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et pourquoi ne pas le dire ?
8 janvier 2017

Enterrement

La mort qui souvent frappe avec surprise semblait cette fois-ci avoir préparé tout le monde. La mort tardait à venir comme pour laisser à l'homme qui devait partir le temps de se préparer et d'arriver dans l'Autre Monde dans les meilleures conditions.

L'homme qu'on enterrait ce matin était le père d'un ami. Je devrais plutôt dire était le grand-père, le beau-père et le père d'amis tant tous ceux qui étaient là, dont on ne connaissait pourtant que quelques uns, nous étaient familiers. Car on est toujours familiers avec ceux qu'on croise depuis de nombreuses années à l'occasion, de mariages, de baptêmes, de manifestations même...et d'enterrements aussi. La famille d'amis si anciens est toujours un peu la sienne.
Il est des morts qui surprennent, d'autres qui se préparent, je dirai presque avec application.
Cet homme qu'on enterrait allait avoir cent ans, un beau parcours sur cette terre, une belle vie d'officier, une belle vie de médecin.
C'est jour de marché dans la ville et on peine à trouver une place. On arrive un peu en retard. L'église est déjà pleine.
On trouve nos deux places et on découvre au passage que de nombreux amis sont là qui ont fait le même voyage pour être là, juste ...là, en ce jour.
Une nombreuse descendance mais, à cet âge-là, pas de contemporains : ils sont tous déjà partis pour un monde meilleur ou attendent, parfois avec impatience et souvent en souffrant, ce qui est parfois une délivrance et toujours un chemin vers d'autres qu'on a aimé avant.
Bien sûr qu'elle est là cette maudite tristesse qui fait rougir les yeux et mouille les mouchoirs. Mais ce qui semble prévaloir c'est une très grande espérance.
Le choeur est plein de prêtres et d'enfants de choeur. Dans la nef des religieuses assez nombreuses et d'ordres différents. L'homme non seulement croyait mais, comme le dira le prêtre : " il aimait Dieu et il aimait l'Eglise."
Cet homme disait aussi pour définir sa famille : "Chez nous, on est catholiques et on est travailleurs." Une belle et humble profession de foi comme je les aime de ceux qui tracent en silence un profond sillon d'amour et de labeur sur cette terre.
Ce sont ses petits-enfants qui portent le cercueil. Un arrière-petit-enfant, en tête, porte sur un coussin rouge deux décorations qui résument mieux qu'un long discours tout un passé de militaire.
Sept enfants, de nombreux petits et arrières-petits-enfants. On n'en fera pas le compte, il y en a beaucoup, en tous cas assez pour composer une belle famille.
A la sortie de l'église on se retrouve tous ensemble. Une école prêtée pour l'occasion. Ce sont ces petites religieuses qu'on voyait sur les bancs qui ont prêté leur réfectoire.
On déjeune. On boit. On parle. On sourit. On rit même. On évoque le mort mais aussi mille autres sujets. Car si la mort est là, présente, la vie l'est doublement. Là dans ce réfectoire où on se rappelle qu'on est bien vivants...et quelque part, ailleurs, dans un endroit qu'on ne découvrira que plus tard où notre ami doit être en ce moment en train de découvrir sa place.
Le repas terminé on repart. Le corps ne sera inhumé que plus tard. On n'ira pas au cimetière niché quelque part dans un beau village des Maures.
Dans la cour de l'école, les sept enfants rassemblés, posent pour une photo de famille. Émouvante image de cette tendresse qui reste entre frères et sœurs et qui se sent encore plus quand tout à coup on se retrouve au premier rang.
Il faudra bien les deux heures du voyage de retour pour mettre un peu d'ordre dans ses images et méditer les paroles du prêtre entendus au sermon.
Une belle journée froide et ensoleillée de début d'année.

 

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