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et pourquoi ne pas le dire ?
9 novembre 2012

Regain

Mon cher Hercule Savinien,

C'est encore à toi que je m'adresse, car tu sais, mon cousin, bien comprendre et sentir mes états d'âme.

J'ai envie de ne pas te parler des semaines que je viens de vivre, non pas qu'elles fussent tristes, mais simplement parce que le jeu du travail m'a tellement absorbé que je n'avais plus de temps pour rien. Tu me diras que, si j'aime mon travail, ce n'est pas un problème et tu auras certainement raison. On aimerait juste parfois que tout ne soit que satisfaction, que rien ne semble imparfait, que chacun soit content de l'oeuvre accomplie... et parfois ce n'est pas exactement le cas. Tu sais combien l'éducation que nous avons reçu ensemble fait la part belle au remords, au sentiment d'imprefection, à l'accusation de soi-même et rend difficile le plaisir et l'impression d'achèvement.

Je t'ai déjà raconté mes soucis, je ne reviendrai pas dessus. Le temps, le poids des amis et de ceux qui même loin manifestent de la sympathie ont rapidement aidé à trouver des solutions... même partielles. On n'en parle plus. J'ai pu travailler ces temps-ci dans une maison pleine de vie : Six enfants petits, une maison chamboulée par les travaux, le travail partagé avec d'autres, les nuits trop courtes, l'absence d'accès à un clavier, les muscles trop durs qui réveillent la nuit et donnent leur place à la lecture et à la prière, les week-end qui s'écoulent dans le bonheur de retrouver les siens et savourer avec eux quelques instants de bonheur trop vite passés.

Le calme est revenu, le temps du repos même et ce matin lorsque je suis descendu par l'escalier de bois, puis l'escalier de pierre, depuis la chambre d'hiver, celle où on se réfugie avant le froid, il faisait nuit encore, une belle nuit de Provence. La maison dormait. Je savais que j'aurais le temps de faire mille choses et même celui d'écrire. Je savais que la journée n'aurait pas de limite. Je me laissais aller au bonheur de la lecture du gros livre, puis celle plus légère des blogs. J'écrirai sur les plus urgents et je savais que demain j'écrirai encore sur d'autres, savourant à l'avance ce plaisir. Puis le travail des mains me permettrait de mettre de l'ordre dans un atelier qui le mérite : il me permet de vivre et je m'occupe si peu de lui.

Bien sûr je pensais aux miens, à ma maisonnée, à mes princesses d'amérique aussi, à tous ce monde d'image qui trottent dans ma tête.

Mais si je t'écris c'est aussi pour te raconter ce rêve étrange que je fis. J'y étais avec toi. nous voguions dans les airs sur une de tes machines à aller dans la lune, tirés par des oies, portés par des nuages. Nous survolions cette belle Provence que j'aime. Tout à coup, une petite chapelle, au sommet d'une colline si petite qu'elle semblait faite pour des enfants tant tout était si près et si petit. Autour de cette chapelle une ribambelle de petits garçons , quelques adultes aussi, de tous âges . Ils étaient nombreux et semblaient se connaitre. Ils avaient tous un air de famille. Ils me semblaient bien familiers. bien vite je reconnu toutes les images de l'enfant et du jeune adulte que j'avais été. J'étais interloqué. je te demandais de regarder et tu me dis qu'il n'y avait personne. J'étais donc seul à les voir. Je sais que pourtant ton regard est habile à lire dans les rêves. Je me réveillais alors. J'essayais de comprendre mais je n'y parvins pas. Je ne retins qu'une chose : ils étaient joyeux. aucune ombre dans leur vie. Et si on ne gardait de la vie que le bon, que la douceur ? C'est la leçon que j'en ai retenu.

Tu me diras une fois de plus que je suis parfois étrange. Mais tu sais bien comprendre...alors tu m'aideras. De toi je peux tout accepter cher cousin. De toi qui sillonne le monde, seul, loin de Roxanne, à cause de ce nez et de ta sotte obsession de laideur (je sais que je suis le seul à pouvoir nommer cette chose que tu abhorres).

Je te quitte et en même temps, je quitte cet endroit précieux de l'écriture, non sans remercier mes ami(e)s qui s'inquiétèrent parfois en le disant, mais souvent sans le dire, de mon silence. J'ai aimé une fois de plus les mots qu'ils(elles) ont posés et j'ai senti ceux qu'ils(elles) n'ont osé écrire. alors je les embrasse et je leur souhaite une bonne journée.

Adieu, Cousin, que Dieu  garde ton âme et que ton épée si prompte écarte de toi les jaloux, les déçus, les simples maladroits.

 

Ton cousin,

 

Jacques

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Commentaires
B
Célestine a raison et moi je dis , ouf! vous revoici. J'ai aussi bien aimé la ribambelle de vous...
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A
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=ZNIK1yaKr_4#!
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C
"Et si on ne gardait de la vie que le bon, que la douceur ?"<br /> <br /> C'est la phrase que j'ai retenue.<br /> <br /> Merci pour ce très beau texte.
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C
je trouvai votre silence bien long...sans oser l'interrompre<br /> <br /> bon week-end de repos
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H
heureusement que votre cousin est là pour nous permettre de lire de vos nouvelles !<br /> <br /> Bon week end M Jacques.
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et pourquoi ne pas le dire ?
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