Vacances ?
Qui pourrait dire à cette heure paisible du soir que demain sera jour de travail. Tout est silencieux. Régulièrement la cloche de l'église, parfois le bruit lointain d'une conversation, sont les seuls sons qui rompent le silence. Le jardin, fraîchement tondu et ratissé de neuf profite bien de ces pluies qui font le malheur des uns et le bonheur des autres. On a eu son compte de petits bonheurs du week end : appels téléphoniques, messages laissés ça et là, croissant du dimanche matin, messe au monastère avec, comme en supplément, la présence d'une belle formation de musique de chambre. Après les yeux qui s'étaient remplis de belles choses en montant ainsi au pied de messire Ventoux, c'étaient les oreilles qui avaient droit à leur part de bonheur.
Il y a eu aussi ces préparatifs : ce fils revenu quelques petits jours pour repartir en vélo longer les canaux qui relient Atlantique et Méditerranée. Le doux bruit des objets qu'on prépare, les conseils demandés, les échanges, les rires, les essais.
Le vélo d'un père , qui ne s'en sert guère, servira de monture. On ressort les sacs, on récupère une tente, et on teste, on contrôle, on répare, on prépare.
Tout cela est un doux fond de bruit qui ferait bien vite oublier qu'on est dimanche soir.
Pourtant l'esprit n'est pas sans souci : il y a ce petit neveu en attente d'un diagnostic précis mais on sait déjà que c'est lourd et que pour les siens ce sera un gros temps d'inquiétude. Il y a aussi ces bruits de guerre et de terreur qui viennent du bout du monde , de ces chrétiens qui souffrent en Irak et de tant d'autres. On s'en voudrait presque de ce bonheur de l'instant si on ignorait que, même caché, tout cela a un sens.
La nuit tombe plus vite chaque jour et donne ce petit pincement de la fuite du temps. Comme pour chasser cette mauvaise sensation on tarde un peu plus que de coutume à allumer les lampes du jardin.
Pour l'homme c'est un peu étrange ce travail qui continue dans des maisons où tous sont en vacances. On prend garde de ne pas trop troubler le repos ni de donner mauvaise conscience à ceux qui profitent d'un juste repos.
Il n'y a pas trop de place à la rêverie si on veut que les murs restent droit que le ciment tienne. Mais quelques formes douces viennent se poser en ombre chinoise et rappellent les douces heures d'il y a quelques jours à peine. Parfois un papillon rappelle par son passage l'ami lointain, celui qu'on ne prend pas le temps d'appeler car on sait bien que l'amitié survit au silence. Et puis dans quelques jours la maison se remplira à nouveau de rires d'enfants et de bruits de cabanes. Et le parcours du garçon dans des paysages qu'on connaît ou qu'on imagine l'homme espère le faire au plus vite, dans l'autre sens, reprendre à pied le chemin de saint Jacques.
Le monde des blogs est silencieux et rares sont les lecteurs et on se dit que c'est tant mieux, qu'ils ont bien mieux à faire en ces temps de repos.
Et bien ami lecteur dis-toi qu'en ce jour qui semble si calme, si j'ai pensé d'abord à ce petit garçon malade, puis aux miens, puis à mes ombres les plus familières, il y a eu aussi une place pour toi, que je ne connais pas ou guère, mais qui fait partie de ce quotidien où j'ai bonheur à vivre.
je te souhaite une bonne nuit et une bonne semaine.