Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
et pourquoi ne pas le dire ?
5 mai 2013

Boucle d'or et la princesse danseuse (2)

...C'était comme si la journée du samedi avait voulu infliger un démenti à ses phrases. Il avait fait très beau. Ils avaient repris ensemble le travail dans le jardin pour lui donner ses couleurs de printemps et, plus tard, d'été. Le plaisir avait vite pris le pas sur la fatigue. Après le repas il s'était assoupi et les images de Boucle d'or, de la Princesse danseuse et d'un élégant petit chevalier s'étaient mises à nouveau à défiler devant ses yeux.

Il s'était dit qu'il ne fallait pas qu'il tarde à écrire. Ce matin lorsqu'il était descendu, il s'était vite remis devant son clavier. Les mots avaient retrouvé leurs places, de chaque côté,toujours dans l'euphorie de la veille.

Ils bougeaient beaucoup. Certains se mettaient trop en avant; Cela faussait parfois un peu le sens des phrases. Il en est des mots écrits comme des paroles. ils n'ont pas pour chacun toujours le même sens . Celui qui l'écrit et celui qui le lit ne lui donnent ni le même poids, ni la même importance. C'est justement ce déséquilibre qui donne parfois au mot écrit une saveur particulière mais il peut être aussi source de blessure;

"Mais reprenons!" se dit-il. Et il alla rechercher les images aperçues.

La princesse danseuse a un peu plus de trois ans. Elle à la distinction d'une princesse et la grâce d'une ballerine. Elle met dans chacune de ses actions un grand sérieux, un profond intérêt. Elle parle à ses poupées. Elle organise leur vie. Elle gère parfois aussi les conflits qui les opposent. C'est une vraie organisatrice. Elle a de beaux yeux profonds, couleur noisette, qui donnent à son regard un velouté incomparable et si d'aventure ce regard se mouille le plus cruel des êtres lui même  tomberait sous son charme. C'est une meneuse mais elle sait déjà donner à l'autre un peu d'autonomie pour que les choses se passent en douceur.  Boucle d'or, aux yeux clairs, est espiègle et futée. Elle n'a que deux ans et guette le moindre geste, le moindre mot de sa grande soeur pour le répéter, le reprendre.Tout y est : le mouvement, le ton, la couleur. On ne sait pas très bien si pour elle le sens est clair mais ce petit manège est délicieux. Boucle d'or a un ami inséparable, un petit ours brun offert par son parrain, seul confident de ses propres histoires, celle qu'elle est encore seule à comprendre. Le petit chevalier n'est encore qu'une petite personne d'amour dont il est difficile de comprendre les désirs. Seule sa maman , peut-être, distingue dans son être, le besoin, la faim, la fatigue, la douleur, la joie.

Le petit chevalier est immobile. Les deux héroïnes avancent justement dans le petit jardin remis à neuf qu'elles redécouvrent. Le petit escalier de pierre qui monte à la piscine. La petite barrière de bois qu'il a fallu construire pour les protéger du danger, que la princesse danseuse à elle-même aidé à peindre en blanc. La maison écroulée, pleine de mystère et interdite. Le garde-meuble, grenier qui renferme bien des trésors à découvrir, les caisses de jeux déjà prêtes. Il est grand ce terrain pour deux petites filles. Elles s'avancent à l'affût d'un endroit nouveau. "Avancez encore, pense l'homme attendri. Passez le long du mur de la maison, derrière le lilas qui toujours un peu en retard se couvre de blanc quand les autres se ternissent. Ne touchez pas aux framboisiers. Passez derrière le bateau, le tas de grosses pierres. Allez devant le petit potager miniature où l'on plante chaque année quelques pieds de tomates qui donneront l'été des cueillettes magiques. Et là contre le mur, les deux petites filles découvrent une cabane de bois peint. Une maison à leur mesure. La maison est encore vide. Le bois n'est pas peint. On monte quelques marche pour arriver sur une minuscule terrasse. C'est un terrain désert qui les attend pour qu'elles inscrivent là leurs propres rêves, leurs propres histoires.

La plus grande s'avance. Elle ne sait pas encore que, si Dieu veut, cet endroit restera dans sa mémoire comme cet endroit magique entre deux noisetiers du jardin de son arrière grand père. Enhardie, elle appelle Boucle d'or. La plus petite rejoint. Et là, ami lecteur, c'est là que toi et moi disparaissons du décor pour les laisser vivre à l'envi leurs propres rêves. S'il nous arrive d'avoir parfois notre place dans cet endroit, c'est uniquement lorsqu'elles nous y invitent...ou parfois pour règler quelques petits conflits. Retirons nous discrètement, laissons les prendre leur place.

Allons à notre tour profiter de ce dimanche qui semble aussi bien démarrer que la veille. Miracle du soleil : les soucis s'estompent. Les ombres s'effacent.

Bon dimanche.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Elles ont beaucoup de chance , vos petites princesses ,d'avoir ce grand père si aimant et attentionné . Le bonheur tient à si peu de chose c'est merveilleux :-) <br /> <br /> Doux dimanche à vous et aux vôtres aussi !!
Répondre
C
"L'été des cueillettes magiques" c'est beau comme le titre d'un " vrai" roman.<br /> <br /> Voilà un billet qui, malgré quelques phrases qui méritaient d'être un peu expliquées, nous laisse une douceur dans le regard, la même que lorsque l'on se penche au-dessus d'un berceau. J'aime vous retrouver, Jacques, dans ce que vous avez de plus profondément aimable.
Répondre
M
Une fois de plus j'entre émerveillée dans votre univers et je me demande si tout cela est bien vrai, ou simplement imaginé... Je peux bien vous le dire : jamais je n'ai vu un homme prendre un tel soin de sa descendance, cela m'émeut profondément et je suis heureuse pour vos princesses...
Répondre
H
...Et dans cette petite maison, elles utiliseront leur dinette et vous prépareront une salade aux pissenlits, une crème au chocolat à la terre piquée de pâquerettes dont vous mimerez une dégustation extatique, forcément, une recette comme çà, même maminou ne la connaît pas ! <br /> <br /> Oh Jacques ! dans votre récit vous faites revivre mon grand-père qui avait repeint pour mes poupées les petits meubles avec lesquels jouait ma maman, avait accroché une balançoire sur la grosse branche du tamaris et m'avait construit un cerf volant qu'il m'aidait à lancer et à faire voler tellement haut qu'on le perdait de vue... tout son stock de fil à pêche y avait été consacré ! Et dans la tonnelle en charmille, il avait taillé une toute petite porte pour ma soeur et moi, juste à côté de la grande, celle des adultes. Nous étions à la fois très fières d'avoir ce passage spécial et aussi un peu craintives des araignées qui y tissaient leur toile... Ce main, grâce à vous, je me suis rappelé ces années si douces pendant lesquelles j'ai moi aussi été une petite princesse au coeur léger comme l'air, alors soyez sûr, j'en témoigne, que jamais vous ne disparaitrez de leur souvenir, et le Bon Dieu s'en souviendra, car "on n'est riche que de ce que l'on donne" (maxime de papy Louis !)
Répondre
B
j'imagine bien la joie des princesses et celle de celui qui a préparé cette surprise pour leur plus grand bonheur. Que d'aventures à vivre!! Bonne semaine
Répondre
et pourquoi ne pas le dire ?
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 240 205
Archives
Derniers commentaires
Publicité