Perspectives....

Les appareillages de briques tissent l'horizon et semblent vouloir démontrer je ne sais quelles étranges lois de perspectives.
Un homme est là qui marche, déjà bien avancé en âge. Il a le coeur léger car au bout de sa main une autre bien plus petite est là, en confiance, assurée aussi à sa droite par une main un peu plus grande.
Cet homme c'est moi et ces petites mains sont celles de mes deux petits-fils.
Je me dis qu'il n'est pas si loin le temps où les mains qui se tenaient à la mienne étaient celles de mes fils. L'un est aujourd'hui au bout du bout du monde dans un bateau voguant sur des mers difficiles vers un pôle ...bien trop au sud à mon goût. Le second est avec nous. Il est en phase de changement de métier. Il va rejoindre une autre aventure, d'intelligence, de calculs, de rêves et de paris dans une de ces start-up où l'audace a encore droit de cité.
J'ai pourtant l'impression d'avoir toujours le même âge qu'alors. Je ne me sens pas non plus très loin du temps où la petite main était la mienne et celles qui me tenaient étaient celles de mon père et de mon frère aîné.
Il en est ainsi du monde, cet éternel recommencement où chacun est pourtant si different de l'autre.
Je suis en vacances, un peu loin de la Provence, dans un pays du nord où terre, ciel, et mer se confondent parfois.
Je me sens un peu plus chez moi dans ce pays pas très loin de la Belgique de quelques uns de mes ancêtres. J'apprends peu à peu la langue que me parlais cette arrière-grand-mère déjà très âgée rencontrée dans un hospice, il y a bien longtemps. Elle avait un peu perdu la tête et ne parlait plus que le flamand de sa petite enfance. J'avais eu un peu peur...
Je viens de recevoir de très mauvaises nouvelles d'un beau-frère, devenu au cours des ans un peu ...un étranger. Il va très mal et les nouvelles m'inquiètent et je me sens proche et bien touché. C'est aussi çà de grandir : avoir de plus en plus souvent accès aux mauvaises nouvelles.
Et pourtant la vie suit son cours semblant trop peu se soucier de tout cela.
Noël garde heureusement ses couleurs de bonheur. J'ai découvert aujourd'hui un étrange antiquaire au bout d'un quai. Ici les intérieurs des maisons sont beaux, décorés avec soin. On sent que l'intérieur est important dans ce pays de brumes.
Nous avons déjeuné dans un restaurant de produits de mers, un ancien "fumoir d'anguilles "devenu au fil du temps restaurateur. On en est à la cinquième ou sixième génération.
Puis nous sommes rentrés. Demain nous irons visiter un de ces beaux musées de ces peintres qui furent aussi le renom de ces villes.
Mais c'est cette image qui s'impose à moi de ces petites mains confiantes dans les miennes.
Merci mon Dieu.
Et toi ami lecteur je te confie mes inquiétudes. Je veux aussi partager ces bonheurs.