On était 13 et même 14

Chère Maman, cher Papa, chère Catherine, chère Christine,

J'avais envie de vous écrire une lettre commune pour vous parler d'un dernier rassemblement familial. C'était vendredi dernier, à la maison, la veille du mariage de l'aîné de C... Nous avions profité de l'occasion pour anticiper un peu et rassembler autour de nous tous ceux qui seraient là. Notre maison au milieu du village bien que petite est assez adaptée à ce genre de retrouvailles. Nous avions passé du temps à la préparer pour cette occasion. Deux jours plus tôt, N... et ses trois petits étaient arrivés à la maison. Ils avaient eu le privilège de découvrir toutes les nouveautés : la cabane fraîchement repeinte, l'eau courante qui y est maintenant installée, la nouvelle guirlande de lampes anciennes qui l'éclaire de lueurs changeantes, le petit potager : trois carrés, quelques salades, quelques tomates, un peu de menthe et de thym, les toiles d'ombrage qui apportent un peu d'ombre aux heures les plus chaudes de la journée. 

C'était maintenant au tour de mes frères et sœurs, belles-sœurs et beaux-frères de faire ou refaire connaissance de l'endroit. Tout est éclairé. La cabane, la piscine, le cabanon du fond, le hangar, la terrasse afin que chacun puisse trouver son coin de lumière. On a dressé un buffet sous le hangar. C'est aussi là que je cuirai les viandes sur le barbecue. La table, elle, s'étale devant la maison. Nous serons nombreux : sept frères et sœurs et autant de conjoints et  nos deux filles présentes. 

Ils arrivent en désordre, les uns après les autres, parfois deux couples regroupés qui dorment dans une même maison. Tous ont été bloqués longtemps dans les embouteillages et sont heureux d'arriver enfin. Un long apéritif. On impose un rosé de la cave du village et du pamplemousse pour simplifier les choses. Plein de bonnes choses à grignoter. On ne sait pas si C..et H..., tout occupés à préparer le mariage pourront être présents : ils ne le seront pas.

Tous ne sont pas encore arrivés mais il est déjà tard quand on décide de passer à table. Un bref " bénédicité", une habitude arrivée tardivement  dans la famille mais à laquelle beaucoup sont restés fidèles. En tous cas suffisamment pour le réciter ce soir. Chacun se place où il veut. Bien sûr vous manquez tous au plan de table. On aurait aimé que vous soyez  là mais on rit, on chante, on se souvient, on se querelle juste un peu moins qu'au doux temps de l'enfance. Et le temps passe trop vite. On sait pourtant qu'on se retrouvera tous le lendemain. On parle aussi de ceux qui manquent soit qu'ils n'aient pas pu venir, soit que des vieilles querelles mal éteintes aient fait qu'il ne soient pas là. J'espère que la prochaine fois on sera plus nombreux si la camarde n'a pas, de son côté, dégagé de la place. Il faut se faire à la chose car le temps file inexorablement. On a du mal  à se séparer. On sort pour les derniers un vieil alcool. On se sépare.

Je ne vous raconte pas les conversations, vous avez bien du les entendre. Pour les chants on ne se souvenait plus très bien des paroles mais le cœur y était. 

Vous vous doutez bien que vous nous avez manqué mais on vous sentait là sans trop bien savoir où vous étiez. Seul F... ne croit plus. On pense tous que c'est dommage mais c'est aussi ça de grandir chacun à sa manière. 

Il faudrait que vous veniez nous raconter et lui dire qu'il se trompe.

Je vous embrasse et je suis sur que chacun d'entre nous en fait autant.

Comments

[nine]

Quelle coïncidence, quand j'ai vu votre billet, j'ai été surprise car je m'appelle Christine, et ma soeur, décédée il y a longtemps déjà, s'appelait Catherine.

Et l' association de nos deux prénoms me fait toujours un petit pincement au coeur.

Une jolie fête de famille dont vous avez bien profité j'espère.

Douces journées avec vos princesses et le petit chevalier maladou.