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et pourquoi ne pas le dire ?
12 juin 2015

Belle endormie....

La journée avait été dure, l'homme avait revêtu sa tenue de travail qui lui donnait un air bizarre : une paire de chaussures de travail assez neuves pour ressembler encore à des souliers de randonnée, un vieux short kaki, usé jusqu'à la trame, une genouillère pour protéger un genou trop fragile, un chapeau informe, un vieux tee-shirt. Il n'aurait pas fallu grand chose pour le confondre avec un vagabond. Pas rasé, sale de la poussière de ses gravats, mouillé par un mélange de pluie et de sueur car aujourd'hui le temps c'était ....n'importe quoi. Un ciel noir, des coups de tonnerre, de la pluie. Il s'était donné jusqu'à aujourd'hui pour terminer cette corvée : vider de vieux gravats d'une ruine, si abondants qu'il avait fallu faire de nombreux allers-retours à la déchetterie. Ça avait duré plusieurs semaines, un rythme infernal, plus très compatible avec un corps qui se fatigue plus vite qu'avant. Et pourtant la satisfaction de l'effort et des muscles qui s'oublient et se donnent à l'effort. 

Les seaux lourds, la lourde remorque qu'on attelle à une auto qui n'en peut plus, la remorque qu'on vide, les lourdes pelles et aujourd'hui les lourdes gouttes de pluie qui coulent sur le visage : tout est lourd.
On jongle avec le temps. On s'organise. Le but est atteint. La première pièce ne présente plus de danger. Le vieil escalier abattu a permis de dégager de belles et grosses pierres. Qui sait dans combien de temps cet espace retrouvera un toit, peut être une nouvelle destination ? 
Le soir venu, le travail accompli, un bain salutaire redonne à l'homme une allure plus respectable. Un peu de temps. Le gros livre est là : le second tome de la vie d'un grand roi...en tout cas d'un long roi.
Et c'est déjà l'heure de votre retour. On échange quelques mots. On se raconte deux journées lointaines et bien différentes. 
Et le silence s'installe avec le repos. Vous lisez vos messages puis vous feuilletez un magazine. Je continue à lire. On entend la pluie plus calme du soir. Le ciel est sombre pour juin. On se croirait en septembre. Et puis, tout à coup,  de votre côté un souffle plus régulier, le magazine a glissé à terre : vous vous êtes endormie, abandonnée, en paix. Je prends un soin jaloux a tourner sans bruit les pages. Je retiens une toux qui tente d'aboutir. Ne pas rompre le charme.
Vous vous réveillerez un long moment plus tard, meurtrie par une position sans doute inconfortable et l'espace d'un instant, les mains rudes et maladroites du maçon du jour se prêteront à un massage d'un dos qui le demande.
8 heures sonnent au clocher. Encore quelques pages et nous dînerons. Demain sera jour d'un autre travail. Différent....mais demain est demain.
Merci ami lecteur de partager ce moment de silence. 
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Commentaires
M
Pas si anodin, le choix de ce moment...
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A
Avec vous, les moments simples et anodins prennent une dimension proche du bonheur ! Ils nous rappellent qu'il ne faut pas souvent pas chercher très loin pour apprécier la vie, même si elle n'est pas tous les jours facile.
Répondre
et pourquoi ne pas le dire ?
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