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et pourquoi ne pas le dire ?
24 octobre 2014

Hiver, vous n'êtes qu'un fripon!

Vous pointez le nez sans même nous avoir laissé le temps de profiter de l'automne. On regarde la cheminée et on se prend à rêver d'une bonne flambée quand il faisait si chaud en début de semaine qu'on aurait pu croire à un été sans fin. Pourtant on est allé s'aguerrir en passant cette semaine entre Berry et Sologne. On a goûté les joies du feu allumé le soir qui réchauffe les coeurs et qui délie les langues avec parfois l'aide d'une vieille liqueur de poire.

Pourtant je vous aime, Messire Hiver, comme vos amies les autres saisons. Les arbres dénudés livrent à nos yeux quelques belles maisons ou autres paysages dissimulés de coutume derriere de lourdes frondaisons.

Mais ce matin, messire hiver, je n'avais pas envie de vous voir. Retardé dans mon travail par des rendez-vous imposés, des paperasses aux retours incertains, des inquiétudes aussi, je sens avec encore plus de force peser sur mon pays la menace invisible de ceux qui, convenons-en, se posent pour nous en ennemis.

Insatisfaits de mille turpitudes, et d'encore plus de bassesses et de détournements, les politiques qui nous gouvernent (et nombre, hélas, de ceux qui ne nous gouvernent pas mais qui attendent dans l'ombre des retours glorieux après des insuccès pénibles), nous accablent de pénalités.

Aujourd'hui circuler dans une ville, vêtu d'un tee-shirt représentant une simple famille, un homme et une femme tenant par la main des enfants, est vu comme un délit comme au temps les plus noirs que notre histoire connut. Ne me dis pas lecteur que c'est faux car je connais moi-même des hommes et des femmes arrêtés pour ce delit étrange. Plus de bourses au mérite...dangereux d'être intelligent ou travailleur. On réduit avec hargne les allocations familiales. On cherche par tout moyen d'anéantir la famille qui tente avec candeur d'élever ses enfants dans le simple respect de valeurs ancestrales, pour présenter à la place de sombre parodies, de tristes mascarades.

On méprise nos marches tranquilles. On ment sans vergogne sur notre nombre, sur nous, sur ce que nous sommes et rares sont les politiques qui prennent notre défense. Ils croient suivre le "bon vent" en misérables girouettes et savent que, de toutes manières, ils sauront bien reprendre le train en marche.

Ah ce "On", cet animal invisible, cet être qu'on ne nomme pas (serait-il innommable ?). Il ne se rend pas compte ce "On" que dans le coeur de ceux qu'on nomme de braves gens, une sourde colère gronde et qu'"on" sera demain chassé par une armée de brave gens.

Hiver, vous n'êtes qu'un fripon mais heureusement vous portez avec vous l'appel à se réchauffer, à resserrer les rangs, et les autres  signes invisibles qui lient entre eux les hommes et leur donnent de belles raisons d'espérer. Dois-je les nommer Messire ?

Ce village un peu vide ce matin, qui depuis quelque temps est pour moi chaque jour un peu plus familier. Ces gens que je croise, qui n'étaient autrefois que des habitants ou des voisins et qui deviennent chaque jour un peu plus "amis" un peu plus "proches".

Ce sentiment des mettre ses forces, et parfois aussi ses faiblesses, au service non pas de mots ....mais de "gens".

Cet homme rencontré le matin avec qui on échange un peu sur tout, un peu sur rien, sur le temps qui passe, sur le plaqueminier de son jardin qui porte de beaux fruits et le soir, posé sur la boite aux lettres, un panier anonymes de kakis bien juteux à la saveur exquise.

Hier aussi, le glas sonnait pour annoncer le départ d'un de ces hommes, un de ces humbles, un de ces santons que l'on portait en terre. Un de ces hommes discrets qui pendant toute sa vie n'a fait , dans le silence, que des gestes simples, comme servir sa paroisse, faire chanter, secourir quelques pauvres.

Cet ami de toujours revu hier et sa famille. De ces amis sur qui on peut compter sans que jamais ils ne ne comptent leur amitié. Et sa femme et ses enfants dont on a envie de savoir ce qu'il deviennent et qu'on a l'impression malgré le temps et la distance de n'avoir jamais quittés.

Ce jardin qu'il va falloir retondre une fois encore quand on croyait en avoir fini mais que l'été qui s'est prolongé si longtemps a rendu la chose nécessaire. Ces bébés qui naissent dans des petites familles qui, pourtant malmenées, se connaissent et se retrouvent.

Ces photos du bout du monde ou de pas très loin des enfants partis qui nous renvoient des images de joies, de labeurs, de courage, de dynamisme aussi. Et tous ces mots, ces appels, ces clins d'oeils échangés avec les gens qu'on aime par ces moyens modernes qui nous rapprochent tant.

Demain ce sera encore un mariage dans un pays que je connais trop peu. Un mariage et un peu d'inquiétude de retrouver aussi certains avec qui il y a peu de temps encore on se savait fâché. Qu'en sera-t-il demain ? Un mariage, une pause, un petit voyage aussi. on partira à quatre : deux fréres et leurs deux épouses pour un voyage dans une région qu'on aime où les vieux cônes des volcans éteints servent à porter l'un une magnifique basilique, l'autre une belle Vierge de majesté.

Tu vois, mon ami Hiver, qu'il en faut plus que le froid pour faire taire au coeur des hommes cette belle Espérance.

Mais tu vois, Messire Hiver, qu'en parlant de toi, peu à peu, tu es devenu familier et sans y prendre garde je suis passé du "Vous" au "Tu". C'est le signe clair que l'un et l'autre nous avons déjà commencé le doux apprentissage de nous apprivoiser l'un l'autre.

Et toi Ami Lecteur, qui malgré mes longs silences, continue, bon an mal an à me faire la grâce de me lire et parfois même de me partager avec d'autres, sache que je te souhaite tous le bien que tu souhaites. Si tu es homme, je te serre une virile poignée de main. Si tu es femme je t'embrasse sachant tous le bien et le bon que tu portes en toi.

Mais le temps court. Mon rendez-vous devrait arriver et dans peu de temps le labeur reprendre pour le plus grand bien d'un porte-monnaie qui s'obstine en ces temps à rester d'une maigreur extrême. Mais c'est un autre discours dont je te parlerai plus tard.

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Commentaires
M
Bel humanisme, c'est exactement ça, l'expression est parfaitement juste pour parler de vous ! Nous sommes plusieurs à venir savourer cela auprès de vous, cette chaleur qui aide aussi à faire face au défi de l'hiver...
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Z
Ici et Là-bas, dans la proximité des choses, dans le lointain des décisions d'Etat, dans la composition de chaque jour, dans la forme que revêt l'ensemble, dans la peine du travailleur, dans le geste noble, dans l'effort quotidien, jamais coupés du destin d'un pays malade. Une écriture qui réconcilie avec justesse l'Histoire des Hommes et le destin régional de chacun, jour après jour. J'aime décidément la simplicité qui habite vos descriptions, sans nulle hiérarchie, loin des faux-semblants, loin des paraîtres mensongers, juste c bel humanisme qui se fait fi des allures perchées, qui va au coeur des choses et des êtres. <br /> <br /> Je vous embrasse
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et pourquoi ne pas le dire ?
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