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et pourquoi ne pas le dire ?
13 mai 2012

Le mois de mai...

...avançait doucement. Le soleil tardait à venir à son rendez-vous. C'était partout l'incertitude. Son travail avançait. Les choses prenaient forme et quelques murs oubliés (un simple débarras) se transformaient sous ses mains en un bureau, en un refuge. Et puis il y avait eu cette pause. La médiocrité à la place de... la médiocrité. Médiocrité d'une fausse gauche contre la médiocrité d'une fausse droite. Les gouvernants reprenaient leurs places... et les bouffons s'essayaient à de nouveaux noms, à de nouveaux visages. Il eut pu en sourire si ce n'était pas si grave. Lui, il voulait des hommes qui gouvernent avec des idées, avec des volontés, avec des générosités. Il ne voulait pas entendre parler de  droits, de  peurs, de groupes de pensées qui s'imposent, de  refus de voir. Il voulait que la justice soit celle à laquelle il croyait, celle qui se rappelle des petits, des humbles, des modestes, des silencieux. Il ne croyait pas aux rodomontades de ces Tartarins de trois sous qui bien à l'abri de leurs confortables prébendes, se disent parler au nom du peuple. Il ne craignait rien plus que l'hypocrisie de ces gens élevés pour le pouvoir qui naviguaient toujours dans le sens du vent. Alors il rejoignait ses amis, les petits, les sans-grades, les grognards, les dévoués. Il savait que ces petits de l'âme étaient partout que ce n'était pas la fortune, ni la naissance, ni l'appartenance à une classe qui décidaient de ça, mais plutôt  le choix de la vie, le choix qu'on fait d'aimer son prochain, qu'il fut grand ou petit, qu'il fut ou nom d'une classe mais bien simplement parce qu'il était son prochain. Il n'aimait pas ces matadors, qui partaient au "combat" en roulant des épaules et qui se jouaient de ce peuplle qu'ils disaient servir. Il aimait encore moins les hommes qui montaient les uns contre les autres. Son parti n'existait pas...sa foi, oui.

Alors quand on lui reprochait son silence, il regardait sur son bureau les mots qui étaient là. Parmi eux, certains en ce moment étaient trop dépités. Ils étaient des mots parmi les plus beaux mais on les avait tant grimés, on les avait si souvent travestis pendant ces dernières semaines, qu'ils avaient l'air triste des vieux ârtistes de cabarets, qui savaient qu'ils faisaient rire, parfois rêver mais que passé la porte on les oubliait à leurs tistes destins. Ils étaient les mots qui faisaient rêver les hommes. Ils étaient les meilleurs pour les berner. Il haissait les menteurs professionnels, les Don Juan de pacotille, les "rouleurs de mécaniques", les suborneurs qui se servaient ainsi de ses meilleurs amis. Il était content de voir qu'ils étaient revenus, même blessés, même meurtris, sur sa table de travail. Ils voulaient qu'on les rendit à leur vrai usage. Ils voulaient servir les hommes et non pas servir à les tromper. Ils venaient vers lui comme vers d'autres pour demander de l'aide, pour demander de servir. "Servir", peut-être le plus beau mot qui ne fut jamais inventé.

Alors l'homme il sortit de sa maison, fit quelques pas dans le village encore endormi. Derrière chaque porte fermée, derrière chaque volet clos, il y avait quelques uns des santons qu'il aimait à décrire et même ceux qu'il ne décrivait pas tant ils étaient anodins. Ils dormaient. ils rêvaient. Ils reposaient leur corps fatigués du travail du jour. Parfois, le sommeil ne leur servait qu'à oublier un moment de tristesse. Pour d'autres la griserie de l'amour troublait leur repos. Ils étaient là. Ils étaient vrais. Ce n'était pas des idées... mais des réalités. Chaque maison portait en elle les couches des civilisations qui s'étaient succédées à ce même endroit depuis plus de mille ans. Chaque génération avait ajouté sa marque, certains étaient nés là, d'autres venus d'ailleurs. Ça ne s'était pas passé sans heurt, sans violence. Certaines greffes n'avaient pas pris. Mais la sagesse des temps, la force de la terre en avait fait un peuple. Parfois des hommes étaient venus les agiter les uns contre les autres causant la mort et l'incertitude et le jugement...mais toujours, la vie était revenue...et le mistral avait chassé les mauvais rêves...et le soleil les avait réchauffé de ses chauds rayons.

Son choix serait toujours ce choix de protéger ces gens en s'appuyant sur les mots qu'il aimait tant et qui ne demandaient qu'à servir. Il rentra ensuite dans la maison, se sentit bien au creux de ses murs. Il se mit à sa table de travail.

Il pensa à tous ceux qu'il aimait, à ceux qu'il voulait servir. C'était terrible comme la liste s'allongeait chaque jour d'une vie. Il pensa aussi avec tendresse à ceux parmi eux qui lui faisaient la charité de le lire....et un dimanche matin de Mai, il se sentit heureux.

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Commentaires
L
Je reviendrai vous lire...
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J
Un petit sourire... juste un petit sourire!
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H
Je crois que le bonheur des blogs est de réserver un espace où la liberté d'expression n'est pas qu'une chimère agitée par ces nombreuses personnes promptes à donner des leçons, à porter des jugements ou à s'inventer des "combats". <br /> <br /> Le votre est un des rares espaces dans lequel une pensée libre et non formatée s'exprime au-delà des modes et du temps, dans le respect, la douceur et l'amour du prochain.<br /> <br /> Nul jugement méchant, nulle exclusion, nul humour acide et grinçant, pas de moquerie sur la taille, le physique, pas de caricature, mais des constats, des images, des regrets parfois et surtout une espérance sans faille.<br /> <br /> Vos mots ont la fraicheur de l'eau qui coule de la montagne, sûre de trouver la mer au bout d'un périple certes semé d'embuches, mais tellement source de vie.<br /> <br /> Je vous en remercie, souvent ils me donnent la force de ne pas désespérer de mes prochains et de continuer à essayer de poser un regard positif sur les choses et sur les hommes.<br /> <br /> <br /> <br /> S'il vous plait, ne changez pas.
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S
Bonjour Jacques,<br /> <br /> J'ai bien aimé ce billet, même si je ne suis pas d'accord sur tout, mais pas non plus loin de tout. Notre association a commencé sous un gouvernement de droite, et continue aujourd'hui sous un gouvernement de gauche. je ne sais pas s'ils sont médiocres, en tout cas, ils sont démocratiquement élus. Bien sûr, ce sont nos actions quotidiennes qui éclaireront le chemin, pas seulement les décisions de ceux "d'en haut"...On verra, mais certains ont été blessés de ce qu'on leur renvoyait sous "l'ancien régime",ceux qui travaillent beaucoup mais qui ne gagnent rien, ceux qui subissent leur vie car ils ont tiré les mauvaises cartes et ont besoin d'aide... le service et le dévouement n'ont pas non plus eu la part belle...Alors, moi aussi j'ai espoir, non pas en un monde sans problème, mais juste d'une parole apaisée et d'un coup de pouce à l'action. On verra...Notre association continue, son discours ne change pas et, plus encore que le service, l'échange de services et d'humanité m'anime...Je crois que l'on dit "solidarité". A bientôt Jacques.
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H
Ah, Servir, la devise de ma prépa... !<br /> <br /> Alors c'est un mot qui me parle . <br /> <br /> Vous reprochez vos absences, ah ça jamais, mais les attendre avec impatience, bien certainement.
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et pourquoi ne pas le dire ?
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