connaissance". Il apprenait à nouveau à connaître son père et brulait d'envie de lui manifester sa reconnaissance.

Le père de Jacques n'aimait pas trop que l'on fêtât les pères. Il n'aimait d'ailleurs pas les fêtes. Le lien lui manquait. Le souvenir était celui de l'absence. Et pourtant pour la première fêtes des pères qui suivrait Jacques sentirait avec lui une vraie connivence.

Quelque part dans la maison qui dort, des têtes bien faites rêvent peut-être à lui comme père et si ce n'est plus l'heure des poêmes inventés ou des cadeaux d'enfants il sent dèjà que les siens aujourd'hui l'aimeront d'une façon un peu particulière.

Il sait, bien sûr, que pour d'autres cette fête est peut-être souffrance. Il compatit, mais ne peut retenir la force de la joie qui le remplit en l'instant.

Que cela est bon !

Je vous souhaite un bon dimanche et aux autres pères qui me liront, mes compères, je souhaite une très bonne fête des pères.

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Commentaires
*
J'aime beaucoup lorsque les hommes prennent la parole pour parler de CELA: le lien aux enfants, à la parentalité, à l'amour filial. Merci!
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A
Ce sont encore les mères qui parlent des pères ! ... Alors, quand un père s'exprime, c'est en silence que j'écoute ce qu'il a à dire de cet état si particulier. C'est émouvant.
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I
C'est émouvant de lire le ressenti profond d'un père ! Merci Jacques !
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H
En vieillissant , je ressens cette tendresse du père, que cela soit celle de mon mari envers les nôtres ou celle de mon père. <br /> Bonne fête Jacques !
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S
Encore un beau texte que je découvre ce soir. Mon papa était un peu loin, j'ai pensé à lui. Merci à tous les papas de prendre leur place et aux mamans de leur laisser de l'espace...A bientôt.
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et pourquoi ne pas le dire ?
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