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et pourquoi ne pas le dire ?
23 février 2014

Envie...

Il s'était levé comme un dimanche, un peu plus tard qu'à l'ordinaire. Mais la nuit était encore là, bien campée, un ciel clair, des étoiles encore. La vie avait maintenant repris son rythme. Un chantier comme il aime : un cabanon, une petite maison à rebâtir en pierre. Il avait pu avant de partir au bout du monde faire la partie la plus pénible : détruire ces murs de mauvaises pierres mais qui avaient renfermé de la vie, des animaux, des outils, des confidences et des amours peut-être. Il avait fallu évacuer ces ruines et rapporter des pierres récupérées sur sa propre maison. Il aimait ce transfert. Comme les anciens on réemployait les pierres presque à l'infini pour rebâtir. C'était cependant bien un peu lourd. Il n'était pas non plus question de se laisser aller à prendre son temps. Il fallait travailler davantage pour récupérer le temps des vacances. Dans son monde à lui le mot "congés payés" n'existe pas et chaque jour de vacances se paye un peu avant ou un peu plus tard. Il voyait donc venir le soir avec une lourde et saine fatigue.

Heureusement un de ses frères était venu l'aider et apporter sa propre part de travail. C'était en plus une occasion donner de se re-connaître. Quelques phrases échangées entre deux brouettes de pierre et surtout tous les silences, tous les gestes. Le travail partagé dit souvent plus de l'autre que des heures de paroles. Le travail avançait. La maisonnette sortait de terre. Solide et bien campée sur le sol, elle donnerait l'impression de lui appartenir entièrement. Hier il avait laissé filé le temps doucement. Il avait quand même pu aller voir cet ami et cette maison qu'ils reconstruisent à deux. Une maison de régisseur accolée à la belle bastide. Longtemps abandonnée ils ont patiemment tout reconstruit, tout redessiné, tout repris. l'ensemble est vraiment beau. Il reste encore une belle pièce à faire à l'étage. Il ira leur donner le coup de main nécessaire à remonter les plafonds détruits. L'occasion d'admirer le travail des autres. Un peu de temps passé avec la dame un peu âgée qui vit aujourd'hui dans la bastide devenue trop grande, trop froide et trop vide d'un mari disparu. Elle vivra là : plus de douceur, plus de chaleur, plus de confort et des enfants, des petits-enfants et même des arrières-petits-enfants qui viendront égayer la grande demeure qui retrouvera tout son sens. Une dame âgée, un gentil boxer tout jeune et tout fou qui vit avec elle et qui veille sur elle.....et qui se jette sur lui pour lui montrer qu'il est prêt à lui accorder toute sa sympathie pourvu qu'il soit, comme lui, prêt au jeu.

Et puis ce matin : Il ouvre son ordinateur. Une page. Des photos de tempête. Il connaissait le talent du photographe mais il reste suffoqué par la beauté de la chose. Cette mer, cette puissance, ces assauts, ces phares qui résistent, ces assauts de puissance. La mer : un monde trop peu connu qui est pourtant maintenant le cadre de vie de son fils.

Une fois n'est pas coutume : je vous transmets le lien  de ces belles photos 

Il ressort sans voix de la contemplation de ces images. Une envie forte de nature qui s'empare de lui. Une envie de sentir autour de lui, le vent, les odeurs, les couleurs. Il se prend à rêver. Il faut qu'il monte au Ventoux à pied.  Il marche déjà dans sa tête. Il voit le petit matin, le réveil. Le départ au plus tôt. Il sent la fatigue de la montée qui commence, les muscles qui se réchauffent mais qui ont perdu l'habitude de la marche. Les chaussures reçues à Noël pour St Jacques et qu'il faudra éprouver. IL imagine le sac quii commence à peser et au fur et à mesure des pas le bonheur du corps qui se souvient de ses forces. Quelques bruits. Parfois un buisson qui bouge et qui révèle la présence d'un animal dérangé. Il faut aussi qu'il repère quelques promenades faciles pour des petits-enfants qui viendront cet été. L'envie est né. Pas cette semaine : encore trop tôt. Il faut que le travail avance encore. Il se donnera les moyens. Ce sera le début de la semaine suivante. Mardi, mercredi peut-être. Une pause de solitude. Un repas au pied de la petite chapelle accrochée sur les cailloux. Une longue pause à contempler le ciel et les horizons offerts. Et puis la descente, plus facile et le retour aussi.

Un dimanche qui commence bien se dit-il. Et il s'apprête à quitter sa place lorsqu'il entend une petite voix. Une petite souris qui lui souffle à l'oreille. "Dis, tu ne continues pas mon histoire. M'aurais tu oubliée. " "Bien sur que non ! lui répond l'homme, un peu menteur, je te promets que je raconterai très vite. Mais là, vraiment je dois y aller."

Et l'homme se lève de la table de travail, au pied de l'escalier. Le jour est maintenant bien levé et bien clair. On entend des oiseaux. il y a dans l'air comme un avant goût de printemps.

Ami lecteur, je te souhaite un bon dimanche.

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Commentaires
P
Nous sommes déjà lundi mais je prends le bon dimanche que vous lancez comme une invitation à savourer la semaine qui commence. Un peu de travail, un peu d'écriture, quelques peintures et un besoin impérieux de profiter de la nature, le soleil le sait puisqu'il se montre sous son meilleur jour pour un mois de février... bonne semaine Jacques
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M
Ces photos nous remettent à notre place , toute petite place face aux éléments déchainés . Sans même les voir j'imagine ...la maisonnette ,ainsi que la petite chapelle ... <br /> <br /> Merci pour ce nouveau partage , Jacques , je vous souhaite une agréable soirée et une belle semaine à venir :-)
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P
oh j'avais écrit un grand commentaire et plouf il s'est noyé dans la tempête , bon je disais merci pour le beau partage des photos ça fout la trouille ! je vous souhaite un bon dimanche il fait trop beau ! bisous Jacques !
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et pourquoi ne pas le dire ?
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