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et pourquoi ne pas le dire ?
5 mai 2011

Le jardin d'à côté

La maison était déjà belle, nichée en plein coeur d'un village de Provence. Adrienne leur avait vendu en leur disant qu'elle y avait été si heureuse, et qu'elle était heureuse que ce soit une famille qui s'y installa  à son tour. Adrienne était trop vieille. Son mari n'était plus avec lequel elle avait été trop heureuse peut-être. Ils s'y installèrent. Ils firent mille transformations, sans trop de sous, dans la tradition de cette petite maison de pauvres. Adrienne avait le coeur fendu lorsqu'elle voyait s'envoler ce qu'elle aimait. Un jour elle ne passa plus. Puis un jour Adrienne mourut. Parfois le bonheur des autres fait aussi le malheur des uns, malgré toute l'affection qu'on peut leur avoir.

Elle était belle cette maison millénaire et mille fois transformée. Une petite cour devant, une petite cour derrière, et face au sud un grand mur qui la séparait du soleil et faisait peser sur elle une ombre bien trop lourde, une trop grande fraîcheur.

Et derrière ce mur ?

Derrière ce mur, un terrain vague, l'ancienne réserve du charron du village, envahie depuis des dizaines d'années d'herbes et d'arbres poussés au travers des vieilles charrettes maintenant pourries. Des hangars, des détritus : un terrain perdu.

Mais la propriètaire ne vend pas. La maison de ses grands parents. Plein de souvenirs. Beaucoup d'argent aussi : pas besoin de ça.

Ils en avaient envie de ce terrain et de ces ruines. Mille fois il avait enjambé le mur et raconté à la famille émerveillée les "trésors" qu'elle contenait. Chaque année il renouvelait sans succès sa demande dans une lettre qu'il croyait habile...pas de réponse.

Ils avaient presque renoncé. Ils avaient même envisagé de vendre, mais personne ne voulait de leur maison sans terrain.

Et puis un jour. Un coup de fil. Un enfant décroche et ne comprend pas bien. Il faut rappeler mais on ne sait pas qui. Il s'agit de la maison. Des recherches. On finit par trouver l'interlocuteur. Et on entend : "Le terrain de ma mère vous intéresse, je crois. Je vais vous la vendre dites-moi un prix."

Et c'est ainsi que le soleil éclaira à nouveau cette maison.

Perdre l'éspérance, ce serait vraiment dommage après un si beau cadeau.

Envie de vous le dire et de vous raconter plus tard la fin de l'histoire...

Bonne nuit.

Ps : Merci à tous ceux et à toutes celles qui m'ont envoyé de si gentils petits mots. Ils ont éveillé ma curiosité et m'ont très souvent entraîné avec bonheur sur leurs propres pages. Découvrir la richesse des autres.

 

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Commentaires
B
J'ai hâte de découvrir la suite de l'histoire... quel joli plume!!
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V
je découvre ce blog, bienvenue dans la blogo 'sphère !
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L
penelope fut, penelope suis et penelope resterai une effroyable peste adorant semer la pagaie, surtout lors des confidences dites si sobrement du bout des lèvres.<br /> <br /> Jacques, des photos, même moches, moi, j'adore les vieilles pierres, je fais souvent des photos vilaines car je suis nulle, mais je le fais avec amour, c'est ça le truc, et si vous saviez ce que la moindre résurgence du passé fait naître comme émotion, chez moi, chez vous probablement et chez presque nous tous.<br /> <br /> J'ai bavé, des années, en passant près des ruines d'une ferme en pisé, le truc qui me faisait tilter? Une bassine en émail bleu, là tout le monde comprend, au milieu de ronces. <br /> <br /> Mon homme m'avait dit, trop vieille, trop abîmée, trop de ronces, deux ou trois années après je suis allée voir, chaussée de grandes bottes, il fallait pourtant que j'aille chez autrui, et chez moi, ça ne se fait pas.<br /> <br /> La bassine était au milieu d'un fourré de ronces, tellement abîmée que j'y renonçais, je songeais aussi à cette femme qui l'avait acheté,aux sacrifices que c'était, et à la fierté d'y être parvenue.<br /> <br /> Si j'avais une photo de cette bassine je la mettrai, la dernière fois que je suis passée on ne la voyait plus.Dommage. <br /> <br /> Un jour, mettez dans un rayon de soleil des photos de vos pierres, des ronces, des détritus même souvent une poésie s'élève, celle des vies dont le souvenir s'est perdu.<br /> <br /> A bientôt!
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E
J'aime beaucoup les histoires de vieilles maisons et vous racontez tellement bien la vôtre. J'attends donc impatiemment la suite. Je vous lis toujours avec plaisir chez Marion. Merci Jacques de le dire.
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H
L'attachement au lieu à la pierre . <br /> J'attends impatiemment de lire la suite de cette histoire , qui fait peut être de nous des voisins !
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et pourquoi ne pas le dire ?
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