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et pourquoi ne pas le dire ?
25 septembre 2012

Un week-end à la montagne

On se lève très tôt. on se dit qu'on a pas été raisonnable, qu'il y a mille choses à faire à la maison qu'il faudra encore reporter. On fait à toute vitesse les plus urgentes. On part. On a un peu de retard. On devra faire attendre nos amis et on est désolé. Il fait beau et la Provence éclate de soleil. On part. La route est belle qui rejoint les Alpes...enfin les Alpes du Sud, le Alpes sans l'austérité, les Alpes avec le soleil. On s'enfonce vers l'Est. On refait à l'envers le chemin de tous ces gens venus de la montagne pour peupler la Provence. On prendra l'autoroute le moins possible. On s'enfonce dans la Provence de Giono, la sèche, la plus froide.On voit les premiers sommets et à chaque virage le paysage devient encore plus majestueux. Puis apparaissent quelques neiges oubliées aux sommets. Encore très peu. Le soleil nous accompagne. Le ciel est toujours aussi bleu mais la lumière devient plus vive. Puis on quitte les route de plaine et la route commence à serpenter. On s'enfonce dans la montagne puis on redescend. On retrouve la dernière vallée, celle de l'Ubaye. Une vallée pleine déjà de souvenirs: certains un peu anciens, d'autres encore très vifs, des souvenirs de vacances mais aussi des travaux d'une maison que l'on a restauré. Des souvenirs de pique-niques mais aussi de ciment, de plâtre, de mélèze qui se met en place sur les murs et sur les toits.
On croise Barcelonnette et ses immenses maisons, rêves de riches parvenus qui n'ont conservés de l'époque que cette élégance des vieilles dames qui ont connu la beauté et qui la conservent encore malgré les ans, l'oubli et les fissures. Puis on s'enfonce à nouveau dans la montagne. On monte dans le village, ou plutôt le hameau. On tourne sous un montoir. Le chemin devient encore plus étroit mais il est si petit qu'on a failli ne pas le voir. La maison est au bout : une belle et grande ferme restaurée avec goût. Une odeur de famille en vacances. Au sud un immense verger de vieux pommiers et un pré vert, de cette verdeur qu'à l'herbe en cette fin d'été ou plutôt ce début d'automne : sa manière à elle de signaler le changement de saisons avant de se reposer l'hiver sous la neige et de pâlir légèrement.
On est en retard. On avait prévenu. On savait qu'on était attendus...mais on est quand même désolés. On retrouve là deux couples d'amis. D'autres étaient prévus mais qui ont eu autre chose de plus urgent, de plus important ou de plus ancien à faire. On regrette un peu...mais pas trop tant on sent que ces deux jours seront agréables. Deux jours ou presque avec des amis sans rien d'autre à faire que de goûter au plaisir de la montagne.
On prend le temps d'un long apéritif puis on déjeune sur la lourde table de fer au sud mais à l'ombre. Le ciel est bleu mais flotte une légère brume qui donne à la lumière un éclat tamisé un peu particulier. Un bon repas, un café. On est si bien qu'on craint de se laisser gagner par le repos, voire par le sommeil, alors on part. On part marcher deux heures dans ces montagnes où les chemins semblent touours monter vers quelques choses de plus haut où chaque sommet semble en contenir un autre. D'abord la petite église du hameau, ouverte où des mains viennent entretenir, nettoyer et animer cet endroit qu'elles aiment. Partout des petits signes de cette présence : ici un bouquet, là une statue, partout un signe de passage.
On n'ira pas jusqu'aux sommets. On se contentera des premiers alpages. On croise peu d'animaux à ces heures mais partout leurs traces : quelques moutons, un âne qui nous fera causette, des oiseaux qui s'envolent à notre passage inattendu. On suit de vieux chemin, d'anciens canaux. Ici comme partout la montagne est devenue vide d'habitants et ces villages ne vivent que grâce à quelques survivants. Mais ils n'ont plus le temps d'entretenir tous ces chemins, tous ces canaux et tout retrouve un air un peu sauvage. Dans les cieux, des hommes profitent du ce beau ciel pour s'envoler en profitant de ces courants d'air chaud. On les envie un peu de voir d'en haut cette belle terre dans le silence du vent dans les suspentes de leurs voiles.
Puis on revient; On croise au passage un éleveur. Un fermier; Claude : il est fier de ses brebis; il nous présente Biquou, un vieil ami à cornes. Il nous racontera son histoire.Chacune de ses bêtes il la connait par coeur. Il est fatigué, Claude, et pourtant cette silhouette  à l'air si jeune, qui semble appartenir au sol. Ses yeux comme éclairés de l'intérieur, un air de vraie gentillesse, une allure de seigneur font oublier le chapeau sans couleur; l'odeur âcre de la bergerie qu'il nous fait visiter. On entrevoit sa ferme, une belle bâtisse, encombrée comme toutes les fermes d'objets nombreux, souvent devenus inutiles et de curieux rafistolages. Mais la beauté de la maison demeure, des belles pierres et surtout ces proportions si harmonieuses. On aperçoit dans la pénombre de l'étable de magnifique voutes qui s'appuient sur des colonnes de pierres, peut-être ce marbre qu'autrefois on extrayait ici.
On revient à la maison pour un nouveau repos, un passage devient les premiers feux qu'on allume pour quelques heures seulement : un avant goût de soirée d'hiver, le bonheur du feu sans le froid qui agresse. Un diner dans la grande salle à manger puis une longue soirée de jeux, de plaisirs, de rires. On sort un peu pour voir le ciel animé d'étoiles.On retrouve le lit un peu froid, juste assez pour le plaisir de savoir que quelques minutes d'une simple présence suffiront à le réchauffer. On se lèvera tôt pour profiter de cette lumière du matin qui découvre peu à peu le paysage en partant du haut, où la lumière semble couler du ciel.
Puis ce sera le déjeuner qui s'allonge. Le temps qui passe sans qu'on s'en aperçoive.. Vite on se dépêche : on va rater la messe. Mais non elle n'est pas loin et on sera à l'heure. et c'est tant mieux car tout ce que la vallée comporte encore de chrétiens est rassemblé pour une messe en pleine air dans le jardin de ces grandes maisons de Barcelonnette. La sainte Vierge peinte et dorée est là qui préside. C'est une messe de rentrée quand les choses se mettent en place. On retrouve là des amis inattendus. On se dit que le monde est petit. On revient. On retrouve la maison qui commençait déjà à nous manquer. Le repas pourrait être triste car c'est le dernier du week-end mais il n'arrive pas à nous faire oublier le bonheur d'être ensemble. On parle. on commente. On analyse. on se rappelle. On se raconte. Après le café tout à coup un silence. il semble qu'une sieste soit venu s'installer en douceur, sans le dire.
Mais il faudra partir. On redescend dans les vallées. On refait le chemin à l'envers. On redescend vers le "plus chaud" mais la nuit s'installe au cours de notre route. on arrive contents. On a passé un bon week-end.

Amis lecteurs, je veux partager avec vous ce moment et les forces retrouvées. Je vous souhaite une bonne semaine.

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Commentaires
L
Le lac du Lauzannier puis celui de L'Homme (de mes souvenirs) ces lieux ont abrités tant de mes vacances...<br /> <br /> <br /> <br /> Fouillouze et son cimetière<br /> <br /> <br /> <br /> "Passant, souviens toi que tu seras ce que nous sommes"<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Un souvenir fabuleux de campement en camping car, il y a 27 ans, sur le parking du Lauzannier, quatre enfants de huit ans à deux mois, les vieux bergers, la paix le soir dès 19h jusqu'au matin, nous étions les rois du monde.<br /> <br /> <br /> <br /> J'y retournerai bien l'an prochain?
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C
Ah! retrouver les sensations de la marche en montagne, dans un décor pur et grandiose. Recevoir en cadeau un jour de pluie, cette image ensoleillée d'une montagne rassérénante, rassurante, éternelle, remettant bien en place les petits tracas et les doutes de la semaine. Et quelle surprise de vous imaginer marcher dans les lieux qui bercèrent mon enfance, moi qui grandis dans l'une de ces maisons de "Mexicains", comme on appelle ces courageux expatriés de Barcelonnette qui partirent au Mexique pour faire fortune. Une épopée qui fut contée dans un livre en trois tomes: "Les jardins de l'Almeida" ," Terres Chaudes" et "la Soldadera". Une saga incroyable: le terme de "parvenus" est beaucoup trop péjoratif (sauf votre respect) pour qualifier ces aventuriers volontaires désireux de réaliser un rêve puissant.<br /> <br /> Un billet encore une fois riche et générateur de rêve. Merci monsieur Jacques.
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I
Quel beau week-end Jacques ! Les amis, la grande maison, la nature, le berger... On est avec vous et on se gorge d'air pur.
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A
Ce sont des endroits qui me sont très familiers ... J'ai refait la balade avec vous, quelle belle surprise !
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B
Hum, que le week end était sympa. On ferme les yeux et on est dans les montagnes. Je ne connais que les montagnes de Savoie, celles des Alpes du sud, je ne les vois que de très loin quand je pars en Corse. pas besoin de photo, ni d'image, vos mots suffisent. <br /> <br /> J'ai encore passé un bon moment. A bientôt.
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