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et pourquoi ne pas le dire ?
17 mai 2017

Ombres et lumières.

Chère petite sœur Tana,

Je vous écris ce texte que probablement vous ne lirez pas pour me réconcilier un peu avec le genre humain. Je n'aime rien moins que le sentiment d'être accusé d'un mal lorsqu'on est simplement porteur de la mauvaise nouvelle. C'est pourtant celui qui vous guette dans un monde où trop souvent on se réfugie dans le silence ou la dissimulation. Ce fut le cas hier. Bref j'ai besoin d'images lumineuses pour contrebalancer ces effets négatifs. Alors je reviens en arrière.
Nous arrivons chez vous, dans cette belle maison de la fin du 19 ème siècle, une belle maison construite au coeur de Nazareth pour être une école tenue par des religieuses. L'école s'est exilée. La ville s'est agrandie. Le bâtiment a été réaménagé et accueille maintenant des pèlerins. Il est fait de ces belles pierres blondes qui donnent à ce pays ces si belles couleurs. Une grande cour au centre, de jolis massifs fleuris. Au rez-de-chaussée les pièces principales ont gardé leur fonctions d'autrefois. Elles sont restées cuisines, réfectoire, salle d'étude, que sais-je encore ?
Dans les étages on a aménagé des chambres.
Nous arrivons en fin d'après-midi. La maison est proche de la basilique de la Visitation où il y a plus de 2000 ans, un ange apparut à une jeune fille pour lui dire qu'elle serait son beau mais difficile destin. On nous a parlé déjà de cette maison. On sait qu'elle contient un trésor. On nous promet qu'on pourra le visiter, le soir, après diner.
C'est vous qui choisissez de nous faire la visite. Pourtant vous êtes la supérieure de cette maison et vous avez sûrement bien d'autres choses à faire. On doit ce privilège à ce que, pas très loin de chez nous, vivent les soeurs les plus anciennes de votre congrégation. Notre aumônier est là qui les connaît et cela crée le lien nécessaire.
Nous descendons dans les sous-sols de la maison.
Ils ont été creusés, peu à peu, au fur et à mesure qu'avançaient les fouilles. Lorsque le terrain fut acheté, il valait cher. La tradition rapportait que c'était la maison du "juste", qu'avait autrefois vécu là un homme exceptionnel, il y a très longtemps. Au dessus de cet endroit au cours du temps, on avait empilé d'autres constructions mais la tradition s'était maintenue.
On s'enfonce profondément. On découvre des pieces, un tombeau vide creusé dans le rocher, la pierre roulée devant. A l'image de ce tombeau vide que découvrirent les saintes femmes au matin de Pâques. Vous nous parlez de cette histoire, de ces traditions, de ce sol qui avait vu courir parmi les enfants ce petit homme-Dieu enfant.
Plusieurs lieux prétendent à avoir été la maison de Joseph. Celui-ci est l'un d'eux. Vous nous dites que peu importe que ce fut là où juste à côté. Dans un petit village de quelques centaines d'âmes où les maisons sont si proches, il est sur qu'Il est passé là. Vous nous expliquez tout, avec sagesse, avec humour parfois, avec piété toujours.
Vous nous expliquez comment chaque fois que vous descendez à cet endroit, votre coeur se remplit d'émotion. Vous nous pariez si bien de cette mission des familles, de la grandeur de l'humilité, de toutes ces choses si douces à entendre pour les "petits" que nous sommes, n'ayant pour autre ambition que d'accomplir le mieux possible ce petit "devoir d'état".
L'émotion est toujours présente quand je me remémore ces paroles.
Vous nous parlerez plus tard un peu de vous, de votre vie, de votre congrégation qui vieillit et ne se renouvelle pas. J'en ferai peut-être le récit.
Mais ce matin où il fera chaud en Provence, où je suis contrarié, où je me demande même l'intérêt de continuer dans l'exercice de mes petites responsabilités, j'ai besoin de l'image lumineuse de cette petite dame, d'une rare distinction, d'un grand savoir et d'une belle piété pour me donner la force de continuer.
Et c'est "requinqué" par cette belle image que je vais m'attaquer à ma tâche quotidienne.
Merci chère petite sœur Tana, et bonne journée à toi, ami lecteur.

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