Allumer un feu au printemps

Mai est à nos portes mais un fort mistral a, tout à coup,  fait tomber la température d'une dizaine de degrés. J'avais eu froid cette nuit. Chez nous le chauffage est arrêté depuis plusieurs semaines et j'aime bien généralement ces tombées de fraîcheur. Mais là, c'en était trop et c'est en entendant les premiers chants d'oiseaux qui précèdent le lever du soleil que je décidais d'allumer un feu ( peut-être le dernier?) dans l'âtre.

Ce feu avait un goût d'interdit, de dépense inopinée, bref... de luxe. Élevé dans une sage économie de deniers un peu trop rares j'ai gardé ce sentiment qu'un peu moins de confort est une bonne philosophie. 

Mais ce matin je vous écris devant ce feu de riche, ce feu de bourgeois, ce feu inutile que je savoure comme on savoure seul et en silence un bon cigare (pour les fumeurs) ou un vieil alcool.

La journée sera courte tant il y a à faire entre la maison, le jardin, la mairie, un peu d'écriture  et beaucoup de lecture. Je sais qu'à l'heure de thé vous viendrez me rejoindre à l'atelier, un plateau élégant rempli de bonnes choses, et passer un peu de temps avec moi, peut-être à converser, plus sûrement à apporter votre touche d'élégance aux travaux que je fais.

Se lever tôt, allumer un feu, vivre comme un bonheur les tâches du jour ce sera mon programme aujourd'hui.

Et Vous, mon Dieu, par qui ces petites grâces sont possibles, je vous en remercie.

À toi, ami lecteur, je te souhaite ce même bonheur ordinaire et si par les hasards de la vie, par une épreuve, par le travail ou tout autre vicissitude tu étais dans l'incapacité de le faire sache que le temps viendra des petits bonheurs et qu'aujourd'hui je te porte dans mon cœur et dans ma prière.