Terre Sainte : Entre-deux - impressions.

L'avion nous a déposé ce matin en France. 

Une vieille dame m'a demandé en hébreu de lui attraper sa valise sur le tapis roulant et j'ai compris ce qu'elle disait.
Mon petit frère était là qui nous attendait. Sa grande voiture nous a successivement déposé tous les sept aux endroits de nos vies. La maison nous attendait aussi. La vie d'ici. Treize autres nous accompagnaient qui sont rentrés aussi.
Du courrier qu'on n'a pas encore ouvert. Un déjeuner léger et une sieste bien plus courte que prévue qui me laisse le temps d'écrire. Aujourd'hui sera un jour "entre-deux".
Entre la vie de cette Terre Sainte qu'on vient juste de quitter et celle qui nous attend, belle terre de France que nous aimons si fort.
Un pays meurtri, berceau du Rédempteur et de son tombeau vide. Pays d'oppression et de peine et pourtant terre bénie.
Dix jours pour tenter d'assembler ce puzzle de révélations et de mystères reçus en héritage et depuis la plus tendre enfance.
Pays parcouru de pèlerins mais aussi de touristes où les endroits les plus sacrés manquent tellement de paix et de silence.
Et pourtant. Et pourtant vous, nos parents, nos enfants, nos amis, nos malades, nos "prochains", nos voisins, nos milliers d'intentions de prières.
Comme on aurait aimé être tellement plus dignes de ces endroits où on les déposait.
Miracle de l'étranger, des rues où on se perd, des endroits qu'on découvre en demandant :"on peut entrer ?" Et où une réponse positive vous découvre quelques popes en conversation dans une cour médiévale où les croisés ont laissé leur empreinte, ou une humble petite religieuse qui vous ouvre une ravissante petite chapelle.
Miracle des langues tellement étrangères qu'on comprend par un geste ou par un sourire.
Un humble bédouin qui nous regarde célébrer la messe dans son désert et qui se retire pudique avec son troupeau.
Quelques gazelles qu'on admire et le vent qui emporte en riant ton foulard comme pour te punir gentiment de leur voler de leur intimité.
Miracle du désert, du Jourdain béni, de ces noms de montagnes sacrés qui ne me parlaient pas du tout avant.
Et ce peuple pourtant si courageux qui a laissé "passer son tour" et qui revient meurtri ...et pourtant oppresseur. Et cet autre oppresseur ...maintenant opprimé.
Violence des ces murailles anciennes ou modernes, de ces agresseurs ou de ces soldats qui sont encore des enfants. Violence de ces "colonies" qui viennent aujourd'hui ajouter de la guerre à la guerre.
Et cet autre pays qui nous attend, avec notre devoir quotidien, notre travail.
Dimanche on vote. On avait presque oublié. Et nos écrans nous renvoient le pire. Entre la certitude du prolongement d'un politique mortifère, stérile et menteuse et l'incertain aux promesses, peut-être trompeuses et jamais éprouvées. Choix difficile.
Alors c'est à toi, Terre Promise devenue Sainte et puis meurtrie et à tous les Saints qu'elle a porté que je demanderai d'éclairer mon choix.
Car il y a des moments où il est lâche de ne pas choisir...et si douloureux de le faire.
Alors je m'en remets à toi et dans le petit bureau de vote que j'aiderai humblement à tenir, je te demande que ce choix contribue au meilleur et surtout n'empêche pas aux plus petits niveaux où nous sommes de continuer à servir.
Et toi, ami lecteur, je te demande pardon à l'avance car je risque de revenir souvent sur ce pèlerinage-voyage si important pour moi.

Bonne journée.

Comments

[Chinou]

C'est avec plaisir que je reviendrai avec vous sur ce pélerinage voyage où les mots ont la couleur des photos, où les phrases nous prennent par la main pour nous faire partager votre vécu.