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et pourquoi ne pas le dire ?
20 mai 2013

Le petit homme en rose : Dénouement(2)...et fin de l'histoire

L'homme était impatient de savoir ce qui avait pu se dire lors de cette cérémonie du 8 mai. Il n'osait pas appeler son ami. Il attendit. Quelques jours plus tard le facteur apporta une lettre. Elle venait de son vieil ami. Il l'ouvrit. Elle était longue. L'homme se demanda s'il allait imposer à son lecteur de la lire en entier mais il ne put se résoudre à en retrancher la moindre ligne :

"Cher ami,

 

Lorsque j'ai reçu votre demande de recevoir votre ami Philippe, j'ai d'abord eu envie de refuser. Je suis très fatigué. Chaque mot, chaque geste me coûte.Il a fallu que je me souvienne des liens d'amitié avec votre père pour que je trouve le courage d'accepter. Dès les premiers mots échangés avec votre ami, j'ai senti ce dont vous me parliez dans votre lettre. Il y a chez lui une volonté de découvrir ses propres racines et de sentir autour d'elles la terre qui les a fait croître. On ne dira jamais assez combien l'amour d'une mère au travers des gestes du quotidien peut faire germer dans le coeur d'un homme de qualités cachés qui ne demandent qu'à grandir, malgré ce père absent et défaillant.

Il y a chez cet homme un mélange de pudeur et de curiosité assez étrange. Il m'a rapidement raconté sa recherche, votre rencontre et le sens de sa démarche. L'homme est intelligent. Un esprit clair. Des phrases courtes. Peu de sentiments révélés. Dés les premières phrases j'ai eu envie de remplir cette mission difficile. En quelques heures, en quelques jours, au travers de quelques écrits, partager avec lui un patrimoine que je n'ai toujours pas fini d'explorer à l'approche de la fin de ma vie. Je l'ai reçu dans cette maison de M... où vous êtes venus quelques fois. Nous étions en famille et j'étais ainsi dégagé des quelques rares tâches qui d'ordinaire m'incombent. Je lui proposai de passer quelques jours avec nous. Ce fut pour lui une sorte de retraite. Je découvris qu'il avait exploré déjà de sa propre initiative bon nombre d'auteurs et qu'il avait déjà accumulé beaucoup de matière première. Il questionnait. Je répondais.Il prenait des notes. J'avais le sentiment de l'aider simplement à mettre en place un puzzle dont il possédait toutes les pièces. Je ne sentais plus la fatigue.

A la fin de son séjour. Il remercia tout le monde avec la gentillesse et la simplicité qui révèlent la valeur des hommes et un sens inné de la politesse. Je lui parlai alors de cette cérémonie. Je lui proposai de m'accompagner. Il accepta.

Je ne vous raconterai pas cette cérémonie ni l'entretien dans son détail. Nous étions trois. Trois hommes : trois générations. Celui que vous appelez "le petit homme au costume bleu marine" était le chaînon qui aurait pu nous unir. Pourtant il était l'élément de fracture, l'intrus. Je ne connaissais pas l'homme. Je n'avais aucune sympathie pour ce qu'il représentait; Mais j'ai le plus profond respect pour les institutions de mon pays qui donnent à ceux qui en sont en charge une grandeur qui heureusement les dépasse. J'avais connu autrefois son père, à une autre période noire de notre histoire. J'avais du respect pour cet homme qui avait combattu avec nous à sa manière. Je savais que son fils haïssait cette époque et nourrissait pour elle une véritable haine et pour son propre père un grand mépris. L'homme au costume bleu marine était une sorte de renégat qui avait passé sa vie à vouloir effacer ce souvenir. Il en avait honte. Cette honte l'avait conduit à une suite de reniements qui, joints à l'ambition, l'art de la manipulation, la rencontre avec une femme qui portait en elle les mêmes trahisons, l'avaient mené à ce poste de pouvoir.

Nous pensions avoir peu de temps. L'homme au costume bleu marine me parla de ma vie. Il était intelligent. Il connaissait ses fiches. Il voulait probablement donner à des électeurs potentiels l'image du respect des quelques rares survivants que nous sommes. Rien n'est jamais gratuit chez les politiques. L'évocation de ma vie fut rapide. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés à parler de l'actualité de cette loi scélérate qui nous concerne tous. Au hasard d'une phrase votre ami répondit lui-même à une question qu'on me posait. Sans savoir pourquoi l'homme au costume bleu marine changea d'interlocuteur. La jeunesse attire les hommes politiques qui voient en elle leur avenir, leur électorat de demain, et qui espèrent toujours laisser une trace dans l'histoire. Votre ami lui raconta tout, sans retenue : son père, la découverte de sa situation, l'ignominie de cette loi pour des hommes comme lui, enfants de ces unions futures que la loi allait permettre. Chacune de ces phrases sonnait juste. J'avais l'impression d'entendre ce que j'avais toujours tenté de dire. L'autre ne savait que répondre. Sûr de se son intelligence il avait d'abord tenté d'argumenter. Mais au fur et à mesure des paroles de votre ami, ses arguments montraient leur vanité, leur mensonge. On le sentait touché dans son intelligence. Un de ces instants de grâce qu'on espère toujours. Peut-être aussi le sentiment qu'il n'avait rien compris et qu'en refusant son héritage il serait à jamais banni de l'histoire de son pays.

J'ai eu un bref instant le sentiment que tout lui apparaissait : la façon dont il s'était laissé manipuler par ces groupes de pouvoir, la nécessaire exigence de renoncerà cette loi, la profonde tristesse d'être passé à côté de sa vie. Il était si pitoyable qu'il en était presque touchant. Il se ratatinait sur lui-même. Il écoutait comme l'élève attentif qu'il avait du être. comme un enfant qu'on sermonne. Il ne répondait pas. Le temps courait. Il fallait bien que la conversation s'achéve. Il nous raccompagna avec tellement d'égards que je crus en une sorte de rédemption.

Dans la voiture qui me raccompagnait chez moi, votre ami était muet. Il avait accompli  un très grand effort. Il ne prononça que les mots nécessaires pour remercier. Aucun triomphalisme. Aucune satisfaction d'avoir pu ainsi exprimer ses opinions. Il semblait épuisé.

Il ne fallu que quelques jours pour voir que le petit homme en costume bleu marine avait été très vite repris en main. Il promulgua sa loi. Aucun politique  "installé" n'osa s'y opposer avec la force nécessaire. Les "Sages" avaient une fois de plus montré leur peu de courage.

Pourtant c'est avec un grand optimisme que je termine aujourd'hui cette lettre. J'ai vu, incarné par votre ami, se révéler une génération riche et généreuse qui semble enfin sortie de cette gangue de honte qu'on tente de lui faire porter depuis des décennies. Je me dis que ces jeunes gens, et les moins jeunes aussi, qui se sont engagés dans ce combat trouverons  au fond d'eux mêmes les ressources nécessaires pour redonner à notre pays qui n'en a que trop besoin, son sens de l'honneur et de la mission qui lui incombe.

Il me faut cher ami, vous quitter, retourner à ma vie quotidienne. Vous transmettrez mon amitié à votre chère épouse."

C'est sur cette lettre et cette image d'espoir que je veux, ami lecteur, terminer cette histoire "du petit homme en rose".  Je te remercie d'avoir bien voulu accepter de me lire et de m'avoir parfois encouragé. Si tu veux retrouver ce message et en vrac quelques autres écrits, je t'inivite à les les rechercher sur mon blog :

Et pourquoi ne pas le dire ?

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Commentaires
A
Oui, il faudrait un jour, discuter "en vrai". Avec Jacques, avec Zénondelle, avec toi, Lady. Je crois qu'une première et indispensable chose serait déjà de ne pas amalgamer mariage civil et religieux. Je suis certaine que la confusion existe, même inconsciemment. J'ai entendu des amis catholiques pratiquants dire qu'ils ne voulaient pas que "les homosexuels s'emparent de notre mariage !"<br /> <br /> Et ajouter évidemment qu'ils ont plein d'amis homosexuels qui ne veulent pas de ce mariage. Je ne reviens pas sur ces débats, puisqu'ils sont inutiles.<br /> <br /> Apparemment, 50 000 enfants vivent déjà au sein de couples homosexuels. Je ne pense pas que cette situation soit enviable, ni idéale pour un enfant. Je ne crois pas non plus au "droit à l'enfant". Par contre, je ne crois pas qu'un enfant puisse s'imaginer qu'il est issu de deux parents d'un même sexe. L'enfant qui vit avec une mère seule sait parfaitement qu'il y a eu un homme quelque part ! même s'il n'a pas accès à cet homme. Et je n'imagine pas non plus qu'un couple homosexuel désire faire croire à un enfant qu'ils sont tous les deux ses parents biologiques !<br /> <br /> Un enfant ne vit pas simplement dans sa cellule familiale réduite aux parents qui l'élèvent, et fort heureusement. C'est vrai pour tous les enfants, je ne vois pas que les enfants de couples homosexuels échappent à cette évidence.<br /> <br /> Il ne faut pas brandir les situations extrêmes comme des repoussoirs. Je l'ai déjà exprimé chez toi, Lady, nous organisons tous des petits arrangements avec nos convictions, pour rendre la vie plus facile, ou moins douloureuse. Alors soyons honnêtes, soyons bienveillants, nul n'est obligé de renoncer à ses convictions. Mais il n'est pas interdit de réfléchir avec ceux qui nous semblent si loin de nous.
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L
@ Zenondelle, je crois que vous êtes trop dure, vous ne comprenez pas la blessure que nous inflige cette loi, non pour nous, mais pour toutes nos familles surtout et pour les homosexuels d'abord.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis désolée de constater la voie que prend la France, les homosexuels ont acquis ce qui n'est qu'un leurre, j'aurais aimé qu'ils puissent accéder à un statut différent, unis dans une union civile, avec tous les avantages matériels et la reconnaissance de la société de cette union, mais sans enfant, car la nature de cette relation est stérile et leur amour tout respectable soit il est stérile, leur vocation est ailleurs.<br /> <br /> <br /> <br /> Un enfant a besoin de l'altérité sexuelle de l'homme et de la femme pour se construire, de même qu'il a besoin d'un spermatozoïde et d'un ovule, ce n'était pas pour rien.<br /> <br /> <br /> <br /> Jacques n'a rien d'intolérant, il dit simplement ce qui lui parait évidence, fermement, je partage pleinement ses convictions. Il faudrait qu'un jour je discute en vrai avec Anne.
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Z
Anne ma chère Anne, si vous étiez religieuse, je crois que j'aimerais à partager votre temps, vos prières, votre humanité.<br /> <br /> Quant à vous Jacques, vous offrez décidément le visage de la religion le plus intolérant, le plus fermé, et le plus triste aussi. Quel dommage !
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A
Toujours, je me sens interpellée par cette interrogation "Anne, ma sœur Anne ...." Depuis longtemps ici je suis silencieuse.<br /> <br /> J'ai été rassurée Jacques, que vous disiez à vos lecteurs, dans un post-scriptum dernièrement, que la personne est la même, qu'elle parle de souris, de jolie famille, ou de combats à mener. Certains voudraient vous encourager à ne raconter que de jolies histoires, vous aimant ainsi. Comme si parfois, vous étiez pris par des démons qui débordent et viennent s'installer jusque sur votre joli blog. Ouf, quel soulagement le lendemain, de vous voir revenir à vos princesses ! <br /> <br /> Il y a fort longtemps, Jacques, que j'ai compris que vos combats ne sont pas les miens, que je ne partage pas vos idées, que la Bible que nous lisons résonne en nous de manière différente. Je ne sais pas si un blog permet les échanges que vous souhaiteriez. Vous me semblez si passionné. L'écrit ne permet peut-être pas la spontanéité de l'échange. On a peur d'être mal compris, on ne voit pas son interlocuteur, on craint de froisser. Je trouve dommage que si peu de blogs autorisent la vraie discussion, avec des personnes qui pensent différemment. Je rends hommage au passage à Lady Warterloo qui accepte totalement les opinions très différentes des siennes, permettant par là même aux lecteurs d'échanger entre eux également, sans qu'elle en prenne jamais ombrage.<br /> <br /> Bien évidemment, j'aime la façon dont vous racontez les jolies histoires. Je suis d'autant plus désolée de ne pouvoir échanger avec vous sur les sujets plus graves.<br /> <br /> Je n'ai pas l'habitude de "passer mon chemin" quand je voudrais partager.<br /> <br /> Alors du haut de la tour, sur la route au loin, que vois-je venir ? J'espère un peu plus d'humanité, la vraie. Celle qui ne juge pas, mais accompagne. Celle qui se remet en question, sans pour autant avoir l'impression d'abandonner l'essentiel. Accepter que la vie de chacun est unique et que ce n'est pas moi qui juge.<br /> <br /> J'ai beaucoup appris ces derniers mois, il est assez rare qu'on s'exprime aussi librement sur un sujet qui peut fâcher. Découvrant des proches qui ne pensaient pas du tout ce que j'imaginais, m'obligeant à plus de tolérance, essayant de comprendre. Sommes nous si éloignés qu'on ne puisse faire des pas les uns vers les autres, en restant soi-même, pour finalement, cheminer ensemble ?
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A
Et pendant ce temps-là, en haut de la tour où la petite femme arc-en-ciel se morfond: Anne, ma soeur Anne ne vois-tu rien venir? Je ne vois que la route qui poudroie et l'herbe qui verdoie...et les derniers espoirs d'un monde doux et vrai se sont écrasés sous les pas lourds de l'indifférente réalité.
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