S'il n'y avait que le temps qui passe...
...sans que le retard ne cesse de s'accroître. S'il n'y avait que ce trop de temps accordé au travail, maintenant, quand il veut bien être là, en essayant de faire bien, en tous cas de son mieux. S'il n'y avait que ces amis déçus parfois d'attendre et qui ne comprennent pas. S'il n'y avait que le temps qu'on ne trouve plus pour aller lire ou écrire sur les blogs. S'il n'y avait que la fatigue du soir et les nuits trop courtes. S'il n'y avait que cette impression de perdre son temps à ne pas le prendre avec ceux qu'on aime. S'il n'y avait que ce pays qui s'enfonce dans une histoire bien sombre et ce jeune garçon de vingt ans mis en prison pour n'être pas d'accord avec un gouvernement de pacotille et de honte. S'il n'y avait que cette crise qui semble embuer les esprits et engourdir les corps. S'il n'y avait que ce sentiment sourd et cruel de décevoir ceux que l'on aime. S'il n'y avait que cette foi qu'on ne trouve pas le temps d'exprimer dans la prière. S'il n'y avait que ces mots qui s'agitent et qui voudraient que l'on se serve d'eux. S'il n'y avait que le jardin et la maison qu'on aimerait embellir et qu'on laisse à l'abandon. S'il n'y avait que le trop peu de temps à réfléchir et surtout à rêver. S'il n'y avait que le sentiment parfois jaloux de ne savoir vraiment faire qu'une chose après l'autre. S'il n'y avait que ces jugements faciles de tout un peuple qui ne prend pas ses responsabilités et qui au nom de son petit confort tranquille laisse humilier la création et l'ordre des choses. S'il n'y avait que ce président de junte et ses sbires qui ne circulent plus sans des cohortes de voitures de polices pour ne pas entendre la voix de quelques manifestants.
Alors ce serait vraiment glauque et trop difficile. Alors on pourrait perdre l'espoir.
Mais il y a au dessus de ma tête le sentiment très fort qu'un Être dont je ne sais pas grand chose m'accompagne depuis avant et jusqu'après le temps. Mais il y a autour de moi la douce conjugaison des forces de ceux que j'aime et qui m'aiment et leurs efforts conjugués pour vaincre cette lourdeur. Mais il y a bientôt un petit garçon qu'on baptise, et une semaine de vacances au plus frais, au bord d'une autre mer. Mais il y a ces maisons qu'on me donne à embellir et cette liste d'amis qui grandit sans cesse. Mais il y a ces gens de peu, ces gens rencontrès, ces gens dont on ne connaît pas l'histoire mais qui sont là, simplement, en prochains, en santons, en passants. Mais il y a tout ceux d'avant et d'après dont on sait qu'on est ou qu'on peut être quelque chose dans le coeur et dans la mémoire. Mais il y a ces projets qu'on construit pour ceux qu'on aime. Mais il y a aussi ce plancher qui se fait et qui permettra l'accueil de quelques meubles, quelques livres, d'un déménagement. Mais il y aussi les milles clins d'oeils du temps, les obstacles vaincus, les choses qui s'arrangent, le Ventoux qui domine la région de son ombre, la vigne qui pousse fort et l'ombre du mûrier qui protège à la sieste. Mais il y aussi les histoires des amis qui s'arrangent. Mais il y a ces milles bébés amis qui naissent et la force de nos familles pour la vie qui donnent à croire qu'un jour ce sera nous le nombre. Mais il y a la mer qui fait rêver, la montagne qui appelle, le ciel plein d'étoiles et l'envie que tout s'apaise. Mais il y a deux princesses, un petit prince, des enfants qui passent et qui vont et qui viennent amenant leurs amis aec eux.
Et tout ça qui permet en ce matin de lassitude de se dire qu'aujourd'hui encore on mettra un pied après l'autre de chaque côté d'un grand sillon qui traçe une très belle ligne....et que ce sera bien !
Mais c'est parfois un peu dur !