Le tour du monde...en quelques heures

La matinée avait été bien occupée, la soirée serait aussi prise et le colis n'arrivait pas qui m'obligerait à finir cet après-midi des travaux commencés La semaine dernière.

Un repas, une courte sieste et l'après-midi qui s'offrait à moi. A côté de moi, sur la table basse un livre qui va séjourner peu de temps chez moi. Une belle image de terre en vue depuis le pont d'un bateau dans ce qui doit être un soleil levant.

La cheminée brûle les quelques vieilles planches glanées ça et là qui alimentent le feu avant que je ne rentre du vrai bois de chauffage.
Elle, s'affaire à un nouveau logiciel de dessin et un nouvel outil de coupe avec lequel elle commence à faire des merveilles.
Le mistral souffle fort et maintient un ciel bleu. Les arbres ont encore leur dernières feuilles et il va vite falloir cueillir les olives.
Je lis la dernière de couverture du livre, je parcours les photos et lis leurs légendes. Et je me jette à l'eau.
Et me voilà parti pour un tour du monde en solitaire, observateur discret d'un homme qui mettra beaucoup de temps à faire le sien. Un temps mis à profit pour examiner une vie, des souffrances, des erreurs, des succès, des combats, des échecs.
Il est des hommes dont je suis (ils sont nombreux) dont la vie se déroule plutôt paisiblement, sans autres affrontements que ceux de leur âme et du monde, de leurs combats intérieurs. Tu en es peut-être toi qui me lit. Heureusement pour eux que le spectacle du monde qui leur sert de décor suffit à ce que Pascal appellerait leur "divertissement".
Il en est qui ont davantage besoin de se cogner aux murs, de s'affronter aux autres, de défier le vent, la mer ou la montagne. L'homme qui écrit son histoire est de ceux-là . Ces histoires portent des plaies qu'elles tentent de réparer et font aussi des dégâts parfois irrémédiables. Les chapitres qui racontent l'aventure extérieure de ce marin alternent avec ceux de son aventure intérieure sans que l'on puisse déterminer laquelle est la plus douloureuse et laquelle est la plus chargée de fruits.
Et je suis là immobile, calé dans mon canapé, sans autre ambition que de le suivre.
Miracle du livre, de ces mots qui se suivent et qui vous emportent partout.
J'ai terminé ce livre à l'aube de ce jour. Je suis fatigué d'avoir partagé avec lui ses épreuves. J'ai l'impression de les avoir vécues.
Hier soir, un autre mail m'attendait d'un autre voyageur du bout du monde qui m'a chauffé le coeur. Ma grande fille vivait un de ces jours où il semble ne rien se passer mais qui est d'importance : la validation d'une période d'essai.
Demain j'aurais d'autres nouvelles d'eux ou d'autres que j'aime. J'aurais reçu la pièce que j'attendais et qui me remettra à l'ouvrage.
Comme cet homme, et comme chacun, j'ai pansé des blessures d'enfance réelles ou supposées ( mais aussi douloureuses), j'ai moi-même blessé par mes maladresses ou mes atermoiements. J'ai mes remords ou mes regrets. J'ai pu pendant quelques heures les partager dans un monde invisible. Qui dira assez le bonheur de lire ?
Bonne journée ami lecteur, qui me fait ainsi l'honneur de partager un peu de ma vie.

Comments

[celestine T]

«J'ai moi-même blessé par mes maladresses ou mes atermoiements » dites-vous ...

Mais vous croyez au pardon, non, il me semble ? ;-)

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