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et pourquoi ne pas le dire ?
29 mai 2015

Petits souvenirs ordinaires....

Déjà, l'invitation était un peu insolite : " Voudriez- vous venir dîner un soir au monastère afin que l'on vous fasse rencontrer d'autres couples amis ? ". Bien sûr, on accepte. Un peu impressionnés, un peu flattés peut - être . Car qui sommes- nous pour être ainsi choisis ? Le soir venu nous nous rendons dans ce bel endroit. C'est l'hiver. Le mistral souffle fort. Dans la grande salle d'accueil où d'ordinaire les hôtes se reposent dans une ambiance feutrée, un grand feu brûle dans la cheminée. On est au pied du Ventoux. Le mistral se démène dans les arbres et les toitures. Un peu impressionnant. Nous arrivons presque les derniers, d'autres couples sont là. Trois ou quatre peut être. Un jeune moine au visage d'ange nous propose un apéritif. Puis on nous invite à faire connaissance. Nous attendons en silence le père abbé du monastère, notre hôte. Il arrive, nous invite à nous mettre à table. Il reste debout, engage les présentations et, après un "benedicite", il nous invite à nous asseoir. Il n'a pas prévu de place pour lui. Il assurera le service. Nous sommes là. L'homme est impressionnant. C'est à la fois un sage, un poète, un artiste. Il a rassemblé autour de lui plusieurs dizaines de moines contre toute attente, malgré de nombreuses embûches, en un temps ou croire semble presque impossible. Il est mille fois plus savant que nous, plus pieux, plus sage, plus humble. Il a d'abord habité de leurs prières et de leurs travaux une humble petite chapelle. Ensuite, il est venu ici. Il n'y avait rien. Aujourd'hui une belle abbaye se dresse et rassemble autour de sa prière. A l'heure où cette histoire se passe, la situation était plus incertaine.

Et nous sommes là réunis autour de cette table. Mais les hommes sont ce qu'ils sont et très vite la conversation s'anime. On parle. On rit. On mange. On réfléchit. De temps en temps un moine passe qui amène un nouveau plat, un message, une demande. Notre hôte nous régale de ses propos plein de sagesse et de tendresse à la fois. Et la soirée s'achève. On se quitte. On ne sait pas vraiment pourquoi nous étions là. On a un peu l'impression de sortir d'un rêve.

Depuis cet homme est mort. Ou plutôt parti dans un endroit où il avait sûrement sa place. Je retiens de lui son sourire, sa tendresse, sa douceur, sa façon délicieuse de parler des anges comme s'il les voyait à côté de vous. Ça devait être un saint. Sinon, qui peut l'être ? 
Pourquoi ce souvenir ? Peut être par ce qu'il fait enfin beau et que la journée nous a réuni dans le travail. Un travail difficile. Un corps fatiguè. Peut être tout simplement à cause de cet excellent whisky que je viens de m'offrir en récompense et qui fait monter en moi des sentiments un peu confus.
Je ne sais. Nul ne sait. Dieu le sait.
Je vous embrasse. 
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Commentaires
B
Dom Gérard.
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et pourquoi ne pas le dire ?
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