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et pourquoi ne pas le dire ?
18 février 2015

Calédonie 6 - Le Nord

Remonter vers le nord de l'île. S'enfoncer plus profondément au coeur de ce pays. Dans ce pays les coeurs de ville sont assez peu marqués. Pratiquement pas de maison à étage. Des jardins soignés aux plantes et fleurs généreuses. De rares magasins. On est si loin de chez soi et l'ambiance est si différente qu'on est toujours un peu surpris que les gens nous parlent en français. Notre fils connaît la ville. Il est venu là remplacer un de ses collègues dans son régiment.

Plus on monte vers le nord plus le pourcentage de kanaks est important. On voit pas mal de drapeaux kanaks flotter sur des maisons, seuls ou sur des bâtiments publics accompagnés du drapeau français. Ce peuple est étonnant. Tout dans l'histoire dit que c'est un peuple paisible et il y a eu je crois dans notre histoire commune peu de grands affrontements. Seuls quelques bâtiments publics sortent un peu du lot des maisons. Le pays est neuf et aucune construction ne semble ancienne. C'est assez étrange. Les monuments les plus anciens sont souvent des églises ou des temples. Ce pays semble avoir été assez vite conquis par le catholicisme ou le protestantisme et les églises sont souvent pimpantes et colorées.

Quand on longe ou qu'on traverse une ville ou un village, ce qu'on remarque le plus souvent c'est une sorte de grand préau. Une grande dalle de béton, au milieu une petit fosse qui peut accueillir un foyer, quelques piliers et un toit le plus souvent de tôle, parfois, plus rarement, de feuilles de palmiers. A proximité une grande case est la case d'un grand chef, ou d'un petit chef. Une sculpture, sorte de totem au faîte du toit permet de la distinguer. Il y a ici tout un art coutumier d'échanges, de cadeaux, de mariages d'un peuple habitué à la paix, à la négociation, à l'échange. Ces grands préaux vides servent à ça. Les gens d'ici sont dit pacifiques même si de temps en temps il y a des heurts avec quelques indépendantistes. Le pays est en train de prendre peu à peu son indépendance. Mais rien de tout cela n'est sensible dans les contacts au quotidien. Les habitants sont souriants, aimables. On salue les gens qu'on croise en voiture et chacun répond à ce salut.

On fait quelques courses. On achète une pièce de tissu, cadeau à présenter si on est reçu en tribu. C'est un coutume omniprésente que ces échanges de tissu qu'on voit ensuite décorer des arbres, des espaces, taillés en petits morceaux.

On visite une immense grotte, impressionnante, mais dans laquelle on ne s'aventure pas trop, faute d'équipement suffisant. Après se long moment de nuit et de silence on se retrouve dans une clairière où seuls les oiseaux s'expriemnt. Le pays est si peu peuplé qu'on a très vite l'impression d'être seuls.

Au bout du bout, au nord du nord, notre étape : un endroit merveilleux. Un homme s'est installé ici, il y a bien longtemps. Il a, peu à peu, cabanon après cabanon construit une sorte de village insolite. On y trouve même une piscine d'eau de mer. Toujours ce coté "Robinson". Notre maison est une petite case confortable. Accolée, une petite salle d'eau, mi-dedans, mi-dehors juste fermée par un mur de pierres sèches qui s'arrete à hauteur d'epaule. Les accessoires sont des coquillages ramassés ou des bois flottés. L'ensemble est charmant. On peut aussi y planter sa tente. Il y a du monde, beaucoup de monde d'autant plus qu'il parait que l'endroit va fermer cette année. Il est à vendre...mais comment vendre ou acheter un ensemble aussi "baroque" qu'on a du mal à imaginer vivre sans son créateur. Les Calédoniens connaissent bien leur île et se repassent volontiers les bonnes adresses. Celle-ci en est une que chacun nous a signalé. On ne sera pas déçu. Il fait très chaud mais la mer est proche. On l'entend en bruit de fond.

Encore un grand repas. Des rencontres insolites. Un couple de médecin qui, chaque année, quitte son massif central pour venir trois mois faire des remplacements en dispensaire. C'est leur bouffée d'oxygéne. Ils se reposent d'un rythme effréné et ont le sentiment d'une médecine utile. Un jeune couple, lui travaille sur des éoliennes, elle dans le monde du nickel. Eux aussi ont beaucoup voyagé.

Le lendemain c'est dimanche. On avait calculé d'être à la messe à Balade, l'endroit où les premiers missionnaires catholiques ont débarqué, qui fut plus tard celui d'un affrontement où un frère trouva la mort. Malgré sa bonne volonté et son courage, le 4x4 ne nous permet que d'arriver après la messe. Les fidèles sont restés la après l'office. Les femmes d'un côté, les hommes de l'autre. Il sont assis sur l'herbe etdiscutent. On nous accueille gentiment mais c'est trop tard. On visite cependant l'Eglise. Des vitraux nous rappellent les incidents. L'installation, le combat, la mort, la paix.

On est passé à l'est. Les paysages sont très différents. Un peu moins colorés mais encore plus verts et plus exubérants. Les cocotiers, les palmiers, les bananiers et tant d'autres arbres que je ne sais pas reconnaître nous écrasent de vert. Hienghène, en face Ouvéa, des lieux dont les noms nous ont été familiers il y a quelques années. Une roche découpée qui a l'allure étrange d'une poule couveuse. Encore des beaux rivages, des belles plages, des beaux fonds dont on ne se lasse pas.

Notre dernière nuit sera là. En tribu. On dormira chez Bernadette. Une mauvaise route nous amène jusqu'au village. Bernadette n'est pas là. C'est sa nièce qui nous accueille. Bernadette est en train de construire une maison, un peu plus loin. Sous un préau des femmes de tous âges qui jouent au loto nous salue gentiment. On entend la ritournelle des chiffres qui défilent.

On demande la permission et on part se promener. Des vergers de bananes, de mangues. Quelques maisons éparses. Une petite chapelle perchée en haut d'un promontoire. Lorsqu'on revient le loto est toujours aussi actif. On l'entendra jusqu'à l'heure du dîner.

On dormira dans une case modernisée par un sol en carrelage et une petite salle d'eau accolée. La construction au toît conique est très haute. Ce toit dressé vers le ciel et couvert de feuilles sèche forme un ensemble très harmonieux. Les matelas sont posés sur des nattes à même le sol.

Le ledemain on redescendra vers le sud en longeant la côte Est et en s'emerveillant de la beauté des sites qu'on croise. On longe souvent des cascades, parfois très imposantes. Et puis on traverse l'ile pour rejoindre l'Est par une magnifique route à travers une mine en exploitation. Paysage majestueux, rouge et lunaire à la fois.

Sur les bords de la route, sur des sortes de petites tables, des fruits sont posés, avec les prix. On achète quelques fruits. Personne. Il suffit juste de mettre son argent dans une boîte posée à côté. Une belle confiance qui honorent ceux qui la font et ceux qui la recoivent.

Dis-moi mon ami lecteur, on a fait beaucoup de route aujourd'hui. Il est peut-être temps de se reposer. Non ?

Bonne journée.

 

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Commentaires
A
Merci de nous offrir ce beau voyage. Cela fait rêver. Une provision de beaux souvenirs et d'émotions qui viendront illuminer certains moments d'un quotidien parfois peut-être un peu routinier. Et puis un voyage qui vous permet d'être en communion avec votre fils qui vit là-bas. Merci pour ces récits.
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M
Un pays à découvrir c'est certain !! merci encore pour ce partage , ces paysages merveilleux et ses habitants qu'on aimerai saluer à notre tour :-)<br /> <br /> J'aime beaucoup l'idée des fruits qui sont à vendre sans personne pour tenir la caisse .<br /> <br /> il est encore des endroits où le mot confiance a un sens , c'est merveilleux :-)
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et pourquoi ne pas le dire ?
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