Vendredi 13
L'homme n'est pas superstitieux. Juste pour le titre, ce vendredi 13.
C'est le soir. Le jour se retire doucement.Dans le village un peu plus de bruit . Sur la place , à quelques dizaines de mètres, un orchestre s'ajuste et teste son son (tiens c'est amusant ce doublon !) pour un probable bal.
La maison est déserte : il y a les absents repartis. Il y a les présents du moment allés en chercher d'autres à la gare. À l'étage deux petites princesses se sont endormies. Bien sûr qu'elles ont été sages ! et bien sur qu'elles ont mérité une récompense : ce fut un nougat, dégusté avec bonheur. Un nougat délicieux, venu du pays des nougats et aussi d'un autre monde. Un goût qui doit reste affûté quand on doit vivre encore quelque temps dans le pays de monsieur Mac Donald. Pour elles le bruit n'existe pas, elles sont en paix : elles dorment. Dans le jardin on n'entend plus aucun oiseau. L'homme se souvient qu'il a oublié d'arroser son jardin : ça attendra demain matin. Ce soir, seul, il veut profiter de la maison silencieuse. Il attendra leur retour, leurs récits, leurs vies. La douceur de la vie des vacances des autres.
Tiens, la chaux du mur du salon aurait besoin d'un coup de faîcheur. C'est qu'elles doivent vivre ces vieilles maisons. Elles demandent des soins comme de vieilles personnes. Elles savent aussi récompenser. Il faudrait qu'il songe a s'occuper d'Elle à nouveau. Mais il y a le travail, dur ,dans ces jours chauds de juillet. Il y a les soirs trop courts et les fins de semaines heureusement remplies de fêtes.
Passer un coup de fil : un frère qui marche sur la route de Saint Jacques. Savoir s'il est fatigué. Trop tard, il est déjà en train de se coucher. Ce sera bref :"tout va bien ? Oui ? alors je t'embrasse et t'accompagne dans ma tête. Dis moi juste où tu es."
Un papillon tourne autour de la lampe pendant qu'il écrit. Il aime ce vol léger même s'il est ce soir un peu trop agité, aveuglé par le passage de la pénombre à la lumière. Éteindre. Lui laisser le temps de partir en toute sécurité. Le savoir à l'abri.
La cloche sonne dix heures. La nuit est mantenant tombée. Qu'il en met du temps à écrire ce soir !
Deux bonnes nouvelles aujourd'hui encore : un résultat d'école et la naissance d'un petit Marius. Le temps de vacances approche...enfin le temps du non-travail : un chantier qui s'arrête le 27...et après ? Dieu seul sait, mais l'homme sait qu'Il sait et cela suffit à le rassurer.
La semaine a été riche en souvenirs, en émotions.
De quoi demain sera-t-il fait ? du marché du samedi ? tiens est-ce sûr un 14 juillet ? d'un défilé peut-être ? vite prendre les deux petites princesses et y courir dans ce village où la vie se fait à pied. Puis le reste sera ce qu'il est. Se dire que tout est bonheur.
Le spectacle a commencé. Il entend de la musique et des voix mais ne comprend pas le sens. Savoir de quoi il s'agit. Ne pas laisser seules les petites princesses. Puis un calme et une explosion : un petit feu d'artifice sans prétention. Puis le son redemarre. Elles ne se sont pas réveillées. Chien et chat se rapprochent : ils n'aiment pas trop cette odeur de feux. Les mots suivent simplement l'action. Mais les pensées s'entrechoquent. Un grand besoin de calme. De repos ? peut-être. D'inaction ? pas trop. il n'aime pas. Du temps pour les autres. Oui, sûrement.
Le feu repart. Les explosions aussi. Des pleurs à l'étage :"J'ai peur !".
Trois corps blottis sur sur le canapé. Un chien et un chat aussi qui n'en mènent pas large. Une petite pause.
Les spectacle laisse sa place à l'accordéon. Une promesse de récompense de demain si on dort bien. deux signes de croix sur le front. Des petits anges gardiens qui surveillent en silence le manège. Le sommeil est déjà revenu.
L'homme retourne à son clavier. Où sont donc passées ces pensées trop compliquées ce soir ? Peut-être ont-elles suivi le feux.
Bonnes nuits à vous qui lirez ce message, d'un 13 juillet paisible dans un doux village de Provence.