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et pourquoi ne pas le dire ?
14 juin 2018

Lérins. Ile saint Honorat.

 

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Je reçois les photos de ce dernier week-end de mai, passé sur cette ile sainte.
Curieux mélange entre les flots des touristes venus pour quelques heures visiter cette ile construite autour d'un monastère et les heures de silence du petit matin lorsque l'île est déserte à l'exception des quelques hôtes de l'abbaye.
J'ai aimé cet endroit un peu extraordinaire, escale entre une Rome devenu centre de la religion et toutes les chrétientés naissantes de l'Europe. Nombreux sont les saints qui foulèrent avant moi ce sol imprégné d'histoire, et plus nombreux encore ceux qui comme moi, chrétiens ordinaires, sont venus déposer là, demandes, remerciements ou toute autre forme de prière.
L'âge qui avance ne donne pas beaucoup plus de réponses à toutes les questions qu'on se pose sur Vous, mon cher Dieu. La connaissance des méandres de notre religion, de son histoire, de ses choix ne nous éclaire pas davantage.
Nous sommes un petit groupe. Parmi nous un échantillon des expressions de notre foi. Il y a les très fidèles, les aveuglément fidèles, les fidèles "oui...mais", ceux qui doutent, ceux qui croient avoir perdu la foi. Il y a aussi entre nous une solide amitié, le joies et les peines partagées depuis un temps souvent long.
Et puis il y a la mer qui nous entoure. Il y a ces offices en français d'un chant plutôt inhabituel pour moi, plus habitué à la magie du grégorien, mais qui portent le poids de cette prière offerte depuis la nuit des temps. Mystère de ces hommes qui, après tant d'autres, et malgré les innombrables vicissitudes de l'histoire, des jalousies, des envies, des pillages, des révolutions et des reconstructions. L'un d'entre nous a, dans l'enclos des moines, un vieil oncle enterré. Il nous raconte ses vacances ici, enfant, quand des joyeuses bandes de cousins passaient là leurs vacances dans la proximité bienveillante du monastère.
Il y a le silence de la chapelle, les pins, les palmiers, la mer, les acanthes qui sont en fleur et toutes les autres belles plantes qui donnent à cet endroit un charme merveilleux.
Il y a aussi cet étrange tour, à la fois fort militaire et cloître protégé de la barbarie des hommes. Un étrange et pieux itinéraire où trois étages de galeries superposées semblent conduire nos pas et notre prière de la terre jusqu'au Ciel.
Bien sûr qu'il y a aussi, permanents, les bruit du monde, de la proche Côté d'Azur, de Cannes et de sa Croisette, des starlettes et des yachts de millionnaires.
Mais nous sommes là, comme protégés. Nous retrouvons pour certains des attitudes de pensionnaires, un petit goût d'enfance et de l'indiscipline. Nous apportons nos prières, nos peines, nos joies, nos souffrances, nos maladies, nos inquiétudes et nos espoirs. Un moine nous parlera de L'Église, et de la vie des moines et de notre monde qu'ils connaissent bien ...malgré l'éloignement.
Notre besace est lourde de ce que la vie nous fait porter mais tellement allégée par l'Espérance.
La Foi, l'Esperance, la Charité : des trois vertus théologales celle qui me manque le plus est certainement la Charité, cette capacité à aimer sans attente, sans contrainte qui transforme et illumine les deux premières.
Et il y a ce monastère, ces reconstructions de la fin du 19 ème siècle. Ces maisons et ces jardins rebâtis à l'ancienne avec un étrange mélange de naïveté et d'enthousiasme. J'aime le côté un peu kitsch de ces réalisations, dans un pays qui sortait tout juste de la haine révolutionnaire de Dieu et qui rêvait de se rebâtir chrétien. J'aime aussi les grands parcs arborés de cette époque où des jardiniers audacieux ont planté de si beaux jardins. Presque deux siècles plus tard les arbres sont devenus immenses, les allées bien ordonnées sont un peu envahies de végétation mais la structure est solide, les grandes allées bien travaillées leur donnent une assise extraordinaire. J'ai passé une partie de mon enfance dans une de ces propriétés ou j'ai appris à aimer ce style un peu étrange.
Je pourrai des heures entières, mon ami, te parler de cette île et ainsi repousser mon ouvrage et la journée qui m'attend.
Mais le mistral est là qui souffle et a ramené le soleil et fait briller de mille éclats le paysage devant moi.
Je vais donc, animé d'une ardeur nouvelle, m'atteler à mes taches quotidiennes et te souhaiter d'en faire de même. Non sans te dire que tu étais aussi présent avec tes intentions, dans ces prières, même si tu n'as pas de nom.
Passe une bonne journée.

 

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