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et pourquoi ne pas le dire ?
29 novembre 2011

Cheminée. Cheminer ?

Et le salon, le grand salon, semble vide avec son trou dans le plafond. Ancienne écurie, il a en quelques mois trouvé ses lettres de noblesses. Le plafond de bois et de plâtre posés sur de grosses poutres rondes garde ses allures un peu rustiques. Un carrelage de terre cuite, sobre vient ajouter à l'endroit un mélange subtil de simplicité et d'élégance. On a ouvert une belle fenêtre, on l'a entourée de belles pierres de taille, de cette belle pierre d'une carrière voisine sombre, profonde et un peu trop fragile.

Mais il y a ce trou au plafond, cet appel du ciel. Il manque ce lien entre le ciel et la terre. Il manque un trait d'union.

Il est là, dehors, deux grosses palettes. Neuf gros blocs de pierre, fraîchement taillés. Ils vont prendre leurs places pour quelques siècles encore. Ils seront le centre du feu de la maison. A Noël, ils entoureront les premières flambées...et eux, les parents, les enfants, les grands parents, les amis. Et feu après feu ils aideront à l'âme de cette belle demeure.

Un homme les livra. Trop ancien pour encore tailler les pierres comme le fils et le petit fils, c'est lui qui conduit le camion. Son âge, on n'ose pas le lui demander. Mais on parle. On le complimente de ce beau camion. On lu fait dire sa vie, d'où il vient. De ce beau village habité un temps par le gouverneur général de la Patagonie. Un village qui a connu son heure de gloire avec ce romancier habité de rêves. La crise ? il en entendu parler. Mais il a connu la guerre et la pauvreté et le temps "où les plus riches d'alors étaient plus pauvres que les plus pauvres d'aujourd'hui". Il a confiance en l'homme, en son pays aussi, peut-être. Il parle de ses pierres, de ses outils, des riches étrangers de la région qui, appauvris de justement cette crise, regagnent leurs pays, revendent leurs belles maisons qui ,elles, resteront là. Il parle des machines, de la carrière, de l'eau, du soin qu'il faut dans ce métier.

Puis il s'en va et laisse là neuf gros blocs de pierre qu'un homme seul, fut-il fort, peut à peine bouger.

De la palette, les pierres rentreront dans la maison. Puis une à une elles prennent place. Elles s'ajustent parfaitement mais il faut être rigoureux, ne pas se permettre le moindre écart. Chacune aura sa place mais tout doit être parfait.

Et c'est le premier soir. Et les pierres sont montées. Puis viennent se mettre les belles briques rouges et or. Demain viendra la hotte, le conduit vers le ciel et ce se sera l'attente, le séchage et puis les premiers feux et puis le bonheur.

Et l'homme remercie le ciel de ce travail toujours si dur et de ces gestes parfois difficiles qui donnent un sens aux choses et qui feront de quelques morceaux de bois un chemin vers le ciel. Il se réjouit de l'étrange destinée qui l'a conduit là. Qui aurait pensé ? Pourtant ce soir il a le sentiment d'une profonde satisfaction, celle d'avoir été, aujourd'hui, nécessaire à ce chemin de ciel.

Et on voudrait que l'on soit triste !

Bonne nuit à vous qui avez pris la peine de lire ces quelques phrases d'un homme dont l'autosatisfaction  devrait être honteuse mais qu'il n'arrive pas à regretter.

Bonne nuit amis lecteurs

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Commentaires
H
La passion , c'est un beau moteur.<br /> Vous apportez la chaleur aux foyers, une belle mission !
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L
Comme Célestine, le personnage évoqué par le tailleur de pierres m'a intriguée : mais ce ne peut être qu'un Français ?<br /> Puisqu'il s'agit de Patagonie, je propose Orélie-Antoine de Tounens bien que Tourtoirac soit loin de Marseille. <br /> Si je me suis fourvoyée, je chercherai à nouveau.<br /> Bonne journée.
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C
Il est noble et beau, votre travail... Et avoir la satisfaction du travail accompli jour après jour est, me semble-t-il, un sentiment perdu pour la majorité des gens...
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S
Joli travail, pourquoi se sentir honteux de nous en faire profiter? Je comprends ce sentiment qui me prend aussi quand, de ma machine à coudre sort un bel objet, qui m'a donné du mal. Beaucoup ne se rendent pas compte du petit morceaux d'âme que l'on met dans chaque objet façonné, les choses ont perdues leur part d'humanité...Pourtant dans chaque objet il reste un peu de l'humain qui l'a abouti, petite chinoise devant sa machine...Merci pour ce chemin vers cette cheminée qui éclairera mes travaux d'aiguilles aussi "honorables" que nos "ébulitions" cérébrales!A bientôt.
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M
Il n'y a pas de honte à être satisfait d'avoir accompli une si belle tâche que celle d'avoir amener la douce chaleur de l'âtre au sein d'un foyer où bientôt résonneront les rires des enfants .Belle journée :-) le week-end arrive à petits pas et j'ai entendu dire que la neige n'est pas loin non plus ...
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et pourquoi ne pas le dire ?
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