31 janvier : Anniversaire d'une maman.

Ma chère petite Maman,

Chaque année, ce jour à pour moi une saveur particulière : une sorte de tête à tête invisible que je passe avec toi. Ces heures passées, enfant, auprès de toi, souvent à te regarder travailler. Le mot qui va bien, la parole qui encourage ou console d'un chagrin. Nous étions 14 que tu avais fait naître. On l'imaginait mal lorsqu'on te voyait si menue. 13 avaient survécu. Ni le nombre d'enfants, ni les difficultés de la vie n'avaient eu raison de ta capacité à aimer et de ta patience.
Est-ce à cause de cette date ? Je  me suis réveillé ce matin, transpirant, inquiet. J'ai fait un terrible cauchemar : le monde auquel je crois, celui de ceux que j'aime s'écroulait. Plus rien de ce que j'avais appris n'était d'actualité. Ni le vrai, ni le bon, ni le juste. J'avais la curieuse impression de glisser sur une plaque de verglas. Je prenais de plus en plus de vitesse et tout tournait autour de moi. 

Je crus d'abord que j'étais malade. ELLE, qui dort auprès de moi, est en effet souffrante depuis hier et notre fils est reparti lundi travailler alors qu'il ne se sentait pas bien. En ce moment, ici, ce sont les maladies de fin d'hiver. Mais il n'en était rien. Je n'avais pas de fièvre et , elle, dormait, reprenant des forces.
Je n'arrivais pas à analyser la cause de cauchemar. Certes le monde s'agite bizarrement et mon pays vacille sur ses bases. Mais pourquoi ce matin ?
Je me levai, je pris conscience de la date. Et c'est l'image de toi, petite maman, qui m'a apaisée.
Une fois de plus dans ma vie, c'est ma petite maman, deux fois plus petite et plus mince que moi, qui a ramené le calme en moi.
Beaucoup de femmes possèdent ce don de rétablir l'équilibre dans nos vies. Elles possèdent de telles qualités qu'homme, je me sens souvent bien indigne de tout l'amour que nous recevons d'elles, et de force aussi.
Le monde d'un homme souvent se résume à deux femmes : celle qui l'a élevé, celle qui l'a choisi. Je sais bien que cette règle souffre des exceptions, hélas. Mais j'ai la chance d'être de ceux pour qui ce n'est pas le cas.
Oh, ami qui me lit, ne crois pas que cette prise de conscience donne à celui qui la fait des qualités particulières. Mais ce matin, cette double présence suffit à mon bonheur.
L'image de ma mère m'a apaisée, celle de mon épouse encore un peu souffrante m'a donné l'envie d'être plus utile en ce jour.
Et, toi, petite maman à qui ce billet était destiné avant que je ne m'égare, d'où tu es, tu dois bien voir comme tu me manques souvent, à moi et à ceux nombreux à qui tu as donné ton amour.
Alors je te remercie d'être intervenue une fois de plus dans ma vie pour y ramener le calme.
Je t'embrasse très fort.
Embrasse Papa aussi.

Signé : Un petit garçon, qui croit parfois être devenu un homme, mais à qui heureusement la vie rappelle que ce n'est pas si vrai que ça.
;-)

Comments

[celestine T]

Merci pour ce billet très émouvant, j'ai eu du mal à retenir quelques larmes.

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