Dans une enfance plutôt nomade où nous avons souvent déménagé en famille, j’enviais mes camarades sédentaires qui passaient leur vie au même endroit avec un réseau bien établi d’amis, de cousins, d’habitudes. Je pensais que c’était très confortable et sécurisant.
Pourtant lorsque nous installâmes notre propre famille, depuis longtemps dans le même village, il nous fallut pas mal de temps pour y trouver notre place : Mon travail était ailleurs et me faisait beaucoup me déplacer. Nous ne fréquentions pas les écoles du village pour offrir à nos enfants une scolarité qui nous paraissait plus conforme à nos convictions. La plupart de nos activités étaient a l’extérieur.
Assez tard, mais dès que je le pus, je décidai de m’intéresser davantage à la vie locale. Je participai même plusieurs années au conseil municipal et appris à connaître ce tissu local. J’y avais un certain plaisir et j’y serai encore si j’étais un peu plus docile à l’autorité quand je la juge inappropriée…mais là n’est pas le problème.
J’essayais d’être disponible pour des petits travaux de manutention ou de nettoyage à l’église. J’assurai une permanence de présence aussi. Et cet année j’acceptai de prendre la responsabilité d’une année de catéchisme. Ainsi, une heure par semaine, je me trouve face à sept petites têtes brunes ou blondes, qui écoutent avec sagesse et sérieux un monsieur de l’âge de leurs grands-pères leur expliquer du mieux qu’il peut une religion qu’il aime.
L’exercice n’est pas facile pour moi qui ne suis ni très savant, ni très pédagogue. Mais c’est une bonne école de patience et un exercice intéressant car quoi de plus exigeant que de trouver les moyens d’expliquer des notions qui semblent ancrées en soi mais difficile à formuler.
Je crois que c’est un des exercices auquel je me livre avec le plus grand soin. Je suis en effet catholique un peu comme monsieur Jourdain faisait de la prose…sans le savoir.
L’expérience nous aide à comprendre le peu d’impact que nous pouvons avoir individuellement sur la politique ou la vie collective en général mais je crois de plus en plus à ces petits gestes du quotidien, à ces petits services, à ces petits exemples. Je crois aussi de plus en plus que, sans perdre le bonheur de voyager, de travailler dans d’autres pays où dans d’autres régions, de connaître d’autres horizons, il y a une certaine sagesse à se recentrer sur la vie locale et à y prendre (ou y donner 😉) tout ce qu’il peut y avoir de bon. Cultiver son jardin, faire ces petites tâches, raconter à ses petits-enfants l’histoire de leur familles et de ce qui les a construit : tout cela me semble bon et utile.
En tous cas, c’est très doux.
Mais c’est justement mon heure de « garde » et je dois m’y préparer et, avant cela, je crois que je vais me faire un petit plaisir : aller prendre un café dans un petit salon de thé-épicerie fine qui s’est installé juste en face de l’église. Une initiative bien sympathique que je n’ai pas encore testée le matin.
Donc je te quitte, ami lecteur. Je te souhaite une bonne journée. Je t’embrasse.