Silence
L'homme était assis à sa table, enchanté à l'idée de cette journée de travail au Ventoux. Retrouver ce vieil ami bien ancré dans notre pays, l'air un peu frais qui y règne, l'esprit de la montagne : une sorte de randonnée immobile. Il y a comme un onde invisible qui parcourt les montagnes et qui relie tous ceux qui viennent y chercher la paix, le silence, la fraîcheur aussi. Il espère, dans quelques jours, partir marcher sur la route de Saint Jacques. Rien de bien courageux, un ou deux jours, accompagner un frère et une belle-soeur qui ont de belles raisons de marcher et font une très longue marche. se fatiguer avec eux, parler avec eux, prier avec eux, les retrouver : une vraie joie.
Mais ce matin l'homme avait de nombreuses raisons de se réjouir : un réveil tardif (enfin presque) sans insomnie, dans le petit jour et parmi les premiers cris d'oiseaux, un sentiment de paix, de tranquillité, de sérénité même qui s'est installé tranquillement dans la journée d'hier après l'agitation de cette escapade et de ce mariage.
Le village était encore silencieux, pourtant dès demain ce seront les premières installations de la fête...et le bruit. Le bruit, quatre ou cinq jours par an, la vie au coeur du village, la fête votive avec ses couleurs, ses odeurs, ses senteurs (pas toujours agréables) de sucre cuit, de friture. Le bonheur des gens, de tous : une fête qui reste populaire. Le bonheur de tous mérite bien quelques jours de folie.
Mais ce matin l'heure est au calme. La maison se videra à l'heure du travail. Seul les animaux régneront en maîtres dans le petit jardin. Le chien sera endormi, à l'ombre. Le chat aussi mais il aura profité de l'absence pour inviter quelques amis. Ils surveilleront les oiseaux, surtout les merles de plus en plus nombreux, de plus en plus actifs, qui attendent avec impatience le soir la mise en route de l'arrosage pour se doucher en paix. Le raisin sur la treille, un peu de ce chasselas qui a fait la fortune du village autrefois, et qui hélas n'y est plus cultivé, est à pleine maturité et donne chaque jour quelques grappes. Le long du mur d'une des ruines, deux autres pieds, muscat noir et muscat blanc attendront encore quelques jours, pour être à point. Quelques tomates dans le petit potager. Un vrai jardin modèle réduit un peu trop à l'ombre d'un grand mur pour que légumes et fruits soient en avance. Mais comment lui en vouloir puisque en cet été il préserve aussi l'endroit d'une trop grosse chaleur. On chargera la voiture d'outils. On montera le long de ces belles routes. On s'élèvera peu à peu de la grande plaine. Chaque virage nous donnera son lot de belles choses à voir. Puis on arrivera. On dira :" il fait un peu frais...et c'est tant mieux !" mais très vite le soleil, dès qu'il arrivera à nous attraper, nous fera mentir. On fera une trappe, un accès à l'étage. On posera quelques prises éléctriques. On déjeunera dans le petit restaurant dont on est devenu les amis...en tous cas les habitués. On travaillera encore jusqu'au soir, sans sieste. On redescendra vers la chaleur et le repos.
Une journée du mois d'août en Provence.
Qu'ils sont silencieux les blogs au mois d'août ! Sont-ce les vacances qui écartent ainsi les lecteurs ? Est-ce l'absence d'écho à leurs commentaires qui écarte les quelques lecteurs fidèles ? On ne le saura jamais. En tous cas, amis (rares) lecteurs, où que vous soyez...passez une bonne journée.