Trissotin…

7 juin 2023

J’entendis il y a quelques jours, un journaliste comparer notre président à Trissotin. Trissotin est un personnage des « femmes savantes » de Molière. Comme beaucoup de mes contemporains je ne connais des « classiques » que quelques scènes étudiés autrefois et ressenties comme des pensums (pensa? 😉) au moment de nos études et je ne connaissais pas vraiment la pièce. Je décidai de la regarder. Je trouvai sur Internet une représentation datant de 1964 en noir et blanc, ce qui me préserverait de toute représentation extrapolée du texte.

Une heure et demie de pur bonheur. Un texte bien dit, des décors sommaires mais justes, des acteurs délicieux et surtout un texte magnifique, tellement drôle et terriblement juste à la fois.

Je pense qu’aujourd’hui cette pièce ne pourrait plus être jouée : on s’y moque des prétentions de femmes à devenir savantes, des pédants, des sots, des hommes sans courages, des querelles de prétendus intellos, de l’avidité dissimulée sous le manteau de l’intelligence. On y vante aussi le bon sens, la sagesse populaire, le conseil d’ami, la cour et la nécessité d’un gouvernement, la ruse bienfaisante au service du bien commun et plein d’autres choses. Le tout écrit avec génie dans une langue riche et précise au gré des vers qui donnent au texte un esprit et une saveur incomparable.

ELLE, s’est absentée pour de pieuses raisons (après avoir passé la soirée de lundi à jouer aux cartes avec un groupe bruyant et sympathiques d’amies délicieuses ). Je regardai le même soir un échantillon de ce que la télévision nous offre tous les jours : la pauvreté de notre monde politique, le verbiage de nos journalistes, l’incroyable médiocrité de nos séries, et la pauvreté des textes (pourtant servis par des acteurs que je trouve généralement assez bon).

Je rêvais d’un rare Moliere qui remplace tout ce qui se veut comique ou sage, tous les théâtreux prétentieux qui ne sont que les porte-paroles de gouvernants qui ne savent plus qui ils sont ni quelle mission est la leur et qui suivent, girouettes pitoyables, un « politiquement correct » dont on ne sait d’où il vient mais dont le simple bon sens d’une simple servante de Molière saurait nous faire comprendre que « cela n’est point bon, ni point beau ».

Je ne veux pas être nostalgique d’un passé peut être idéalisé. Je veux vivre au présent et peut-être encore exercer une petite influence sur ceux que j’aime. C’est peut-être pour cela qu’il faut plutôt rechercher dans nos classiques et quelques modernes les nécessaires maximes de sagesse qui nous aideront à marcher droit. Internet permet, au milieu de millions de publications stériles et délétères de trouver ces textes . Les boîtes à livres en offrent gratuitement aussi. Alors c’est certainement le moment de revenir à l’essentiel, de laisser tomber le superflu et de rechercher ce qui nous construit chaque jour : mon Dieu, ma famille, mes amis, mon village, mon clocher, mon jardin, mes livres….et de faire de tout cela l’âme de mon pays.

Pardonne-moi, ami lecteur, de ce billet un rien moralisateur…mais si on ne dit pas ça à ses amis…à qui le dira-t-on ? Je te souhaite une bonne journée. Je t’embrasse.

Posté par mrjacques à 08:50 - Commentaires […] - Permalien [#]