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et pourquoi ne pas le dire ?
25 octobre 2016

Road trip ....à la mode de Provence

Dieu que c'était tentant, ce plein de réservoir d'une voiture qui allait partir à la casse ! 

800 kilomètres offerts un début de week-end. Une envie de bouger. Un temps qu'on s'annonce maussade...demain.

Mais pourtant il fait encore beau. Le marché bat son plein. En faire le tour le samedi matin est devenu un besoin plus qu'une habitude. La vieille amie élégante qu'on croise, poussant son déambulateur, avec qui on échange des nouvelles de sa famille qu'on aime.

Le marchand de poulet et  d'oeuf. On parle du temps, de sa santé, des prises électriques du marché qui déconnectent trop souvent mais qui seront réparés l'an prochain. La marchande de pommes et ses caisses à 5 euros parce qu'elles ne sont pas au gabarit...mais si bonnes. Le rédacteur du journal de la ville qui passera à la mairie "pas grand chose, un ami qui veut construire."

Dieu que le temps passe vite ! Il est déjà plus de 11 h quand je rentre chez moi. On a vite rempli une valise, pris une carte de la région. Et on part. Avignon que l'on traverse nous fait comme un clin d'oeil pour nous dire qu'il faut aller encore un peu plus loin.

Un peu plus loin ce sont les Cévennes, ces terres magnifiques souvent un peu austères, terres de paysans courageux, terres de guerres aussi. De nos jours nos villages n'ont plus cette agitation laborieuse qu'on leur connaissait autrefois. Ils paraissent souvent déserts et on a l'impression d'endroits un peu fantômes. Mais l'oeil parcourt ainsi de belles architectures sans que l'oeil soit distrait par le spectacle de la vie.

On monte encore vers la Corniche des Cévennes et la vallée Française. Tout ca est grandiose : les arbres n'ont pas encore toutes les couleurs de l'automne mais ce mélange de verts et de roux est un bonheur des yeux.

Dans la voiture les seuls bruits sont nos voix. On a un peu l'impression d'assister à un magnifique film muet. Les paysages en voiture manquent de cette dimension du bruit et du vent.Alors on s'arrête souvent. On a plaisir à descendre, à sentir le vent, à entendre les arbres, les oiseaux. On remonte encore...Florac, puis ce Causse Méjean qu'on traverse pour rejoindre la Vallée du Tarn et ses magnifiques gorges. Plateaux déserts, quelques petits abris de pierre pour rassembler le lait des brebis. De jolis petits villages posés ça et là dégagent un charme irrésistibles. Dans le ciel un aigle tourne et montre que tout cet espace est le sien. Magnifique.

Mais la nuit s'avance déjà. 

On rejoint Millau et on découvre le magnifique viaduc en arrivant par la vallée qu'il enjambe. Il faut dire qu'on est amoureux de ce Viaduc qu'on a traversé de nombreuse fois. Du sud au nord pour retrouver des parents qui ne sont plus. Du nord au sud pour revenir à LA maison qui nous attendait. Sur la route, il prend au cours des saisons des aspects si différents qu'on ne peut qu'admirer ce merveilleux travail des hommes.

On arrive à Millau.On prendra un peu de temps ce soir à visiter la ville qui s'endort et demain on assistera à la messe et on repartira vers le sud. Mais il règne une étrange agitation dans la ville et tous les hotels sont complets. Dimanche il y aura la course de l'année. Tout est fermé. Finalement on ne restera pas.On repart. On traversera le Larzac dans la nuit. Lodève que l'on traverse, entre chien et loup, déserte, ne nous attire pas. On file vers la coté plus à l'ouest. On dormira à Béziers. 

L'hôtel qui nous accueille en plein centre ville est bon marché et nous offre son parking. Il pleut. On trouve un petit restaurant. La nuit à l'hôtel, comme la journée de vacances ou le voyage en train ou en avion, garde, malgré le temps "le goût de madeleine" des vacances. On reste des enfants...et c'est tant mieux !

Dimanche matin. Il fait mauvais. On marche dans la ville. Il y a longtemps qu'on n'était pas venu. La ville est belle. Grands immeubles et hôtels particuliers indiquent qu'elle fut riche et qu'elle  a eu envie qu'on le sache. Les villes est toujours vides les dimanches matins sous la pluie mais on rejoint une de ces belles cathédrales du Languedoc. C'est la messe. Il y a du monde car c'est la fête du vin nouveau. Les premiers rangs sont pleins de costumes traditionnels et de symboles de vignerons. 

Il y aura ensuite, après la messe, devant le Paris qui domine la vallée de l'Orb, une cérémonie civile. Une plaque à la mémoire de ce prêtre normand assassiné cet été dans son église. Peu de monde : Le maire de cette ville n'est pas bien vu de la presse. Pourtant cette cérémonie est bien émouvante et on aimerait que les hommes sachent oublier parfois leurs querelles pour ne vivre que l'essentiel.

On déjeunera dans un bel espace aux accents espagnols de Flamenco, charcuterie et fruits de mer, dans un beau marché couvert qui est en train de vendre à ses derniers clients. 

Et on repart vers la côte, Sète, Maguelonne, Palavas, le Grand Travers : des noms qui évoquent pour Elle des souvernirs d'enfance, de grandes cousinades dans ces maisons qui touchent à la mer, quand cette région n'était encore que peu fréquentée et pas encore un grand fronton d'immeubles face à la mer. 

Il y a l'eau. Les embruns. Une mer aux allures de tempête. Le cimetière marin. Le souvenir de Brassens dont on n'apprend d'ailleurs que ce n'est pas là qu'il sommeille pour toujours. la petite route qui sépare mer et étang et qui nous amène au bout du bout à cette abbaye à laquelle on peut accéder que ...depuis l'autre côté.

Dimanche n'est déjà plus qu'un souvenir quand la voiture rejoint son port d'attache. 

On la quittera cette semaine comme on quitte ces vieux objets amis qui nous ont accompagnés un long temps. On pense à ces amis qui nous l'ont vendu pour presque rien au moment difficile où nous en avions besoin, aux longs moments passés avec elle, aux confidences échangés pendant les longs voyages, aux silences aussi. Objets inanimés qui bien sur ont eu une âme. Qui sait ce qu'elle deviendra ? Mais nous savons bien ce qu'elle fut.

Mais c'est l'heure. Il faut que ma journée commence. A bientôt ami lecteur.

 

 

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Commentaires
C
Si agréablement narré, voici un dernier voyage qui vous a fait faire un bon dans le passé et qui la projette vers un futur que vous jugez très incertain. Mais êtes vous bien sûr qu'elle ne va pas vivre une seconde jeunesse dite "voiture de collection" ?
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C
C'est un bien joli voyage que vous avez fait là monsieur Jacques. Un beau chant du cygne pour la vieille voiture qui emportera avec elle le souvenir d'un weekend de bonheurs.<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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et pourquoi ne pas le dire ?
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