A l'ombre des platanes centenaires....

La fin du mois de mai donne à certains soirs de allures de vacances. Mais hier soir on supportait encore bien volontiers un vêtement supplémentaire sur la terrasse où nos amis nous avaient invités. Un solide groupe d'amis, fidèles parmi les fidèles, pourtant, hier, nous n'étions guère plus qu'une grosse dizaine tant nos familles nous accaparent. Les tables étaient dressées devant la grande maison, bien à l'abri sous les grands platanes. Juste à côté d'une charmante petite fontaine qui ne coule qu'en été pour ajouter un peu de fraîcheur au soir. Une belle maison, une de ces grosses fermes qui avec le temps et au gré des différents propriétaires s'est donnée des allures de bastide. Derrière les grands platanes, un grand pré et au fond une pièce d'eau où ce soir les grenouilles ont organisé un grand concert. A l'heure où nous arrivons ce sont surtout les oiseaux qui s'en donnent à cœur  joie après une des premières belles journées. 

Mais il ne faisait pas encore nuit lorsque nous avions passé les deux colonnes d'entrée de la maison. J'aime le  nom de cette propriété qui par une étrange coïncidence est la contraction de mes deux premiers prénoms. Le jardin est magnifique. Il doit son bel aspect à son propriétaire qui n'épargne pas sa peine à le tenir en bel état.

On entre par une belle allée bordée de haies avant de ranger sa voiture dans un charmant verger où je chaparde au passage une poignée de griottes pas encore tout à fait mûres. 

J'aime cette maison qui nous reçoit tous les mois dans un grand salon où l'hiver un feu brûle dans une cheminée du vaste qu'on peut s'y tenir à l'intérieur. C'est le coin des fumeurs qui peuvent ainsi concilier sans déranger personne leur plaisir d'être là et une vieille habitude qu'on a diabolisée au fil des ans. Une pièce à l'étage où j'ai travaillé en son temps me rappelle que mes hôtes ont aussi été présents lorsque le travail me manquait. Le temps béni où j'ai vraiment compris ce que voulait dire la phrase : " tu gagneras ton pain a la sueur de ton front. " Et où nombre d'amis ont donné la main à la Providence. 

Sous une épaisse moquette et une colle bien ancrée se cachait un vieux sol de carrelage qu'il avait fallu retrouver. Le travail eut été encore plus pénible si, à l'heure de la pause du déjeuner, nous n'avions eu avec mes hôtes de ces franches discussions où on confronte des idées ou bien des expériences dans une bienveillante compréhension mutuelle.

Ce soir on termine une année de ces échanges mensuels. On se retrouve un vendredi soir chaque mois. Un apéritif précède un exposé sur un sujet qu'on présente chacun a son tour. Suit une prière pour nos familles, ceux qui sont absents et les multiples intentions que l'on porte dans un monde où les familles sont souvent très nombreuses et où joies et peines parfois se bousculent. Enfin un long repas nous rassemble autour de la très grande table. Chacun apporte son plat sans accord préalable ce qui fait que parfois l'assortiment est assez étrange sans qu'aucun n'y retrouve à redire tant il est bon de se retrouver là. Lorsqu'on se sépare la nuit est généralement bien avancée et le samedi est déjà là. 

Pendant tout ce temps flottent autour de nous les ombres bienfaisantes de nos absents : ceux qui ne sont pas là ce soir, ceux qui n'y seront plus jamais parlé qu'ils ont quitté ce monde ou, plus simplement, notre région. D'autres parfois se sont engagés sur d'autres routes parfois bien éloignées des nôtres. L'ombre aussi de nos familles où dans ce monde qui s'éparpille certains sont très loin en ce moment.

Mais je ne voulais pas commencer ce week- end qui sera bien chargé (le soin de la maison, un mariage et demain un premier goût de bord de mer) sans remercier ici ces hôtes qui nous rassemblent autour d'eux dans une de ces belles maisons qu'on aime.

Alors mes amis je vous embrasse, trop content d'avoir partagé avec ceux qui le lisent un moment de bonheur à raconter ces instants.

Bon week end ! 

Comments

[isa]

Très bon week-end à vous également.

Isa