Et le travail s'est arrêté.
La maison attendait. Elle réservait une mauvaise surprise. Les canalisations gelées. Plus d'eau dans les tuyaux. Pourtant elle était belle cette campagne sous un trop fort mistral. Un ciel dégagé à l'infini. Tous les petits cours d'eau, les roubines, les canaux gelés. Les arbres qui s'agitent en craquant. Pas un cri d'animal, ni d'oiseaux. On les imagine terrés à se protéger du froid. Les hommes semblent aussi avancer en pesant chacun de leurs mouvements. Pourtant ce n'est pas le froid si fort des autres régions.
Pas d'eau.... Pas de plâtre. Ni aucun autre matériaux. Il fallu bien repartir. Refaire ne sens inverse le chemin du froid. Arriver dans une maison déjà refroidie. Ne pas travailler. Ce n'est pas le repos. Ce ne sont pas les vacances. C'est l'absence de travail. L'absence aussi de revenu. L'homme était un peu triste et comme abattu.
Heureusement rien n'est jamais triste sous le ciel de Provence. Dès l'arrivée ce sont les animaux trop contents de retrouver la maison ré-ouverte qui lui firent la fête. Puis ce fut le feu ranimé dans la cheminée. Puis ce fut le livre, le travail de l'esprit. Puis ce fut la lecture de quelques belles pages. Puis deux petits films de deux petites princesses qui au même moment goûtent la chaleur des plages. Puis un peu de courrier. Puis le livre à nouveau. La tête qui se remplit de rêve. Le travail n'est pas la aujourd'hui....au diable le travail !
Vite se renseigner sue le froid des autres. Vite se réjouir qu'ils en triomphent tous. Repenser à ma petite dame du banc et apprendre qu'à Marseille il fait quand même moins froid....mais pourvu qu'elle ne souffre pas.
Puis ce fut le retour de ceux qu'on aime. Puis la maison qui revit. Le travail...il reviendra bien assez tôt. Et avec lui le bien. Pourquoi craindre demain quand aujourd'hui se passe ? Puis le repas. Puis l'autour du feu...ensemble. Demain sera demain. Demain sera encore froid mais on aura trouvé mille autres choses à faire, des moins urgentes, des délaissées, des essentielles aussi mais oubliées. Et le temps aura montré qu'il est encore le maître. Fini l'orgueil insensé de ces petits hommes qui croient maîtriser l'univers et qui ne sont pas capable de modifier d'un centième de degré le thermomètre.
On n'entend pas aujourd'hui de parler ni de crise, ni d'éléctions. On parle du temps, du ciel, du froid. Comme autrefois quand les hommes ne se croyaient pas si importants.
Demain ! Demain aller chercher dans un de ces bons auteurs les quelques mots qui manquent encore pour que l'aujourd'hui trop froid soit oublié.
Et puis je lis et je relis les petits mots qui accompagnent mes pauvres lignes jour après jour. Je devrais dire que je savoure, cette amitié, cette tendresse même de ce monde d'amitiés nouvelles qui se construit et qui rejette bien loin les quelques degrés qui me manquent.
Je vous souhaite à tous une très bonne nuit et si vous m'apercevez derrière le halo de buée qui m'entoure, vous verrez que je vous embrasse.