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et pourquoi ne pas le dire ?
14 décembre 2012

Calendrier de l'Avent (6): une petite ballerine

Il n'avait pas le temps. Il était fatigué ce matin. La semaine avait été riche de bonheurs mais n'avait pas été exempte de soucis. Il n'avait pas le temps mais il voulait savoir comment s'était passé ce matin un évènement considérable dont il savait que le monde ne mesurait pas complètement l'importance. La-bas, de l'autre côté des océans, une petite princesse allait donner un spectacle, un gala.

Il demanda à son ami, d'un aller-retour de char porté par l'air, d'aller se rendre compte et de revenir lui rapporter son récit. L'homme le fit. Encore plus facile en cette période d'approche de Noël où n'existent plus ni le temps, ni l'espace. Il revint s'acquitter de son compte-rendu.

" Tu aurais du la voir" lui dit-il. "Elle était délicieuse dans ses deux tenues de scène. Seul son Papa avait pu l'accompagner. Il était fier. On le voyait. D'ailleurs comment ne pas être fier lorsqu'on a, à son bras, une petite ballerine de trois ans. Bien sûr que les gestes sont des gestes d'enfants, que les pas sont parfois maladroits, qu'aucun orgueil n'a place dans ces coeurs d'enfants. La petite ballerine est intervenue deux fois. La première fois, petit rat en robe de tulle, elle incarnait une petite Cendrillon parmi d'autre petites Cendrillons toutes aussi belles et toute aussi touchantes. Puis, dans une deuxième partie, elle incarnait une girafe parmi d'autres animaux. Tu aurais du voir son père, fier comme Artaban. Il se doutait bien d'ailleurs que les autres parents étaient probablement animés des mêmes sentiments mais il n'en avait cure. A chaque pas, à chaque salut, à chaque sourire son coeur fondait." Et l'homme continua dans le détail le récit sans oublier une seule de ses observations. Il était de ces hommes qui voient l'extérieur des gens et des choses et qui aiment à les voir, mais qui aimait aussi à percevoir le jeu mystèrieux des sentiments qui animaient le monde.

Assis à son bureau, notre ami écoutait le récit. Il avait vu par le mystère de la science (qu'il aimait autant que le rêve lorsqu'il s'agissait de donner aux hommes un peu plus de leur pouvoir d'aimer) une petite scène ou la princesse s'essayait à ses gestes devant ses parents et sa petite soeur. Il dégustait chaque mot. Il imaginait ce petit corps, tout dans la timidité et dans la retenue, qui, au fur et à mesure des notes, oubliait ses inquiétudes d'enfant pour n'être plus que mouvement. Il imaginait les autres parents qui commentaient dans des langues qu'il connaissait trop mal les prouesses de leur progéniture. Il imaginait tout cela. Il avait connu ces mêmes choses dans un temps qui n'était pas si loin. Il se régalait du temps qui avait coulé mais qui ne tarissait pas de bonheurs.

Puis son ami  repartit, après son compte-rendu, pour d'autres voyages, d'autres missions. L'homme se retrouva seul.

La journée d'hier avait pour lui été un peu dure. Il voulait qu'aujourd'hui, malgré le temps un peu dur, elle soit à la hauteur des rêves de ceux qui l'entourent. Il se replongea vite dans la joie de la préparation de Noël. Il alla dans chercher dans ses précedents récits tous les santons dont il avait déjà parlé. Il fallait parfois remonter loin dans le temps, dans les anciennes pages. Ils étaient encore tous là. Il pourrait les placer. Il regarda dans le coin opposé du salon. A un endroit protégé du feu de l'âtre, leur crèche à eux, celle qu'ils avaient composé de ces sujets d'argile. Ils en rajoutaient quelques uns chaque année...et il commençait à y avoir du monde. C'est Elle qui l'avait préparé. Le Bon Dieu avait plutôt bien fait les choses. Il avait donné à l'homme la force, des mains pour tenir ou pour manier les outils, moins habiles dans la finesse, moins douées dans la caresse, des mains faites pour pêtrir. A elle, il avait donné des mains d'artiste. Elle savait tout travailler. Elle savait même animer des feuilles d'or. Chaque année la crèche nouvelle était un nouveau prodige.

Ami qui lit ces lignes, ne crois pas que ceci soit contradictoire. Il y autant de crèches qu'il y a de croyants, même "juste un peu" croyants, en ce mystère de Noël qui nous dépasse tous. La sienne était de mots, la leur était là posé sous la lampe qui restait allumé même en leur absence. On n'enlève pas la lumière à ces petits amis de Dieu, ni la chaleur non plus. Il parcourait ses lignes. Il contemplait la crèche et tout s'organisait dans ce qui serait sa journée de travail...et c'était tant mieux.

Amis, le temps passe et file vite quand on fait de douces choses. Trois heures peuvent paraître une seule minute. Il me faut vous quitter pour que, justement, ce jour soit un doux jour. Je vous le souhaite aussi.

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Commentaires
H
elle en a de la chance cette princesse d'avoir un gentil papi !
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C
Du bonheur en cascade dans ce billet craquant comme les feuilles poudrées du matin. Des mains faites pour pétrir, peut-être...mais qui conduisent avec finesse les mots au bout de la plume, fût-elle virtuelle.
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C
Je rattrape mon retard de lecture... Ici il fait très froid dehors, et du vent, et de la pluie; vos mots me réchauffent le cœur et l'esprit... Vous dites le trouvez austère votre blog, M Jacques? Non, pas austère: humble et riche d'humanité. Mes plus chaleureuses pensées...
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et pourquoi ne pas le dire ?
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