Juste envie d'écrire un chaud matin de juillet où le vent aussi est chaud qui fait claquer les volets. Un matin d'après insomnie et d'avant travail où l'on aimerait juste être parfait. Lisse, organisé, sans défaut, droitier, jeune, avoir un corps parfait et un esprit solide, ne jamais décevoir...surtout ne jamais décevoir, savoir tenter juste à l'aune de ses capacités, ne jamais se trouver au pied du mur, écrire juste ce qu'il faut, être tendre mais jamais faible, avoir l'intelligence qui permet d'agir mais jamais celle qui fait douter, gérer suffissent de rêves pour qu'aujourd'hui soit facile sans que demain ait l'air morose. Envie finalement d'être n'importe qui, n'importe où mais juste à la bonne place. Ne pas se désespérer de ce qu'on ne connaît pas, ni de ceux qu' on croise sans jamais les rencontrer.
Envie d'avoir un atelier rangé, un bureau impeccable, l'argent dont on a besoin pour soi et pour le bien des autres, être de ceux dont on dit : "Mais qui donc lui connaît des ennemis et même des adversaires ? ". Traiter avec autant de patience ce qui semble anodin mais qui finit par prendre tant d'importance que ce qui relève du cœur.
Être écouté, entendu, lu, connu, reconnu sans conteste. Être prévisible, attendu.
Ne pas laisser aux autres, ni même à son Ange Gardien, le soin de gérer tout ce qu'on ne maîtrise pas.
Savoir ne pas rompre la chaîne de ses priorités pour traiter l'éphémère, l'inattendu, le secondaire.
Mais ça, mon ami, tu sais bien que je ne le suis pas et que je le serai jamais peut être. Cet être parfait que je recherche et que tu recherches ce ne sera jamais moi.
Je resterai celui qui se cogne mille fois à la poutre de la mezzanine, qui refait mille fois son geste avant de trouver le bon, qui se blesse, qui néglige les exigences de ses papiers quotidiens, qui perd cent fois ses papiers, sa carte bleue, son téléphone , qui s'engage et met si longtemps à tenir ses promesses, qui parfois même ne les tient pas, qui rit trop fort, qui conduit sa voiture au rythme de sa conversation mais pas des panneaux de la route, qui, pour un bon mot, peut même faire de la peine, qui écrit de la main gauche et ne sait pas encore où est sa gauche, ni sa droite, qui ne sait pas encore solidement lacer ses souliers , celui dont l'atelier est un joyeux ( triste) capharnaüm, qui compte plus sur sa mémoire imparfaite que sur son rangement.
Alors, si tu m'aimes depuis si longtemps il va falloir continuer à " faire avec". Et vous Mon Dieu, et toi mon ange gardien, il faudra bien continuer à me tenir par la main, m'éviter les obstacles. Sinon je vais être très mal. Je garde pour moi les insomnies, les angoisses, les déceptions, les peines. C'est le lot de l'imparfait même si ça me pourrit la vie.
Je file travailler, terminer un chantier en retard, malgré le trop chaud, le très pénible, juste pour tenir une promesse. Je suis fatigué, j'en ai assez. Je quitte une maison que j'aime, plein d'êtres chéris, qui dorment encore et qui croient que je préfère le travail à eux.
Je pars et je te remercie car écrire m'a redonné la force du partir.
Bonne journée.