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et pourquoi ne pas le dire ?
16 février 2013

Lundi matin

Lundi matin d'hiver. La neige est revenue. Le froid ne lui permettra pas de travailler aujourd'hui. Le froid, un ciel gris, de la neige. Pourtant il est beau, ce Ventoux qu'on distingue à peine mais qu'on devine plutôt dans le ciel gris. Dès hier il avait compris et avait eu envie ce lundi matin là d'aller passer la matinée dans ce beau monastère qui se niche dans les conteforts du géant de Provence. Un endroit de paix, encore plus silencieux en ce jour où tous les sons semblent se perdre dans le manteau neigeux. Le chemin est enneigé. On se croirait ailleurs qu'en Provence. Peu de traces. Ils ne seront pas nombreux aujourd'hui les visiteurs. L'homme à ses vêtements de travail. Il a prévu que cet après-midi le travail serait peut-être possible. Il passera la matinée là. Un déjeuner rapide dans sa voiture et si le temps le permet il ira cet après midi peindre une rampe dans une belle maison voisine. Si le temps le permet mais le temps ne le permettra pas.

Il approche de l'abbaye. Il entend sonner la cloche qui appelle les moines à l'office. Il entre. Il sera le premier. La nef est vide. Il s'assied au fond près du confessionnal. Il s'agenouille. Il prie. C'est toujours difficile pour lui de prier. Il ne sait pas quoi dire. Il se demande quelles sont les bonnes paroles. Il faut que peu à peu le lieu s'empare de lui. Il ferme les yeux. Les bruits qu'il entend ne correspondent plus à des distractions mais passent en second plan. Peu à peu, le coeur s'ouvre, l'esprit se livre. Les demandes se précisent, la relation s'installe d'abord entre lui et lui-même et peu à peu entre lui et LUI. Il ne sait pas comment. Il ne sait pas pourquoi. Il ne comprend pas. Il devine plutôt. Il imagine. Mais c'est un fait que peu à peu c'est toute sa vie qui s'installe dans la prière silencieuse.

Il ouvre les yeux. La nef s'est remplie malgré le froid. Par le côté les moines ont peu à peu remplis leurs bancs pour l'office. Tout de noir vêtus, certains malgré le froid portent encore des sandales. La plupart sont jeunes mais il y a maintenant des anciens. Lorsqu'il les a connu, ils nichaient dans une autre petite chapelle abandonnée depuis longtemps de l'autre côté du Ventoux. On aurait dit une crèche tant l'endroit était petit. Seuls quelques tous jeunes moines, presque des enfants, encadraient l'un d'entre eux plus ancien. Il s'était installé pensant être ermite mais très vite ils étaient venus l'entourer. Le besoin était grand alors pour ce monde de prière. Les couvents s'étaient vidés mais l'appel restait pour ces hommes.

Sur les bancs des hommes et des femmes ont bravé le froid. Leurs chauds vêtements d'hiver leurs donnent un air un peu engoncé. Leurs mouvements semblent plus lents comme freinés par le silence et la neige. Les moines rentrent en procession. L'office commence. Une alternance de ces versets de grégorien si bien chanté. Une seule voix. Le chant des anges. Tous les jours par tous les temps, ils sont là qui redisent ces psaumes. Un moine entonne, les autres répondent. On se lève et on s'assied à l'unisson dans une étrange gymnastique que chacun ici semble connaître.

Derrière lui le confessionnal s'est ouvert. à l'intérieur un jeune moine. Il aurait l'âge d'être son fils. Il entre. Ce qui se passera maintenant relève simplement de lui et de ce secret que jamais on ne dévoile. On dit. On confesse. On écoute. Un étrange tête à tête où on pense être deux mais en fait on sait qu'on est trois. Que le Troisième n'est pas visible mais c'est à Lui qu'on s'adresse. Le moine n'est là que pour transmettre, pour servir d'intermédiaire.

Il sort comme allégé, réconcilié avec lui-même. L'office s'est terminé, c'est maintenant la messe. Puis c'est terminé. Les moines sortent en procession. Peu à peu la nef se vide comme si chacun avait envie de prolonger un peu ce temps de paix avant de retrouver le monde.

La neige n'a pas cessée. Le travail ne sera pas possible. Il va déjeuner là rapidement dans la voiture avant de repartir. Il reournera chez lui la bourse plate mais le coeur empli d'une douce paix.

Pourquoi raconter ça, aujourd'hui un samedi après midi d'un jour qui fut de travail ? Pourquoi raconter ça alors que maintenant jour après jour le soleil semble revenir ? Le froid est toujours là mais les arbres s'embourgeonnent.

Peut-être une grosse envie de paix. Une envie de silence. Une envie de partager ce qu'on peut partager de ces moments intîmes où l'on se sent bien sans trop pouvoir l'expliquer. Alors on le dit....tout simplement.

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Commentaires
H
La sérénité d'une âme purifiée.. Existe t-il plus précieux dans ce monde si gris ? J'entends le silence, ici celui de Citeaux, ou d'Acey, tunique blanche et scapulaire noir des trappistes, mais tous comme chez vous, unis dans un seul chant pur, qui s'élève, invariable depuis des siècles.<br /> <br /> Heureuse et paisible semaine, en espérant que votre bourse trouve bientôt à se remplir.
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M
Prendre le temps de retrouver la paix en ces temps difficiles cela n'a pas de prix !! je vous souhaite d'en garder les bénéfices tout au long des semaines à venir .Bientôt le printemps et le doux soleil , patience ... Bonne semaine Jacques :-)
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C
c'est lundi...mais la douceur de votre samedi m'accompagne.merci
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H
que c'est beau Jacques , je vous souhaite un doux et reposant dimanche !
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N
Le dire et l'écrire, c'est en profiter encore de ce moment de plénitude. Aujourd'hui la France est ensoleillée mais j'entend les pas feutrés sur la neige autour du couvent. Belle image de paix.
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et pourquoi ne pas le dire ?
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