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et pourquoi ne pas le dire ?
7 mai 2012

Elections : quelques images

Une période d'agitation, pas trop longue, heureusement ! Des hommes et des femmes qui s'invectivent. Dans la sphère politique chacun guette l'autre quand il sent le changement. Le courtisan se place, le renégat cherche déjà comment justifier son changement de camp. Un seul meeting, des arguments d'épiciers, de comptables, des chiffres qu'on se renvoie, pitoyable politique sans idées et sans idéaux. On se bat pour des pourcentages.

Heureusement, il y a la dimension du village. Une première image : une petite vieille dame fraîche et pimpante s'avance vers le bureau. Toute bien coiffée, légèrement maquillée, vétue avec ces décalages de modes que permet le grand âge. Chacun la salue. Beaucoup la connaissent de son nom, ou mieux de son prénom. Il  est 9 heures du matin. Une heure creuse pour les bureaux de vote. Les plus occupés, qui voulaient ne pas perdre leur journée d'activités, étaient la dès 8 heures. Les autres viendronnt aux heures douces où on est sûr de tomber sur quelque ami, quelque occasion de discussion, quelque opportunité de bavardage. Je la suis dans la file qui mène aux urnes. Devant le bureau, l'homme lui dit quelque chose que je n'entends pas. Elle s'rrête, semble hésiter à le reconnaître et puis, (l'a t-elle vraiment reconnue ou veut-elle seulement ne pas le décevoir?) elle le regarde et l'embrasse. Et on entend une belle voix, douce, bien assurée encore, mais émue aussi, dire à cet homme dans la force de l'âge :"Mais bien sûr que je te reconnais. Tu ne m'en voudras pas mais, la dernière fois que je t'ai vu, tu étais encore adolescent.". L'homme est plus touché qu'il ne veut bien en avoir l'air. Et dans mon village de Provence où les accents chantent si bien sans les outrances que les étrangers se croient obligés de leur donner, tout le monde commente. L'homme en face de moi me dit : "Elle a quatre-vingt-treize ans. Elle lit encore sans lunettes.". Je vote à mon tour et je suis la femme à la sortie du bureau. Une autre rencontre. "Vous venez de voter." "Oh, tu sais répond-elle à l'homme qu'elle embrasse aussi. Depuis soixante dix ans, je vote.... alors !..."

Une jeunesse dans la guerre. Une enfance dans le souvenir des morts d'une autre guerre. Et puis tous ces évènements depuis. Des peurs. Des espoirs. Des angoisses même. Des déceptions souvent. Et cette douce sagesse de l'avance vers la mort en mesurant de mieux en mieux le vrai poids des choses...et des mots..et de la politique.

Et puis il y a le soir, le dépouillement. Ici au centre du village, chacun passe, souvent à pied ou à vélo, y faire un tour. Beaucoup se connaissent comme on connait ceux auprès de qui on a grandi. Je ne suis pas de ceux-là. Je me contente d'écouter, de voir, de savourer en restant à ma place, tout heureux du salut ou du petit mot qu'on m'adresse pour me monter qu'on sait aussi accueillir celui qu'on croise souvent, qu'on salue  et dont on se souvient du visage.

Autour des tables de dépuillement, il y a ceux que j'aime : les petites gens. Pas ceux qui clament à tort ou à travers qu'ils le sont...mais ceux qui le sont... vraiment. Assis à quatre par table, ils comptent religieusement les bulletins. Un rituel immuable. La conscience de faire quelque chose de très utile. Parfois, le goût des chiffres et des comptes n'est pas au rendez-vous et on a du mal à ne pas se tromper avec tous ces nombres. Pas un mot, pas un commentaire déplacé. Parfois seulement quelques sourires devant les bulletins sacrifiés, les "nuls" à plaisanterie, a dessin, a dessein transformés sachant leur destin de nullité obligée. Les résultats rassemblés on regroupe là les autres bureaux. On annonce le résultat. Chacun retourne à sa vie. Pas trop d'exclamations, ni de joie, ni de tristesse. Chacun connait ici depuis le temps la couleur politique de l'autre mais le respecte et le fréquente. Les seules éléctions qui ont ici une autre couleur, une autre vie sont les municipales...mias ce n'est pas aujourd'hui.

Ce mois d'avril qui s'est terminé en froidure et en pluie en a surpris plus d'un. Et il y a eu ces ponts, ces pauses imposées dans le travail. Ces chantiers hachés. Celui qui travaille pour lui et qu'on paie à la tâche n'aime pas trop ce mois de mai. Il y a heureusement les siens que l'on retrouve, le bonheur d'être ensemble. On commence à sentir l'été et les pluies ont fait exploser dans l'ordre, les tulipes, le lilas et maintenant les roses. Le soir s'installe pour longtemps.

Il y a eu aussi cette histoire écrite pour les deux princesses de l'autre côté des mers. Il a fallu du temps pour trouver le calme, l'idée, le courage et puis la chance d'une insomnie et l'histoire est venue et le bonheur d'un doux devoir accompli et de la certitude de bonheurs en retours. Il y a eu aussi ce premier gâteau réalisé. Un brownie aux amandes et aux cacahuètes. Je n'en avais jamais fait de ma vie. Un vrai bonheur que de savoir faire une nouvelle chose et de redevenir ainsi un petit garçon emerveillé de cette magie de la cuisine. Il y a enfin ce nouveau chantier qui commence et qui méritera à lui seul ses histoires. Retour dans une autre maison magique: promis je raconterai.

Et je sais mon cher blog que je n'ai pas été très fidèle. Il faudrait vraiment que je te mette plus en avant dans la liste de mes priorités, comme ce matin où je tarde à me mettre en route pour le travail. Ne m'en veuillez pas, mes amis, de ce trop long silence.J'ai aimé vos relances et parfois même vos inquiétudes. Je trouvais d'ailleurs un peu lent le rythme général des autres blogs amis. Trop de politique, pas assez de vie. Des décéptions parfois qui font que, sans rien dire, on attend assis au pieds de l'autre ce moment où on verra qu'il a trouvé en lui-même cette énergie qui l'aura ranimé. Mais tout se remet en place et l'envie d'écrire est là qui me revient.

Ami lecteur, il ne faut pas m'en vouloir. Je te remercie de ta fidélité et je te souhaite la meilleure des journées. Je pars  au travail...il faut vite te quitter. Je t'embrasse.

 

 

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Commentaires
Z
Cher Jacques, je ne vous suis guère dans votre détachement à l'égard du politique, renvoyant dos à dos chacun. Pourtant toutes les couleurs ne sont pas respirables et respectables. Le politique, c'est la vie de la cité, à tous les niveaux. Chaque choix qui engage la communauté (si petite soit-eelle, le quartier, le village), engage un choix de valeurs. Il y a un temps pour tout, en effet, mais je ne crois pas que l'indifférence soit la meilleure sagesse dans un contexte aussi inquiétant que l'actuel. Et ensuite, je crois qu'il faut un certain courage pour saisir la tribune, le courage n'appartient pas qu'aux "petites gens", le manichéisme me semble être un désaveu de la pensée juste.<br /> <br /> Je vous souhaite une douce journée
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H
La politique n' a rien de poétique , mais ici : presque !
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H
Heureusement qu'il se trouve encore des personnes comme vous pour remettre les choses en perspective. Nous avons vu et lu tellement d'outrances, d'insultes et de bêtises de part et d'autre que c'était à désespérer de l'humanité.<br /> <br /> Alors, après ces sages considérations, avoir le plaisir d'un billet, c'est comme un dessert cuisiné maison, c'est encore meilleur !
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M
Me voilà rassuré :-) j'aime aussi la petite dame fraîche et pimpante ,votre récit donne une autre image des élections somme toute parfois trop barbante .Profitez bien de votre belle Provence !! <br /> <br /> @ bientôt !!
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C
Je les connais trop bien, ces mots qui ne viennent pas lorsqu'on les convoque et ce temps qui file, qui file... Mais il y a la vie et les pensées amicales qui vont vers chacun... Bonne journée à vous!
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et pourquoi ne pas le dire ?
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