L'homme avait soigneusement photographié trois canetons qui luttaient courageusement dans le courant. Il les avait surpris en revenant de la mairie. De la passerelle centenaire, on pouvait bien les voir. Il était près d'une heure de l'après-midi et le soleil les éclairait en plein. Leur apprentissage du courant était déjà en train de lui inspirer une histoire : " un petit caneton- garcon et deux petites canetons-filles jouaient dans la rivière....". Il les avait même pris en photo et se régalait de l'histoire qui se dessinait toute seule dans un coin de son cerveau. Il rentra chez lui, déjeuna, fit les petites choses utiles et moins utiles qui composent une journée sans trouver le temps d'écrire. Il était plus de six heures du soir lorsqu'il s'installa devant son clavier. Il posait à peine les premiers mots lorsque l'appareil sonna. Il décrocha.
Sur l'écran apparut le visage de sa fille du pays du désert. " Bonjour Papa. " lui dit-elle. " attendez un instant vous allez voir un étrange phénomène ! " et elle tourna son écran vers la pièce. On entendait des cris d'animaux. Un joli petit zèbre était poursuivi par un lion et par un éléphant. Animaux un peu étranges, plus petits que de nature, seulement dotés de deux pattes et même les cris etaient bizarres, un peu trop dans les aigus. L' éléphant levait sa trompe pour pouvoir plus facilement sucer son pouce. Tout à coup les cris cessèrent et, derrière trois masques de papiers collés, apparurent les visages charmants d'un petit chevalier et de deux petites princesses. Ils etaiient au comble du bonheur à l'idée d'avoir terrorisé leur grand père et leur grand-ma venue le rejoindre en entendant les cris."
" Vous nous avez fait terriblement peur !" Dirent-ils aux trois enfants, d'une même voix.
Aux sourires succédèrent les explications. L'après midi passé avec Maman à fabriquer les masques. Papa travaillait. On l'attendait. Il arriva pendant l'entretien. Ils se mirent à lui raconter aussi la même histoire. On ajouta celle du petit chevalier qui s'était lavé les mains avec un tube de dentifrice avant de dire le "pa-don Maman ! " qu'il a découvert pour faire passer ses "expériences" et déclencher le sourire sauveur d'une maman apitoyée. ...Et tout ce petit monde s'en alla pour le bain.
Une photo de l'autre bout du monde arriva sur le téléphone avec un petit commentaire du marin-médecin quelque part en escale.Manquait juste ce jour l'étudiant parisien. Le téléphone avait donné des nouvelles de la plus grande des filles. Un autre appel avait permis de prendre des nouvelles d'un beau frère malade.
Et on dit que ces moyens de communication sont mauvais pour l'homme....
L'histoire des canetons s'organise. Aujourd'hui c'est vide-grenier dans le village. Il pleut un peu. C'est dommage. Nous irons y faire un tour après la messe.
Et la vie suit son cours.
"Et Dieu vit que cela était bon. Et il y eut un soir et il y eut un matin."
Bon dimanche, amis lecteurs !
/image%2F0955398%2F20240419%2Fob_fc4323_img-3470.jpeg)
/image%2F0955398%2F20240418%2Fob_391932_img-7146.jpeg)
/image%2F0955398%2F20240417%2Fob_bfe57b_img-3467.jpeg)
/image%2F0955398%2F20240416%2Fob_3ed227_img-1049.jpeg)