Mon cher cousin de Bergerac,
Si tu savais comme tu nous manques depuis que tu nous a quitté. Tout de toi nous manque . Tes mots bien sûr, ton savoir, tes coups de gueules et tes coups de poings, ton courage et ta tendresse.
Lorsque tu étais là, tu ne t'en apercevais pas tant tu étais occupé à écrire en secret pour celle que tu aimais et qui s'en aperçut trop tard. Nous admirions ton savoir, tes écrits, ton pouvoir et ta force. Nous passions des heures à la salle d'armes pour tenter de manier aussi bien l'épée que toi. Nous te suivions en secret lorsque tu partais regarder le ciel et parler aux étoiles. Nous aimions tes écrits. Nous aimions ta rudesse. Nous aimions ta sagesse aussi. Nous rêvions d'être comme toi capable de faire taire les sots par un seul bon mot et les autres par quelques coups d'épée bien ajustés aussi.
Nous aimions ta région rude et belle à la fois et tes bandes de cadets de Gascogne aux parlers si chantants, si roulants, si rocailleux aussi, parfois un peu envahissants.
Depuis que tu es parti, tout semble médiocre dans notre beau pays. Ceux qui nous gouvernent ressemblent plus à des boutiquiers qu'à des chefs de guerre. Et ceux qui prétendent les remplacer ont des audaces d'apothicaires.
Heureusement pour nous, s'il ne nous reste plus les combats pour briller il nous reste les femmes pour tenter de mériter leur attention. Elles restent l'objet de notre incompréhension autant que de notre admiration. Elles continuent à se jouer de nous, à nous guider comme elles le désirent. Et nous on continue à se morfondre pour elles.On aimerait savoir leur parler comme tu savais leur parler et leur écrire comme seul tu savais le faire. Et lorsqu'on est à côté d'elles, on a tous l'impression d'avoir ton nez.
Ne me demande surtout pas de te dire ce que je pense de ton nez, je crains trop la force de ta réponse. Je te rappelle simplement une phrase qu'un jour tu m'avais dite en sortant de l'auberge après un repas bien arrosé.
A l'endroit où tu es tout doit te sembler bien plus simple et tu dois te dire que tu as raté quelques belles occasions. Fais en sorte de la-haut que pour nous ce soit plus simple.
En attendant je te promets de te donner plus souvent des nouvelles.
Je t'embrasse,
Ton cousin.