Après-Noël

28 décembre 2016

Depuis deux heures la maison est vide. Deux de nos enfants étaient venus passer Noël avec nous. Les deux s'en sont allés vers leurs vies. L'aînée nous a quittés hier et le dernier aujourd'hui.

La maison doit retrouver maintenant son propre rythme. Quelques jours de bonheurs partagés, la même attente de cette belle et sainte nuit. Des cadeaux déballés. Une table bien garnie et joliment mise.
Midi avait aujourd'hui des allures de printemps : on a même déjeuné dehors. Le ciel bleu d'hiver de Provence, un soleil éclatant, une matinée de travaux fatigants nous avaient donné un bel appétit. L'après-midi entre sieste et repos au coin du feu avant la dernière séparation.
Mais déjà on pense à demain, à l'été, avant peut-être, aux derniers travaux qui les attendront et qui seront une surprise. Il y aura cet été le jardin "familial" où je partage un petit lopin avec un ami pour la première fois. On ira avec l'un ou l'autre de mes quatre petits cœurs, peut-être les quatre, dans ce beau chariot que j'ai reçu en cadeau de la part de mes enfants. On guettera la croissance des légumes. On en cueillera quelques uns. Peut-être comme la semaine dernière on dénichera un gros crapeau ou un hérisson apeuré. On rira. On criera. On fera semblant d'avoir peur. On aura peut être vraiment peur.
Il y aura aussi ces trois petits vélos achetés pour nos petits expats (le quatrième est encore un peu jeune) Et la piscine, la cabane et la tour, la semaine de location tous ensemble loin de nos bases. Il y aura les spectacles, les rencontres, les amis reçus sous le hangar.
En attendant, on se prépare. La maison à besoin de travaux. Et puis il y a tous ces échanges que le monde moderne nous permet. On se suivra par telephone, ou Skype, ou les deux. On se récitera des poèmes, on s'écrira des histoires.
La vie, l'autre, la nôtre pendant ce temps continuera à son propre rythme avec ses richesses, ses stress, ses angoisses, ses peines et ses joues.
Mais c'est pourtant vrai qu'on passe aussi une grande partie de notre temps, spectateurs lointains, des bonheurs de ceux qu'on aime. On est passé un peu au second plan. On joue des seconds rôles.
"Mais dis-moi mon ami Jacques, tout ce que tu racontes ici est d'une affreuse banalité."
Non ! Ca porte un nom "la vie". Certains moments sont riches, croustillants, fourmillent d'anecdotes. D'autres sont plus légers, plus calmes, des temps d'attente peut-être.
Et la vie avance sous le regard bienveillant de Celui qui nous tient dans Sa main et nous porte dans Son coeur. Et nous restons là, pénétrés de ce grand mystère.
La crèche à côté de moi nous renvoie autour de l'enfant ce monde paisible et exigeant à la fois.
L'année touche à sa fin. Je te souhaite mon ami...un bon bout d'an.
"a l’an que ven que se siam pas mai que siguem pas mens"