La lucarne
Se lever tôt, très tot, avant que le soleil n'éclaire. Prendre le livre.Enlever le coussin du canapé et le mettre contre l'accoudoir. Poser ses pieds sur l'autre accoudoir et sa tête contre ce coussin. Une bonne position pour la lecture. Lire. Se perdre dans le livre quelques minutes, quelques heures. Regarder alors par la fenêtre ouverte le jardin qui s'est éclairé. Le soleil encore bas commence à dégager les formes et les couleurs. Il voit.... ses pieds d'abord. Pas très joli, un pied! Mais les deux, écartés, forment comme un viseur qui lui permet de délimiter les espaces un à un. Ils donnent un cadre à son regard. Par dessus le livre ouvert mais devenu inutile, il distingue l'armoire sombre, puis le fauteuil blanc un peu plus bas, puis la fenêtre à petits carreaux qui s'est éclairée et qui laisse voir le mur ocre, la tranche du volet, quelques feuilles vert sombre du mûrier et un morceau du parasol écru ouvert au dessus de la table. La table est recouverte d'une toile cirée orange à pois blancs. Un chaise pliante blanche qui il faudrait repeindre, puis une autre et puis encore une autre. Le fond du hangar éclairé par le soleil encore bas dans le ciel. Encore du feuillage du mûrier. Des ombres au fond qu'on ne distribue pas encore. Un pilier de fer vert foncé, entouré du pied de vigne, en haut la vigne, quelques grappes d'un vert très pâle . Le laurier rose, branches nues en bas, feuillage et fleurs rouges en haut. Il se conjugue avec la vigne et tous les tons de vert se déclinent avec le rouge des fleurs ouvertes. En bas du laurier un gros pot d'anduze, bleu foncé, semble contenir l'arbre. En fait, il est juste posé devant. Il contient juste une impatiens aux fleurs parmes qui s'ouvrent à peine. Encore plus bas, un cheval à bascule et quelques jouets, trace du passage de deux petites princesses maintenant reparties. Puis le portail bleu qu'il faudrait repeindre : on commence à voir apparaître les tâches brunes de la rouille qui renaît du temps. Puis à nouveau un pied, on a parcouru ce cadre éphémère. Le livre à glissé. Le soleil maintenant permet le travail. Le temps n'est plus ni à la rêverie, ni à la seule joie du regard.
Vite on se lève. Vite on écrit. Vite on poste.
Bonne journée, amis qui voudrez bien me lire.