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et pourquoi ne pas le dire ?
23 mai 2014

Une belle maison...une gentille dame

Pourquoi le sommeil avait disparu ? Il n'en avait pas la moindre idée. Pourtant il aurait eu sa place, ce sommeil réparateur. Mais non! il avait fui et le cerveau était comme vide. Il ferma les yeux dans l'espoir de s'endormir mais s'affichait une seule et belle image, une paires de belles maisons dans lesquelles il avait travaillé, il y a peu de temps. Il se leva. Il se dit qu'il fallait les écrire, les décrire.. ces maisons , qu'ainsi elles auraient pris toutes leurs places dans son musée des belles maisons et qu'elles redonneraient au sommeil sa vraie place.

Ce sont de belles maisons. Elles ne sont pas très loin mais déjà dans un autre département. Il doit traverser le fleuve. Quitter le département c'est toujours un peu l'aventure.

Un chapelet de belles églises s'égrenne le long de la route, de charmants villages traversés et là tout à coup les deux tours d'un château ruiné dominent la plaine. Ensuite un curieux rond point dont le centre est garni d'un seul et beau portail de fer...ouvert. Ouvert sur qui ? sur quoi ?un clin d'oeil à ceux qui passent ou peut-être au temps qui s'écoule. Encore quelques kilomètres. On traverse tout à coup la grande route rapide. On se retrouve devant un Beau portail.

Il ne sonnera pas. Sonner peut réveiller la gentille dame qui sommeille au château, ou pire son gentil mais turbulent et robuste chien joueur qui le guetterait pour partager avec lui ses jeux à l'heure du travail. Il rédige sur son téléphone un rapide message à l'ami qui l'attend à l'intérieur. La belle porte de fer blanchie s'ouvre et on peut alors apercevoir une seconde porte qui dessine ainsi une gracieuse perspective et qui est déjà prête à s'ouvir à son tour.

Quelques mètres encore. Au coin du chemin il ne reste plus que les racines du grand chêne que la tempête a abattu. Ses amis l'ont déjà transformé en bois de chauffage, scié, débité, fendu, rangé prêt à sécher pour un prochain hiver. Il tourne sur la droite, s'avance vers la maison, dépose sa voiture près du grand garage sans gêner le passage. C'est le nord de la maison un endroit un peu sombre que seuls égaient quelques grands pots de rhododendrons entretenus avec soin.

Il regarde l'ensemble par le côté nord, en Provence c'est le côté des domestiques et des servitudes et c'est le sud, plus noble, qui accueille les invités de marque. Deux maisons accolées. A sa gauche la petite maison qu'on restaure. Autrefois rendez vous de chasse ou de promenade puis ferme, puis maison de régisseur. A sa droite la grande maison fière a des allures de petit château. De grande fenêtres, de belles pierres de taille aux coins et encadrant les ouvertures, on aperçoit un peu l'intérieur au travers de délicieuses vitres anciennes qui troublent l'image comme un brouillard léger. La maison s'éléve sur  deux étages, un joli fronton donne à cette belle demeure du XIX ème siècle des allures de pavillon  du XVIII ème.  L'homme aime les maisons de cette époque : de beaux matériaux, la maîtrise des moyens de constructions modernes et des techniques héritées du passé. L'ére moderne passée par là a permis le chauffage et les grandes fenêtres qui laissent circuler tant de lumière.

Il rentrera à gauche mais à midi la belle maison ouvrira ses portes pour un déjeuner dans la belle salle à manger du sud. A gauche le petit pavillon s'est transformé. Les salles de travail, les étables, les écuries se sont muées en cuisine, en salons, en chambres. La gentille dame qui habite la grande maison l'a donnée en partage à ses enfants. Elle prendra pour elle, l'autre, plus petite, modernisée, plus adaptée à son âge et à une vie qui a moins besoin de place. Ses enfants à leur tour prendront leur place dans la grande maison qu'elle a aimée et habitée. Ils auront la place de recevoir leurs propres enfants et petits enfants. Ils voisineront ainsi pendant des années qu'ils espèrent nombreuses encore.

Ils travaillent à l'étage : une chambre qui domine le jardin qu'elle aime entretenir, un dressing, une salle de bains. Peu à peu l'espace se transforme. L'espace s'habite. Quelques belles pierres qu'on décape pour marquer une porte. De vieilles fenêtres recyclées. Là, ce sera comme un banc pour s'asseoir au pied de la fenêtre.

Vient l'heure du repas. Pendant quelques instants l'homme en salopette est reçu sur la trop large table de cette salle à manger qui a connu plus de monde à son service. Mais les couverts d'argent tiennent leur place avec élégance et la belle vaisselle de Moustiers rythme les grands murs de leurs couleurs bleues, vertes ou jaunes et de leurs motifs parfois étranges. On sera trois ou quatre? La maîtresse de maison, parfois sa fille, toujours son gendre...et l'homme en salopette. Un bon moment. On parle. On se souvient. On échange. on se raconte. Et si la dame est un peu plus âgée que les autres, elle a gardé la belle vivacité d'un esprit clair et le rire léger

Viendra un jour le temps que le chantier se termine. C'est le sort de ses chantiers que de finir un jour. Plus tard il troquera à nouveau sa tenue d'ouvrier pour le vêtements plus adapté de l'invité, le temps d'une réception, d'un passage. Car entre gens de bien, on sait vivre ces curieuses transitions d'état...et c'est une très bonne chose.

Alors au revoir belles maisons voisines. au revoir gentille hotesse. au revoir gros chien espiègle et joueur. Et que cette belle harmonie règne de nombreuses années dans ce bel espace.

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Commentaires
C
Un texte qui prouve que les gens de cœur ne s'arrêtent pas aux salopettes...et voient l'être humain vibrant qui se cache derrière.
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P
vous y rencontrez ! pardon !
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P
Votre travail est difficile et pénible mais vous y rencontrer de chouettes personnes ! bonne nuit cher Jacques, faites de beaux rêves
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et pourquoi ne pas le dire ?
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