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et pourquoi ne pas le dire ?
21 mai 2017

Mon cher Icare,

Tu voudras bien pardonner le temps long qui s'est écoulé depuis l'envoi de ta dernière lettre. Tu me demandes avec toute ta délicatesse de chien bien élevé si tu peux séjourner chez moi au week-end de Pentecôte. Tu te doutes bien que je me réjouissais de cette éventualité. J'avais juste besoin de vérifier que c'était possible et qu'un service déjà promis n'empêche d'honorer ta demande.

Et bien c'est oui! Et, tu t'en doutes, avec un grand plaisir. Tu sais que tu es toujours le bienvenu dans notre petite maison. J'aime, en relisant ta lettre, constater que tu possèdes cet art d'écrire de tous les chiens de bonne race. Des mots choisis, élégants, pesés, un rien d'humour, beaucoup de déférence. On voit que tu as été bien élevé par de bons maitres qui ont su te faire aimer l'éducation qu'ils t'ont donné pour le plus grand bonheur de tous.
Nous nous faisons une joie de te recevoir. Tu découvriras que depuis ton dernier passage la maison à un peu changé. Oh ! Rassure-toi, rien de bien extraordinaire mais cet ensemble de petites choses, de petites touches qui font qu'elle vieillit bien, avec élégance (j'aimerais un jour vieillir de cette manière...).
Je te parlerai de Réglisse qui vécut ici 15 belles années, qui, du Paradis des chiens, nous enverra un de ces petits jappements dont elle avait le secret et que nous seuls pourront entendre. Je te ferai visiter le village et ses nouveaux aménagements auxquels, modestement, je participe : le city-park, le beffroi encore en travaux, et d'autres choses plus petites.
Nous irons sur la rivière apporter du pain aux canards si tu me promets de vaincre, pour un instant, ton bel instinct de chasseur.
Je te demanderai de faire la grosse voix pour chasser les quelques chats qui prennent mon jardin pour terrain de leurs ébats et de leurs bagarres. Ce sont de gros matous sans aucune élégance. Ils mettent à mal mes petites plantations et se moquent de mes avertissements.
Puis, pour te montrer qu'en aucune manière, je ne méprise cette belle espèce, je te raconterai Ricoré et Plume qui furent tour à tour les compagnes de Réglisse prouvant par là qu'ils n'y a que les sots pour croire qu'on ne puisse s'entendre entre différentes espèces.
Toi aussi tu me raconteras, la modeste chapelle abandonnée que tes maîtres ont su transformer en une si belle maison, et pourquoi ils te laissent, et quel est ce beau-voyage-cadeau qui explique leur absence.
Et puis comme un enfant, je m'assiérai près de toi, à l'heure d'après le repas et je te raconterai mes rêves que tu comprendras. On ne peut pas trop raconter ses rêves aux autres hommes. Ils n'en ont que faire. Ils ont les leurs.
Enfant, je racontais aussi à mes chiens mes chagrins d'enfant balourd et maladroit. Maintenant j'ai compris que cet état faisait partie de ma nature et, le sachant, je n'en souffre plus...ou moins. Vous les chiens, êtes les meilleurs écoutants de cette belle terre.
Alors tu t'allongeras et tu t'endormiras. Je continuerai de parler sans m'en apercevoir jusqu'à ce qu'un petit cri m'indique que toi aussi tu peux rêver dans ton sommeil.
Ils seront simples ces moments, mon cher Icare. Nous nous envolerons toi et moi, comme celui dont tu portes le nom, vers le soleil qui nous chauffe et nous éclaire. Mais nous saurons de sa triste expérience ne pas nous approcher trop près du soleil, juste survoler notre petit monde.
Voilà ma réponse, cher ami à quatre pattes. Tu peux la transmettre à tes bons maitres qui, fidèlement, continuent de me lire.
Je te charge de les embrasser aussi et comme j'ai ouvert cette lettre un peu plus largement que pour eux, j'en profite pour embrasser, comme on peut le faire un dimanche matin de printemps, tous ceux qui me liront.
Qu'ils passent une bonne journée !

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