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et pourquoi ne pas le dire ?
21 avril 2014

Lundi de Pâques

Il fallait bien laisser à Pâques sa place bien méritée :La joie particulière de ce jour de Résurrection, la magnifique messe à l'abbaye, Les deux enfants "français" rassemblés autour de nous, les autres dans leurs Pâques du bout du monde, la visite d'un petit couple tout neuf et bien sympathique, la soirée de dimanche passée avec les amis de toujours.

Et puis savourer ce retour à l'écriture après un long silence, imposé d'abord, subi longtemps et puis générateur de ce recul bienfaisant qui permet de mettre toutes les choses en perspective. L'homme avait voulu pendant ce temps de Carême retenir sa plume et limiter la distraction de l'ordinateur. Le temps de mieux en prendre la mesure.

Il avait fallu alors taire les mille petites choses de la vie qu'il avait plaisir à partager : La fin d'une campagne électorale, la joie d'une réussite partagée, le bonheur de découvrir encore un nouveau visage à son village qui grossit à la taille d'une ville mais qui veut rester lui-même. Des visages nouveaux qui ont de plus en plus souvent un nom, une histoire, un besoin à satisfaire, un problème à résoudre. Le bonheur de voir tout un travail d'équipe récompensé et sortir enfin, au moins au niveau local, de cette appropriation irrationnelle de la politique par les partis du même nom. Des idées simples et partagées, la seule volonté de servir, la recherche de la compétence et l'envie de grandir ensemble et en harmonie. Il avait fallu taire aussi la mort de ce petit chien, vieux compagnon de fortunes et d'infortunes, présence chaleureuse, le triste moment d'un départ, la peine non dissimulée. On sait bien tenir chaque chose et chaque être à sa place, il n'en et pas moins vrai qu'on ne saurait effacer sans tristesse un aussi long chemin fait ensemble.

Il avait fallu ne pas aller se promener sur les pages amies, savoir taire sa plume, laisser "le petit homme en rose" dans le silence dans un pays confié à des incapables, des hommes et des femmes dans lesquels on ne se reconnaît en aucune manière et qui voient les familles comme des ennemis. Une curieuse inversion de la morale ou le mal est érigé en bien et ou les bien est stigmatisé en mal : une sorte de pays à l'envers.

Et puis raconter à ses seuls petits enfants l'histoire de Picodon, le petit hérisson, rencontré dans le jardin de cet ami malade et les étranges confidences de ce petit être tout en piquants qui venait de trouver sa place dans la galerie de ces amis qu'on rencontre et qu'on raconte à ses petits enfants. Maintenir aussi dans le silence les imaginations, les bricolages possibles, qui se mettent en route pour préparer les surprises et les bonheurs des prochaines vacances de petits-enfants attendus avec impatience.

Et puis taire aussi ses inquiétudes, le chantier qui piétine à cause du mauvais temps, les paiements qui tardent, l'inquiétude du quotidien que seules font taire la bienveillance de la Providence et les paroles bienfaisantes des amis toujours présents.

Ne pas parler non plus de l'aide de ce frère, de ce petit frère, donnée sans contrepartie négociée, abandonnée au possible, laissée au temps. Des gestes exécutés ensemble, des techniques qu'on améliore, une petite maison, plutôt un gros cabanon qui se construit de nos mains... ensemble. Partager des heures de travail, des repas, des inquiétudes, des fatigues, parfois même des incompréhensions et des impatiences et se laisser aller au jeu subtil et parfois difficile de l'apprivoisement réciproque.

Laisser dans le silence mille rêves, des centaines de voyages dans les pays imaginaires, des histoires qui veulent sortir et venir vite se coucher sur le papier, avec l'inquiétude de les perdre peut-être pour toujours. Attendre aussi pour répondre sur sa foi à une amie qui questionne, laisser au silence sa place si nécessaire pour affûter les phrases et leur donner leur vraie couleur.

Les mots alignés au bord du bureau regardent l'homme d'un air bienveillant. Ils piaffent d'impatience de servir à nouveau; "Je vous promets, leur dit l'homme, de très vite vous redonner de la place, votre vraie place, de vous laisser tisser vos belles farandoles de phrases, d'aller chercher au fond des dictionnaires ceux qu'on ne voit pas assez souvent, de vous laisser parler et même parfois même délirer."

Mais le temps est déjà passé et le billet ne doit pas être trop long pour garder quelque saveur. Et ce lundi de Pâques s'annonce avec un vide-grenier, un pique-nique si le temps s'améliore, beaucoup de temps laissé de toute façon au bonheur de vivre et d'être ensemble.

Juste le temps de vous quitter, content de vous avoir retrouvés, pour ce lundi de Pâques qui attend d'être consommé, tout dans l'attente de vous retrouver au plus vite.

Je vous souhaite une très bonne journée.

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Commentaires
M
Je vous ai un peu suivi dans votre retraite, cher monsieur Jacques... A présent, les beaux jours sont là, vos billets reviennent, tout cela contribue à la joie dans cette période où il faut rester dans l'Espérance !
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et pourquoi ne pas le dire ?
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