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et pourquoi ne pas le dire ?
10 février 2013

Où il est de nouveau question du petit homme en rose.

L'homme s'était levé très tôt .Hier, il s'était violemment heurté le front contre le coin d'un meuble. Une énorme bosse. Un vrai mal de tête. Un instant de panique où on s'inquiète en un instant et où on se dit que, dans ce monde de travail bien précaire, le moindre accident peut devenir un vrai problème.Heureusement, il en avait été quitte pour plus de peur que de mal. C'était plus compliqué dans le monde des pensées : il avait du mal à trouver ou à retrouver le calme et la sérénité nécessaires pour avancer. De nombreux sentiments s'agitaient en lui différents et contraires. Il aurait bien aimé un peu plus de temps pour y mettre de l'ordre, mais il fallait avancer et ajouter chaque jour de travail à un autre jour de travail.

Il s'inquiétait aussi pour son pays, pour ces lois indignes qui se mettaient doucement en place et toutes ces idées s'entrechoquaient dans une tête décidément bien mal organisée.

Il s'était cependant levé  avec la volonté d'un grand entrain pour sa journée. Il n'avait pas écrit depuis longtemps et s'apprétait à le faire.

Il avait rejoint son bureau, son clavier, retrouvé ses amis les mots qui lui disaient :"Mais arrête de te mettre Martel en tête et de laisser ton esprit divaguer dans tous les sens " . Ce que tu vis est le quotidien des hommes, ni plus, ni moins. Contente-toi de faire ce que tu as à faire !"

C'est alors qu'il aperçut, à côté de lui ,assis sur un vieux fauteuil de paille, au coin de la cheminée éteinte, son ami, le "petit homme rose" dont il avait déjà eu l'occasion de parler (Voir ici). L'homme était triste, désabusé, abattu.

-"Que t'arrive-t-il ? petit homme en rose. La dernière fois que j'ai parlé de toi, tu revenais de Paris où tu avais vu avec admiration une grande foule qui partageait avec toi les mêmes inquiétudes, les mêmes élans, les mêmes espoirs, la même foi. Tu t'étais dit :"Rien n'est perdu. ils vont être surpris de ce mouvement de masse au point de s'interroger sur là-propos de leur loi. Aujourd'hui tu semble bien morose."

-"En effet, répondit le petit homme rose, j'étais venu plein d'espoir et je suis encore très confiant. Je  vois autour de moi se lever des énergies qui travaillent à expliquer le pourquoi notre attitude. J'ai entendu à la chambre un député socialiste d'outre-mer expliquer avec clairvoyance le danger de cette folie de s'opposer ainsi à la nature (Voir ici). Je vois des hommes et des femmes courrir recueillir des signatures pour une gigantesque pétition qui puisse entraver le fonctionnement de cette mécanique qui aujourd'hui nous semble implacable et donner aux hommes au moins le temps d'un vrai débat et pas d'une mascarade. Je suis les échanges à la chambre des députés et j'entends de nombreux arguments qui vont dans le même sens. Samedi dernier j'étais rassemblé avec d'autres devant la Mairie d'Avignon. Nous étions nombreux, une foule joyeuse, malgré le mistral et les autres vents humains contraires, à tenter d'expliquer, à agiter des drapeaux, à brandir des affiches, à crier des slogans et à tenter de montrer la sagesse de notre cause."

-"Alors, pourquoi cette triste mine aujourd'hui ?"

-" Il y a mille choses que je ne comprends pas. D'abord mes amis qui tout à coup me quittent en donnant des noms indignes, sans même chercher à lire ou écouter mes arguments. Ils semblent mus par une étrange mécanique : peut-être la peur de se désavouer et d'affornter à leur tour leurs proches; peut-être le confort de suivre l'attitude que portent aux nues les médias; Parfois aussi ils semblent croire (et c'est là le plus triste ) que nous serions tout à coup devenus méchants. J'ai beau leur dire d'aller écouter les échanges, de voir l'ironie méprisante que nous opposent les promoteurs de cette loi, de les voir même se livrer à des tricheries pour faire croire à la certitude de leur victoire. Je vois les hommes et ces femmes qui veulent imposer cette loi (ou plutôt ces lois, car chaque jour une nouvelle facette encore plus horrible, encore plus méprisante de l'homme, de la nature, de son droit et de sa société apparaît au grand jour.) Ils nous méprisent, forts de leur seul certitude de majorité dans les chambres. Ils se cantonnent dans des slogans, dans des formules toutes faites entendues et répétées à la télévision.

-"J'ai vu ce défilé de mes ennemis. Car il faut bien le dire : ce sont mes ennemis puisque les lois qu'ils proposent vont nuire à ce pays et à tous ceux que j'aime. Je les ai vu  dans leur manifestation, grimés en religieuses ou en prêtres, railler ma religion et mes croyances. J'ai vu leurs pancartes qui vantaient les pratiques les plus viles et les plus infamantes. J'ai vu ces trains entiers mis à leurs disposition pour rien, la force du pouvoir de ce lobby puissant qui leur donne les moyens et l'argent. J'ai vu le rassemblement parisien, dans un théatre, de ces nouveaux bien-pensants, les tenants de cette vision de la société qu'ils nous imposent,  pour nous insulter et se moquer de nous. Je sais aussi qu'ils sont le plus grand nombre à l'assemblée et au sénat et qu'ils sont en mesure de faire passer les textes qu'ils veulent.  Et tu voudrais que je sois joyeux ?"

Alors l'homme se leva en silence. Il alluma un feu dans la cheminée. Il prit le temps de la réflexion. Puis il se retira dans la cuisine pour préparer une tasse de thé. De ces thés doux et forts à la fois aux mille senteurs et aux goûts les plus aromatisés. Il s'approcha du petit homme en rose, lui en offrit une grande tasse, une jolie tasse centenaire en "terre de fer", une tasse qui sonnait creux et profond. Un doux son de terroir et de tradition. Ils restèrent tous les deux un moment dans le silence de l'amitié qui n'a pas besoin de mots pour exister.

Puis l'homme lui dit :

-"Je te comprends. A vue humaine les choses pourraient sembler perdues. Toi et moi savons qu'il existe des forces qui transcendent ce monde et qui font triompher la vérité. Mais ce n'est pas de ça que je veux te parler aujourd'hui. D'abord rien n'est perdu. J'ai entendu dimanche dans ce monastère que j'aime, un moine qui nous disait : "Dans l'obscurité, il vaut mieux allumer une toute petite lampe que de maudire les ténèbres." Puis comment douter des hommes de notre pays où bien des fois, lorsque tout semblait perdu ,on a vu se lever des forces nouvelles. Il y aussi ces familles qui croissent dans la sagesse de la nature qui prévaut sur les lois. Elles grandissent , parfois aidées par ces lois et ces codes : c'est la civilisation. D'autres fois c'est dans l'opposition qu'elles doivent croître et c'est la barbarie. Mais, même sur du fumier, peuvent se développer de belles fleurs. Tant qu'il y aura des hommes qui aimeront des femmes, des femmes qui porteront à la vie des enfants de leur union, des aînés qui aideront les jeunes à grandir et des jeunes qui s'occuperont de leurs anciens...le pays sera encore sage. Vois aussi l'exemple de ces pays qui, malgré la violence des temps et les pressions des autres, conserveront les vraies lois : ils seront peut-être un jour un refuge pour toi et pour tes enfants. Il y aussi cette intelligence de notre nation qui un jour reconnaîtra qu'elle s'est trompée et ce que les lois ont fait les lois peuvent le défaire. Tu te souviens de ce petit homme venu pourtant d'une si belle île qui avait rétabli l'esclavage. Il disparut, la loi fut retirée et tout rentra dans l'ordre : la liberté fut rendue à ces hommes. "

- "Tu vas faire comme moi. Tu vas reprendre doucement le chemin de ton sillon et tu vas avancer, le plus droit possible. Un métre et deux et trois : mettre en oeuvre tous les moyens dont tu disposes. te battre avec le dernier acharnement. Faire, si ce n'est pas déja fait, signer par tes amis cette pétition (ICI...avant le 12/2). Tu vas chaque matin sortir et regarder le ciel et te dire que ce jour sera un bon jour. Le soir tu iras dans les étoiles chercher les signes du retour du beau temps. Tu seras attentif aux bourgeons, aux moindre signes de la nature, aux jours qui sont plus longs. Tu vas parcourir les rues de ton village, croiser les gens, les vrais, ceux qui vivent dans la simplicité leur quotidien souvent difficile. Tu vas les saluer, leur sourire, essayer d'apporter le petit plus , la petite touche qui fait que ce jour sera doux."

Le petit homme en rose retrouvait déjà l'ombre d'un sourire. Il aperçut alors, tapie dans un coin de la pièce, une petite souris suivie d'une nombreuse famille, qui maugréait en attendant son tour de retrouver son ami. Il surprit sur le mur la photo de deux petites princesses. Il fit sonner à nouveau la tasse, se servit à nouveau. Il voulait saluer l'homme mais il avait disparu car il était aussi reparti à son travail. Il vérifia que le feu ne menacerait pas la paix de la maison, tira le tapis, mit un pare-feu. Il ecrivit sur le bureau un simple "merci" et il s'en fut.

Ami, qui me fait la charité de me lire, sache que c'est dans tes mots et tes encouragements que le petit homme en rose trouve la force dont il a besoin. Il t'en remercie. Demain la semaine reprend...Bon courage !

 

 

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Commentaires
C
"Oui, jusqu'où vont les hommes quand ils défendent des idées, avec toutes leurs forces et leur grandeur d'âme? " se disait la souris, qui ne voyait qu'une chose: son Ami lui échappait, parce que son coeur et son esprit étaient occupés ailleurs. Une petite souris bien insignifiante qui regardait tout cela avec des yeux de souris. Sans trop comprendre.<br /> <br /> Qui savait qu'elle n'avait aucun poids pour faire pencher la balance, ni dans un sens, ni dans l'autre, peut-être parce que l'équilibre était en elle.Bien plus que dans la folie des hommes. Il était dans l'amour qu'elle avait à vivre en regardant simplement le soleil se lever et en s'émerveillant d'être en vie chaque matin.Dans les questions simples et lumineuses dont la réponse n'avait pas besoin d'être criée. dans l'espoir qu'un jour tout soit simple et résolu par la même sublime équation. Mais ce n'étaient que des idées de souris...
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Z
Je pensais que le temps aiderait à apaiser les esprits. Je vois qu'il n'en est rien. Je ne me suis moi-même guère passionnée pour ce débat, positionnée seulement en citoyenne de la République. Vos textes n'ont quant à eux rien perdu de leur virulence, c'est bien regrettable, mais ce n'est que mon avis. Je me demande cependant : Jusqu'où iriez-vous pour défendre vos idéaux ?<br /> <br /> Belle soirée à vous
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L
Merci pour ce message, en vous lisant je reprends des forces et le courage de croire que tout n'est pas inéluctable.
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H
Le petit homme rose n'est pas seul, ils sont des millions qui n'ont pas pour habitude de se déplacer pour dire qu'ils ne sont pas d'accord, que cette société est aussi la leur et qu'ils ne veulent pas la voir devenir artificielle. Ils l'ont fait, pacifiquement, proprement, respectueusement, mais n'ont pas été écoutés et évidemment pas entendus. Ils ont récoltés des rires, du mépris et... une facture (!), des moqueries pour eux, pour leurs âges, leurs familles, leur couleurs politiques, leurs religions vraies ou supposées... On leur a même dit que çà suffisait tout ce bruit, que "tout le monde en avait assez de l'entendre" qu'il fallait passer outre etc...<br /> <br /> C'est ainsi, dans cette société ivre, il faut plaire et avoir l'air de donner aux hommes un pain qui ne soit pas difficile à cuire, qui aura l'aspect et l'odeur du pain, mais qui ne va pas rassasier grand monde.
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N
Eh bien je ne sens pas de mépris dans les mots de Jacques, je ne suis pas du même avis que lui, mais ce débat est tellement vaste...<br /> <br /> Je respecte les idées de chacun, qui de nous a la bonne réponse ?<br /> <br /> Bonne semaine Mr Jacques.
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