Une crèche de mots....

Ils sont là sur le bureau bien alignés comme pour la parade. Ce sont les mots de sa crèche de mots. L'homme les regarde avec tendresse. Il sait qu'il peut compter sur eux. Dans les moments les pires ils ont toujours été là pour l'aider à comprendre, à surmonter. Dans les moments les meilleurs ils ont avec intelligence su rehausser encore les couleurs du bonheur.

Il les passe en revue comme à la veille d'une bataille. Ils se tiennent droits et fiers, même "élastique" et "caoutchouc" ces mots à la gomme qu'on a du mal à gérer. 

Car il s'agit bien d'une bataille. On attaque ses amies, les crèches et les petits santons, ces petits saints de l'ombre, du quotidien, de l'ordinaire. 

Ceux qui font ça avec tant de haine et de bassesse reviennent régulièrement dans l'histoire. Il y a cent ans, ils s'emparaient des églises au nom de l'état qu'ils disaient être, cent avant encore ils chassaient les moines des couvents, s'emparaient de leurs biens sans vergogne. Ils sont revenus avec leur petits costumes bleus ou gris et leurs cravates sages. Ils tremblent  de peur devant un ennemi qu'ils n'osent pas nommer mais qui se dit "religieux" aussi. Alors, ces petits hommes bas et tristes utilisent ce prétexte d'une religion de guerre pour attaquer une religion de paix.

Les mots hochent la tête. Ils ont compris. Chacun d'eux fait un pas en avant pour dire qu'il est volontaire.

Et l'homme choisit.

D'abord "Ventoux", un nom propre. Il faut bien situer le décor dans sa chère Provence. Il sera là au fond devant le papier bleu sombre étoilé.

Ensuite viennent "coteaux", "vignes", et "oliviers". Mais ici, dans la pleine, il rajoutera des "pommiers" et fera courir une "Sorgue". "Encore un nom propre !" Direz-vous. Et bien non ! ici, ce nom est tellement multiplié qu'il en est devenu un nom commun.

Et un peu moins au loin, plus près que "Ventoux", sur une excroissance plus modeste. Il installera "monastère" celui qui se détache dans sa plaine à lui. Celui des moines qui transformèrent ces "marécages" en un beau réseau de "rivières" de "canaux", de"réaux", de "béaux"....tous ces beaux noms de l'eau au service des hommes.

Plus il installe le village et  au cœur du village, son jardin. Dans un coin une remise sera la crèche. Le décor est planté. Il se colore avec le jour.

L'homme avait envie d'en rester là pour ce premier jour. Les santons viendront, un par un, enrichir la crèche. Mais, hier soir, il a appris qu'un tout petit santon avait pris de l'avance et quitté la terre pour rejoindre le Père. Une toute petite princesse d'un peu plus d'un mois. De ces " tout petit" auquel il nous est dit de ressembler. Elle s'appelle Azélie. Alors il a eu  envie de la mettre là dans un petit berceau, pas très  loin du berceau du personnage principal.

Pendant ce temps. L'autre crèche, celle des beaux santons en terre cuite, a pris sa place sur la petite table du salon. ELLE,  y a travaillé avec soin. Il n'a pas eu besoin de branchages, de terre. Cette année la crèche est très simple avis très belle. À Noël, les enfants seront répartis dans le monde. Un en Afrique, les autres dans les émirats dont un qui se prépare bien au chaud. Le dernier les rejoindra peut-être, qui est en mer...quelque part.

Bon week end, ami lecteur. merci de partager mon petit monde de mots.

Comments

[Myosotis]

Tout un monde de souvenirs, de sentiments, de belles pensées... Je me glisse dans un coin et je vous remercie d'avoir mis tout cela en place.