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et pourquoi ne pas le dire ?
14 décembre 2013

Une crèche

Et pourtant la semaine avait été fatigante. Il aurait aimé que le réveil soit plus tardif. Mais non, inexorablement, bien avant le jour, le sommeil s'était envolé. Il s'était dit que c'était probablement l'appel à remplir ce samedi de belles et bonnes choses. Tout autour de lui l'attente du Nouveau-Né a des couleurs et des odeurs de fête. La maison se prépare, les frigos se remplissent de bonnes choses et les nouveaux moyens d'échanges bruissent de secrets, de cadeaux qui se préparent et de douces attentions. Cette année leur Noël de famille mettra des lumières à deux endroits très éloignés l'un de l'autre. Deux enfants seront  là, chez eux, dans le cadre immuable et pourtant chaque année renouvelé des Noëls de leur enfance. Trois autres se retrouveront aux portes de la Chine à entourer le petit chevalier et les deux petites princesses.

"Encore un dodo et oncle Ben sera là" a dit hier une gentille maman à deux petites filles impatientes de revoir "en vrai" l'un de ceux qui animent leurs écrans . Doc Ben aura quitté son bateau et ses amis de l'autre bout du monde et à mi-chemin de ses parents s'arrêtra chez sa soeur et son beau-frère.  Aux deux endroits on associera d'autres membres de la famille Ici ce seront une soeur et un beau-frère, la bas un jeune couple de cousins en voyage de noce. On fêtera ainsi le Dieu-Nouveau-né. L'attente de cet Être de lumière n'enlève rien à la fête ordinaire. Les cadeaux se préparent. La joie aussi s'installe peu à peu.

Pourtant le pays fait entendre des bruits de haine à l'encontre de la famille. L'homme ne comprend pas cette violence de sentiments qui tend à vouloir effacer vingt siècles de civilisation et revenir à la barbarie des moeurs. Il a du mal à trouver des raisons d'aimer ces hommes qui veulent à tout prix combattre la famille. Il remercie son Dieu de lui apprendre l'amour des ennemis mais il lui demande aussi la force et le courage de les combattre sans haine, sans mépris et sans peur. Comment ? il l'ignore encore mais il sent bien qu'on ne peut pas en rester là sans rien faire.

"Tu t'égares, mon ami. Reviens à la joie de Noël !"

Il est donc descendu. Il espérait que le sommeil revienne. Il n'est pas revenu. Il a donc commencé la patiente séquence des matins : les petits gestes, les volets qu'on ouvre, le bois que l'on rapporte  et le feu qu'on prépare. On l'allumera à midi, après le déjeuner, à l'heure d'une courte sieste.  Il sait que le matin sera actif et qu'aucun d'eux n'aura le temps de s'installer devant. Le lave-vaiselle qu'on vide, les yaourts à sortir et à mettre au frigo. De tout petits gestes. C'est Elle qui donne à la maison son rythme. Lui n'est qu'un petit "prête-la-main" mais il aime cette humble participation.

Il lui reste du temps encore. Du temps pour lire, pour répondre à quelques messages et même pour écrire un peu. Il s'assied un instant devant la crèche. Il aime ces crèches de Provence. Les crèches de son enfance étaient installées plus tard. Seuls, quelques personnages entouraient l'Enfant : ses parents, le boeuf et l'âne, quelques bergers et moutons en attendant un peu plus tard les rois mâges. Lorsqu'il a connu les crèches de Provence, il a tout de suite aimé ces nombreux personnages, ces santons qui ressemblaient tant à ces passants qu'il croise, les gens de peu, les gens de rien, les riches de leur pauvreté. Construire sa crèche, c'est décliner l'ensemble des béatitudes, la richesse dans la pauvreté, la force dans la faiblesse, la sagesse dans l'humilité. Là encore des doigts de femme sont bien plus habiles à organiser le décor, à placer avec harmonie les personnages. C'est donc Elle qui a placé le décor.

Un ciel en tissu bleu nuit, quelques  étoiles accrochées, deux bandes de liège figurent deux chemins qui ménent à l'étable. Quelques boites structurent le papier kraft, du riz pour un chemin de gravier, quelques lentilles délimitent un autre espace et bien sûr, au fond de l'étable, au coeur de l'action, deux parents entourent un petit berceau vide qui par miracle sera garni de l'enfant lorsque la cloche aura sonné minuit. Les santons sont là :  le ravi, les bergers, les petits artisans de métiers maintenant disparu, toute l'agitation du monde qui va cesser en un instant. Chaque année leur en apporte quelques nouveaux. Cette année on  a changé de fournisseur tant le santon qui représentait "Mistral" était beau chez le concurrent. On a aussi ajouté ce petit mouton à quatre pattes. Les deux bons gros moutons, les parents, qui sont là depuis le début ont le poil un peu plus blanc. Les quatre autres, les enfants, se sont enrichis d'un cinquième, un gendre, un frère choisi et adopté. Les trois petits derniers sont les plus concernés par les secrets de cadeaux et les espoirs du pied du sapin. Bien sûr que l'âne et le beuf sont là et en place d'honneur, mais il y a aussi le chien, le chat plus familiers et les d'autres animaux. Les bergers sont là en nombre même si on n'en compte de moins en moins dans les villages alentour.

Un instant de douceur. Un moment de prière. Et l'envie de la raconter et de la partager avec les autres santons qui seront ce soir de Noël derrière leurs écrans. L'homme n'est pas du genre à se lamenter devant la frénésie d'achat qui entoure la période. Il sait que son Dieu de Joie sait adoucir les coeurs et que mêmes les plus endurcis, touchés par la douceur de ceux qui les aiment, lui feront, peut-être sans le savoir une place au trèfonds de leur âme. Il porte aussi dans son coeur les oubliés de la fête, ceux qui ne pourront partager qu'avec eux mêmes le mystère de cette nuit. Il les porte dans sa prière aussi.

Et puis il y a ceux qui cette année contempleront d'en haut cette fête d'ici bas. Il y a cette grande soeur, et ses parents et tous les autres qui sont partis comprendre une bonne fois pour toute le sens de ce mystère.

Et puis il y a la vie qui continue, le cycle doux ou brutal des jours qui passent. Il faut donc qu'il laisse la place et qu'il se prépare à l'action. Mais sa journée sera toute éclairée de la contemplation  de leur crèche, dans la nuit qui finit et le soleil qui se met en place, un matin d'hiver, froid et sec en Provence.

Et toi mon ami, qui a bien compris que je voulais partager avec toi ce mystère avec mes mots bien maladroits, sache que je pense à toi.

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Commentaires
C
Le ciel bleu nuit piqueté d'étoiles au dessus-de la crèche...que voilà une image agréable aux yeux d'une amoureuse des astres...(en deux mots! ^^)<br /> <br /> Enfant, déjà, je regardais, fascinée , briller l'étoile, celle qui avait guidé les bergers. Et l'odeur du sapin mêlée à celle des mandarines ravissait mon coeur d'enfant.<br /> <br /> De beaux souvenirs ravivés le temps d'un billet.
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H
ce soir je repasserais lire ce joli texte , en ce moment j'ai un peu mal au yeux alors il faut que je calme un peu l'ordi , mais ce soir promis je passerai , là je suis en pause et je n'ai pas trop le temps et d'abord les jolis textes de Jacques ça ne se lit pas comme ça à la va vite ça se savoure , bin oui quoi ! bisous mr Jacques et PSV aussi vous fait un bisous , il boude en ce moment je ne sais pas pourquoi , il se fait vieux peut être , à plus tard !
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M
Un instat de douceur ...<br /> <br /> Merci de partager avec nous les bons et les moins bons moments...<br /> <br /> Noël arrive à petits pas , savourons l'instant :-)<br /> <br /> Je vous souhaite un doux troisième dimanche de l'avent ...<br /> <br /> je vous embrasse !!
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et pourquoi ne pas le dire ?
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