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et pourquoi ne pas le dire ?
11 février 2016

Parents d'expat

C'est un rôle étonnant que la vie donne parfois à des parents qui ne s'y attendaient guère. Ils avaient tranquillement mené la barque de leur propre vie en Bretagne, en Provence, en Touraine, voire même en région parisienne. Les plus curieux d'entre eux, les plus hardis étaient même parfois partis en voyage tentant la grande aventure de s'en aller loin de leurs frontières. D'autre fois encore quelques déplacements professionnels leur avaient permis de savoir qu'il y avait d'autres hommes qui travaillaient dans des pays qui n'était pas les leurs. 

Ils sont français, donc leur apprentissage des langues a été fatalement médiocre et si les plus brillants d'entre eux sont  parfois capables de traduire avec talent un texte de Shakespeare, la plupart, il faut bien le dire constatent  avec effroi qui leur eut été plus utile de savoir demander une route, ou un prix.
Mais c'est trop tard. L'un de tes enfants est touché (quand il ne le sont pas tous). Il commence par te parler de "classe internationale". 
Un peu plus tard ( tu te demandes même si ce n'est pas pour allonger la distance qui le sépare de toi..) il part à l'étranger en Erasmus ou un de ces autres noms savants qu'on donne à des programmes qui ne consistent finalement qu'à aller ne pas faire ailleurs ce qu'ils n'auraient de toutes façons pas fait en France non plus...je veux dire de sérieuses études.
Ils reviennent le plus souvent pour quelques mois ou quelques années. Certains guéris reprennent tranquillement le cours de leur vie. D'autres au contraire n'ont de cesse que de partir à leur tour travailler dans un pays lointain. il arrive même qu'ils trouvent un partenaire et partent y fonder une famille.
Toi, tu les aimes....alors tu vas les voir, plein d'idées préconçues, plein de rêves étouffés de vie facile. Tu cherches la période la plus favorable ( c'est-à-dire la moins chère ) et tu pars dans un "low cost" les genoux coincés sous le menton. Tes valises pleines de ces choses lourdes qu'ils aiment...et "qu'on ne trouve pas ici". Tu redoutes une inspection de douane et tu te sens coupable  au moment de passer la sécurité.
Dans le meilleur des cas tu as pu apporter avec toi quelques vêtements dont tu découvriras bientôt qu'ils ne sont adaptés ni au climat, ni aux événements, ni aux coutumes. 
Tu les retrouves. Tu es heureux. Ils le sont aussi. Il faut qu'en un instant tu apprennes ce qu'ils ont eu plusieurs semaines pour comprendre. C'est un pays où on conduit à gauche, ou alors les voitures sont toutes automatiques. Tu t'entasses parfois  dans des taxis avec d'autres que tu n'aurais jamais imaginé comme voisin. Tu manges dans de petites échoppes des plats parfois délicieux ou d'autres si pimentés qu'ils t'emportent la bouche. Au contraire la ville est parfois si élégante que toute sens un peu "plouc" avec tes jeans et tes chaussures "bateau".
Bref tu es toujours un peu "décalé" avec tes enfants et/ou leurs amis qui eux ne le sont guère, habitués à vivre à cet endroit, simplement tous les jours. 
Tu vis aussi parfois à un autre rythme où le dimanche tombe le vendredi, où tu réveilles tes amis restés en France si tu veux échanger quelques impressions avec eux par Skype, FaceTime ou un autre de ces outils modernes.
Tu accompagnes tes petits-enfants dans des écoles où chacun (sauf toi) parle avec aisance une autre langue que la tienne. 
Tes enfants t'ont consacré quelques jours parce que dans les autres pays on n'a pas autant de vacances qu'en France. Tu as donc quelques jours pour découvrir avec eux de fort belles choses. Seulement toi, tu as pris pas mal de temps et tu dois un peu aussi te débrouiller tout seul.
Je pourrais ainsi parler des heures avec juste un peu d'ironie, pour le plaisir d'écrire. Mais je le confesse c'est vraiment une grande chance, qui arrive seulement un peu tard dans la vie que de découvrir d'autres mondes.
Alors mes chers enfants, continuez je vous en prie d'élargir notre horizon...je vous aime.
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Commentaires
M
Tous les voyages, les avions en retard et les valises perdues, tous les projets lointains, les enfants devenus bilingues qu'il faut suivre là où ils vont, les problèmes de décalage horaire et les efforts d'adaptation, tout cela semble bien plus léger quand "je vous aime" retentit en conclusion...<br /> <br /> Les bons parents d'expats sont en fait de vrais parents tout court...
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B
Tellement bien vu! Nous, pour le moment, nos trois grands restent très attachés à leur mère patrie ( qui le leur rend bien mal par les temps qui courent)la plus aventureuse ayant posé ses malles et ses six enfants au pays basque.. Mais notre petite dernière après six mois au Canada( anglophone) ne rêve que d'y retourner pour de bon.<br /> <br /> Et alors, nos talents linguistiques de mauvais élèves d'il y a quarante ans vont devoir se déployer !
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et pourquoi ne pas le dire ?
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