Samedi de Pâques
C'est très tôt dans la nuit qu'il s'était réveillé pour la première fois. Un curieux réveil : la journée, fatigante, avait cependant été une journée particulière. Il avait conservé cette douce habitude du jeûne du Vendredi Saint. Une habitude conservée de l'enfance et renforcée par une foi qui lui semblait parfois étrange mais qui s'affirmait chaque année davantage. Il faudra qu'il en parle un jour de ce mouvement, de cet élan. Mais ce billet aujourd'hui s'imposait plus par ce réveil revenu à quatre heures et qui serait le dernier : il savait qu'il ne se rendormirait pas. Trois jours qui rassembleraient presque tous ses enfants autour d'eux. Trois jours rythmés par de belles cérémonies parfois un peu mystérieuses pour certains.
Trois jours charnières dans ce triple cycle annuel : le cycle des hommes et de l'année civile qui jouait beaucoup plus quand son travail était dans l'entreprise : des budgets, des comptes, des hypothèses, des résultats. Puis le cycle des enfants et de l'école, des petites et des grandes vacances, de septembre à juillet : Un cycle qu'il aimait bien : de la nature qui s'endort à la nature qui éclate. Et puis enfin cette année religieuse qu'il avait peu connue dans sa petite enfance, qu'il avait découvert plutôt au début de l'adolescence, puis reperdue, puis retrouvée avec délices, avec amour au son des orgues (ceux qui aiment partager masculins singuliers et féminins pluriels comprendront). Année ryhmée par Noël et ses joies enfantines et Pâques et ce mélange subtil de tristesse et de joie qui convenait aussi très fort à une explosion de sentiments opposés qui faisaient vivre le coeur à un ryhme qu'il aimait.
Trois jours où le travail serait présent encore mais pour soi, pour sa maison, pour les siens pour donner un sens et un rythme à la vie familiale. Trois jours où la joie et le bonheur des retrouvailles donneraient des sons et des couleurs bien particulières à une nature entre pluie et soleil, trois jours et des amis auss. Et trois jours qui commencent dans l'écriture et le bonheur de partager quelques émotions et quelques mots.
Il est dans le bonheur d'écrire et de lire des temps bien inégaux. Le temps où tout semble facile, où les idées jaillissent et où les mots viennent très vite leur donner une image, une couleur, une saveur. Le temps où l'idée est rare, ou plutôt fuyante, où le mot ne veut pas venir lui donner de nom, où on s'astreint besogneux à une sorte de routine, où on se dit qu'il le faut, qu'écrire est nécessaire, comme dormir ou respirer. C'était plutôt le cas en ce moment. C'est peut-être ce rythme qui donne encore plus de saveur aux phrases qui se succèdent, aux sentiments qui s'échangent.
On commencera donc ces trois jours par un peu d'écriture dans la maison qui dort encore; Puis la lecture en attendant que la maison prenne vie. Puis le petit déjeuner des autres animera le matin qui commence. Et les tâches s'enchaîneront. A nouveau le repos. Mille choses prévues ou surtout imprévues dans lesquels amis lecteurs vous avez toute votre place.
Terminer en vous souhaitant à tous une grande fête de Pâques. Si vous partagez cette croyance vous le comprendrez mieux et si vous ne la partagez pas je suis sûr que vous aimerez tout simplement la douceur de ce temps. Que ces trois jours soient pour vous de bonheur et de paix et de repos aussi.