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et pourquoi ne pas le dire ?
14 juin 2017

Léger comme un matin d'été

À toi qui me lit du fond d'un fauteuil ou d'un lit d'hôpital, ou bien encore assis près de ton ami malade, ou simplement dans ce grand doute de demain, de la vie qui menace de s'enfuir ou de te faire souffrir, je veux encore te parler de mon petit jardin.

C'était, il y a encore peu de temps, une terre stérile, appauvrie par le temps, par des cultures peut-être un peu barbares, par ces produits de l'homme qui retirent la vie à la terre en croyant la donner.
Le limon laissé là au cours des millénaires par les rivières, les marais et les pluies était jonché de ces petits morceaux de plastique noirs et bleus qui sont la trace du passage des hommes modernes.
La terre était malade. Poussaient encore ça et là des "mauvaises herbes" qui prenaient ... toute la place.
Les jours d'affluence le terrain servait de parking au stade municipal voisin.
Pourtant un jour naquit dans la tête d'un homme ou de plusieurs l'idée de le faire revivre. Je ne sais pas trop la genèse de cette aventure. Je sais qu'il y eut un soir...qu'il y eut un matin...
Un jour il y eut là plusieurs parcelles, puis d'autres encore et cette envie de l'homme de faire sortir la vie de terre. Certaines étaient fertiles, cultivées avec soin. La mienne était encore stérile.
Il y a eu d'abord cette chirurgie violente. J'ai coupé ces mauvaises herbes. J'en ai extrait jusqu'aux plus profondes racines. Pas une vie d'insecte, pas la moindre coccinelle, le moindre ver de terre.
J'ai étalé sur le sol un peu de fumier ne sachant pas très bien comment le faire. Très vite des mauvaises herbes ont repoussé. J'ai de nouveau retourné la terre et cherché leur racine.
Et puis j'ai planté quelques graines, sans trop savoir ni ou ni comment. J'ai attendu qu'elles poussent. J'ai laissé grandir alors tout ce qui ressemblait à une herbe, ne sachant distinguer les "bonnes" des "mauvaises", le bon grain de l'ivraie.
Lorsqu'un semblant d'uniformité me permit de distinguer les unes des autres je chassais sans pitié les plus mauvaises.
Ensuite j'ai mis en place ma cabane. J'ai étendu sur le sol ces vilains tuyaux noirs qui apportent l'eau aux plantes.
J'ai installé là quelques plants de légumes.
Et puis j'ai attendu.
Et j'attends encore.
Je vais le visiter souvent. Je guette la moindre avancée, la moindre défaillance.
Depuis quelques jours je suis récompensé. Je vois les premières tomates.
Ma science est encore légère. Alors je parcours Internet. Je visite les jardins voisins. Je parle aux jardiniers que j'apprends à connaitre et à aimer. Ils ne sont pas jaloux de leurs savoirs.
Le "noir" de mon terrain est couvert de "verts" différents. Du plus léger au plus profond. Lorsque l'un pâlit, je rajoute de l'eau.
Parfois je vois une fleur, signe de récolte à venir.
Il reste encore de la place. Je plante encore des graines pour...plus tard.
Le soir, je rentre parfois épuisé, parfois juste attendri par un passage discret.
Je fais des photos, j'écris, je parle de mon "petit jardin". Un peu comme un amoureux.
J'ai aussi des doutes. Ne restera-t-il pas stérile ? Cette terre peut-elle encore porter du fruit ?
Et les jours passent. Et mon amour grandit comme grandit mon attente.
Je sais qu'un jour, il y aura là, à nouveau la vie.
Voilà, mon ami, ce que je voulais partager avec toi ce matin.
J'ai quatre enfants. Deux ont choisi de mettre leurs savoirs plus particulièrement au service des malades. J'en suis fier. Comme ceux qui s'affairent autour de ton lit ou de celui que tu aimes.
Les deux, chacun à leur manière, attendent en ce moment une bonne nouvelle....comme toi mon ami. Je l'attends avec eux...en confiance.
Alors j'avais envie de raconter cette toute petite histoire de ce jardin qui revit, de ces jardiniers qui les aident...et de Dieu sans qui rien de cela ne serait possible.
Bonne journée.

 

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Commentaires
M
Ma fille aînée qui s'apprête à donner la vie pour la première fois travaille auprès des personnes âgées dans un établissement dédié.<br /> <br /> Elle n'a pas un poste à responsabilité et est au plus près des résidents (soins du corps, change, aide à la prise des repas...) elle me dit combien la direction de l'établissement et même les familles les regarde "de haut" toutes ces petites mains qui ne s'occupent que des "basses" besognes, corvéables à merci, travaillant dur pour une misère.<br /> <br /> Je lui dis, au contraire, combien je trouve cela noble et qu'au final la personne qui s'occupe au quotidien d'un enfant, d'un malade ou d'un vieillard est bien la plus utile et celle qui compte le plus aux yeux du patient.
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M
Quel joli texte qui me met un peu de baume au cœur... en ce moment difficile où le chéri de ma fillette se bat si durement contre la maladie.... merci
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A
Jacques, vous devriez essayer pour l'automne prochain la permaculture. C'est idéal sur les terrains pauvres. Je ne me lance pas dans de grandes explications, vous trouverez tout cela sur internet. Bonnes expériences agricoles à vous !
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J
J'habite en ville, mais je sais l'existence des "jardins ouvriers". Il faudrait peut-être que je m'y mette et voir l'oeuvre de Dieu, produire ses fruits.
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N
Comme votre texte résonne fort aujourd'hui alors que j'ai appris hier qu'une très bonne amie de mes parents était malade... encore... une récidive de cette fichue maladie.<br /> <br /> Je souhaite de tout coeur que nous sachions voir la présence de Dieu dans tout cela, à nos côtés, dans ces epreuves... dans nos jardins, votre si belle métaphore de nos vies.<br /> <br /> <br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée
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