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et pourquoi ne pas le dire ?
12 décembre 2016

Nuances de gris

Le brouillard envahissait tout l'espace. Il étouffait les rares bruits du dimanche matin dans le village. J'étais levé à l'aube mais je n'avais pas voulu La tirer d'un sommeil qui paraissait profond et qui semblait bien nécessaire. Nous irions à la messe au village dans notre eglise voisine. Et puis Elle s'est levée et nous avons tellement traînés que nous sommes quand même arrivés légèrement en retard. 

Il restait des places dans la seconde partie de la nef, au deuxième rang. Le premier est généralement rempli de ceux qui ne se déplacent pas pour communier. Les malades ou les plus anciens. Y siéger est devenu une sorte de reconnaissance d'ancienneté et d'honorabilité.
Nous nous installons sur le banc de derrière. Devant nous, cinq femmes âgées, cinq veuves dont deux depuis peu. Plutôt des notables, d'anciennes commerçantes ou des épouses d'agriculteurs aisés, parmi ellesla femme de l'ancien maire. Presque toutes sont vêtues de gris et leurs cheveux vont du blanc le plus éclatant jusqu'au poivre et sel, un camaïeu de gris. 
Elles sont contentes de se retrouver. Il y a tant de choses à commenter. Le micro qui défaille et les paroles qu'on ne comprend pas. Le petit groupe de musiciens et de chanteurs qui animent la messe : une sympathique et jeune famille de musiciens qui vient de s'installer dans le village et la paroisse, y apportant une énergie nouvelle.
La messe est dite pour le mari de l'une d'entre elles qui d'ordinaire n'est pas là. Lorsque le prêtre évoque son  nom, onpeut presque lire sur son visage tout le poids de l'absence.
Une étrange odeur se dégage de ce banc. Une odeur d'enfance, de parfums oubliés, d'eaux de Cologne, de lavande peut-être, de mes propres grands-mères, de ces cheveux qui semblent avoir des reflets bleus ou mauves tant ils sont blancs.

On entend mal et très vite elles se lassent de tenter d'écouter. Elles commentent en oubliant parfois qu'elles entendent mal et qu'elles parlent un peu fort. Un peu difficile à suivre mais on pardonne bien volontiers.
Ce petit monde parle et s'agite car il y a une tradition de dissipation dans nos églises pour les enfants ....ou les anciens. C'est une des rares coutumes qui y subsiste encore.
J'avoue ma distraction à suivre ce petit manège.
Lorsqu'on sort il fait encore frais mais le soleil est éclatant. Le vent qui s'est levé à balayé tout le brouillard. Quelques mots échangés. On tarde à se séparer. Dimanche a déjà fait la moitié du chemin.
Un rapide repas, le petit cours de grammaire entre Elle et l'aînée de nos petits expats. Échange de travail mais surtout une belle complicité avec celle qui devient trop vite une grande fille.
On ira l'après midi goûter chez des neveux où deux charmantes petites filles nous feront l'inventaire de leurs jeux, de leurs livres, de leurs poupées. Deux adorables blondinettes.
Et puis déjà le soir tombe et c'est l'heure de rentrer. Un dimanche qui s'achève.
Ma petite histoire est terminée, lundi pointe déjà son nez . Il ne me reste, ami lecteur, qu'à te souhaiter une bonne semaine.

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Commentaires
C
Les cheveux blancs ont vraiment des nuances de mauve, ça se fait chez le coiffeur...<br /> <br /> Véridique !<br /> <br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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C
Et je parie que les femmes sont d'un côté et les hommes de l'autre ce qui me pousse à parler de tolérance puisque certains lieux de culte sont critiqués pour mettre les fidèles à l'étage ou au rez-de-chaussée suivant leur sexe. L'essentiel n'est il pas de prier dans une communauté d'idée, d'échange et de partage ?
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et pourquoi ne pas le dire ?
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